A Cahors, les Jardins du Cœur
Sur les berges du Lot quartier de Bégoux à Cahors, les Jardins du Cœur permettent à 12 personnes de se réinsérer en mettant littéralement les mains dans la terre pour cultiver des légumes distribués ensuite auprès de bénéficiaires des Restos du Cœur.
Sur une parcelle d’un hectare, dans la plaine au bord du Lot au niveau de La Bouriette à Bégoux, les Jardins du Cœur œuvrent à la réinsertion de personnes en rupture avec le monde du travail, et permettent par la même occasion d’apporter un plus aux bénéficiaires des Restos. Là, 8 876 m2 sont cultivés et produisent concombres, melons, physalis (aussi appelé amour-en-cage), aubergines, pâtissons, courgettes, tomates, tomates cerises, oignons, carottes, blettes, betteraves, haricots verts ou rames, salades, fenouils, poireaux, potirons, basilic, pastèques, pommes de terre, ou encore rhubarbe. Et aussi beaucoup de fleurs, qui servent d’auxiliaires de culture pour attirer les insectes pollinisateurs.
Cultures très raisonnées
Une diversité de produits qui contraste cette année avec les années précédentes où seuls poireaux et carottes étaient cultivés. Cette petite révolution n’est pas sans lien avec l’arrivée en décembre dernier de Stéphane Pérez, encadrant technique d’insertion, qui s’est très vite débarrassé de tous les produits phytosanitaires (engrais et désherbants chimiques) pour laisser libre cours à de l’agro-écologie.
Ainsi, si les Jardins du Cœur ne peuvent pas se prévaloir du label bio, ils font une utilisation très raisonnée de la terre et des cultures. De plus, cette multitude d’espèces cultivées permet d’offrir un large panel de légumes aux bénéficiaires des Restos du Cœur, et qui plus est de grande qualité, car cultivés sans pesticides.
« Il est très important d’avoir un apport en légumes frais et de bonne qualité pour les bénéficiaires », souligne Mathias Lucas, responsable des Restos du Cœur dans le Lot. Grâce à eux, ce sont tous les centres des Restos du Lot qui sont approvisionnés.
Pour ce faire, les Jardins se sont dotés d’un matériel plus performant, avec une serre équipée d’une couverture chauffée pour faire des semis précoces et des plaques de semis. Cela permet aux salariés de faire leurs propres semis, ce qui ne se faisait pas avant. Les Jardins ont aussi un tracteur, et ils sont aidés par des voisins maraîchers pour le prêt de matériel et bénéficient de donations de matériel et bien sûr des subventions du Conseil départemental et de l’Europe.
L’an dernier, plus de 7 tonnes de carottes et poireaux ont été récoltées. Cette année, avec la diversification des cultures, le rendement devrait être tout autre. Ils s’attendent notamment à plus de trois tonnes de pommes de terre.
Chantier de réinsertion
Mais avant tout, les Jardins du Cœur sont un chantier de réinsertion. Les salariés qui s’y succèdent sont là pour renouer avec le monde du travail et construire un projet professionnel. Ils bénéficient de CDD de 20 h, payé au Smic horaire, renouvelables jusqu’à 2 ans. Après un premier contrat de 4 mois pour renouer avec le monde du travail, les renouvellements se font au cas par cas, en fonction de l’avancement du projet professionnel. Le travail n’y est pas forcément facile, il faut travailler dans le froid en hiver, sous la chaleur en été, mais cela permet de reprendre un rythme, de renouer avec les contraintes que rencontrent les travailleurs.
Retour vers le travail
Valérie Amat, conseillère en insertion professionnelle, les accompagne tous les matins afin de les motiver et de les suivre dans la mise en place d’un véritable projet professionnel pour la suite. Car les Jardins du Cœur ne sont pas une fin en soi, mais une étape vers un retour à l’emploi pérenne. « Ils ont foncièrement envie de s’en sortir mais n’ont pas les clés. Nous, on leur donne ces clés, on ne travaille pas à la place des autres intervenants sociaux mais on leur apporte les techniques de retour à l’emploi, réalisation d’un projet, d’un CV, d’une lettre de motivation, d’un entretien avec un employeur… » explique Valérie Amat. D’autant que les obstacles sont parfois importants, les populations concernées étant souvent des jeunes n’ayant jamais travaillé et sans diplômes, des adultes avec très peu de qualification ou encore des addictions à gérer. Le frein essentiel pour eux restant le manque de mobilité.
50 % des personnes qui passent par les Jardins du Cœur finissent soit par retrouver un emploi, soit par trouver des formations qualifiantes. « C’est très bien au vu du public accueilli, car nous prenons les gens les plus éloignés de l’emploi », poursuit Valérie Amat.
Reste que pour pouvoir travailler aux Jardins du cœur, il ne faut pas s’y présenter spontanément mais être orienté par des structures d’aide à l’emploi comme la Mission Locale, Pôle Emploi ou encore Cap Emploi.
Aujourd’hui, les Jardins aimeraient bénéficier de plus de surface, non pas pour produire plus de légumes pour les bénéficiaires, même si c’est un plus non négligeable, mais bel et bien pour pouvoir augmenter le nombre d’heures des salariés pour qu’ils arrivent à toucher un Smic complet et se rendent compte qu’il est possible de vivre avec les fruits de son travail.
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