40 foyers de grippe aviaire dans le Lot
Éleveurs comme professionnels du secteur sont inquiets, ils vont avoir du mal à renouveler les élevages. La pénurie de magrets et de foies gras menace nos restaurateurs cet été.
Du jamais vu dans la profession. Tous les jours la réponse est presque la même : « il n’y a plus de magrets en stock, impossible d’en livrer ». Depuis plusieurs semaines, certains restaurateurs se heurtent à des fournisseurs désemparés. Les conséquences de la crise de la grippe aviaire commencent donc à se ressentir jusque dans nos assiettes. Et la situation n’est pas près de s’améliorer préviennent les professionnels du secteur, la pénurie va s’intensifier cet été avec la saison touristique et la forte demande. Les vacanciers risquent de grincer des dents, eux qui viennent aussi dans le Lot pour nos produits locaux et notre cher canard.
Des élevages de canetons décimés
Aujourd’hui, 40 élevages sont touchés par la grippe aviaire dans notre département selon les derniers chiffres du gouvernement au 26 avril. « Même si la vitesse de contamination a diminué dans le Lot et que le virus évolue surtout dans les autres départements comme la Dordogne, on n’a pas encore eu de périodes significatives sans le moindre cas. Le virus est très contagieux et volatil. Le vent permanent de ces dernières semaines a donc été un des éléments accélérateurs de l’épidémie. Sans les mesures de protection et de confinement, la situation aurait été bien pire. L’épidémie touchant beaucoup de départements, il y a une pénurie de canards. Toute la production sera décalée” soutient Alain Lafragette, président de la FDSEA 46 et vice-président à la Chambre d’agriculture. Pour rappel, la consommation de viande, foie gras et œufs, et plus généralement de tout produit alimentaire à base de volailles, ne présente aucun risque pour la santé humaine.
Une pénurie de canards qui s’explique par le manque de canetons dont la majorité vient de Vendée, avec 532 foyers, c’est actuellement le département le plus touché en France. « Ce sont des dizaines de millions de volailles qui ont été abattues, des troupeaux de canards reproducteurs décimés. C’est énorme. C’est plus de la moitié de notre production nationale qui est touchée. La situation n’a jamais été aussi grave » avoue Gilles Lemoine, directeur commercial et marketing de la Quercynoise.
Face à cette crise inédite, La Quercynoise, qui représente 80 % de la production lotoise et gère la filière canard du début à la fin, des éleveurs aux produits finis, va d’ailleurs mettre la moitié de ses salariés au chômage technique et fermer d’août à mi-septembre. « Il va falloir attendre 26 semaines, le temps de régénérer les reproducteurs. Jusqu’à la fin de l’année, ça va être compliqué d’avoir des canetons »
Pénurie de foies gras et de magrets
Il faut donc s’attendre à une pénurie de foies gras, de confits et de magrets dès cet été. « Il faut s’attendre à une baisse de 30 à 50 % de ces produits sur le marché. C’est une grosse crise qui s’ajoute à celle de l’année dernière. On démarre déjà avec des stocks vides. En 2021, on a vendu 12 mille tonnes de foie gras » explique Gilles Lemoine. Le professionnel confirme qu’il y aura une hausse des prix de 20 à 25 % mais surtout dû à l’explosion des coûts des céréales et de l’énergie. Une hausse estimée à 2,60 euros par canard. « Le choix dans les rayons sera forcément réduit à Noël. Il faudra anticiper ses achats. Mais le prix du foie gras va rester raisonnable, ce sera toujours moins cher que les huîtres ! » sourit Gilles Lemoine.
La situation dans le Lot
Conformément aux règles de gestion sanitaire, les foyers en élevage ont été dépeuplés et désinfectés. Trois désinfections successives seront effectuées dans les foyers confirmés. Par mesure de prévention, quelques élevages ont également été dépeuplés. Au total, 226 000 animaux sont concernés.
Afin de maîtriser le risque de diffusion du virus, le préfet du Lot a défini des zones de protection (3 km) et zones de surveillance (10 km) autour de ces foyers. Une zone réglementée supplémentaire de 20 km a été définie dans la zone ouest du Lot. Plus de 200 communes, principalement situées dans le nord et l’est du département, sont concernées par les mesures de protection mises en œuvre dans ces zones.
Les mouvements de volailles sont interdits et des mesures sanitaires strictes doivent être observées. Les services de l’État, en lien avec les professionnels du secteur, restent vigilants, quant à l’évolution de la situation locale, et veilleront à la mise en œuvre des mesures sanitaires nécessaires, et à leur stricte application. Il est rappelé que la mise à l’abri des animaux est obligatoire depuis le 5 novembre, après le placement de l’ensemble du territoire métropolitain en risque « élevé » au regard de la progression
rapide du virus de l’influenza aviaire.
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