A Montcuq, ils s’opposent au projet de ferme agri-photovoltaïque
Le vendredi 1er avril 2022, alors que l’enquête publique sur le projet de ferme agri-photovoltaïque, sur les hauteurs de Lebreil (commune de Montcuq-en-Quercy-Blanc) dans le Lot est en cours, l’association quercynoise Environnement Juste, associée à la Confédération Paysanne et à France Nature Environnement, organisait une réunion publique, à Montcuq, pour expliquer le projet et les raisons de leur opposition, ce devant plus d’une centaine de personnes.
« Un gigantesque projet industriel, sur des terres agricoles »
Ils présentent ce projet, conduit par Photosol, entreprise privée, comme un « gigantesque projet industriel, sur des terres agricoles ». Tim Abady, administrateur d’Environnement Juste, a fait une présentation détaillée, avec diaporama à l’appui. À côté de ce projet, il y a d’autres projets photovoltaïques en préparation, dans le secteur, de 57 ha à Bourg-de-Visa, de 70 ha à Bouloc ou de 40 ha à Lauzerte.
Le projet, à Montcuq-en-Quercy-Blanc, sur les hauteurs de Lebreil, d’une superficie globale de 84,99 ha, soit plus d’une centaine de terrains de rugby, est en fait trois projets, Montcuq 1 de 13,6 ha, Montcuq 2 de 20,12 ha, qui passe au chemin rural de Bouloc à Belmontet, et Montcuq 3 de 51,27 ha, ce dernier nécessitant de dévier le chemin rural, dit « de Lauzerte à Lastours ».
La société Photosol viendra présenter le projet de ferme agri-photovoltaïque en réunion publique ce vendredi 8 avril 2022, à 20h, à l’espace d’animations de Montcuq.
205 km de panneaux solaires
Les panneaux photovoltaïques, au sol, seront d’une hauteur de 1m à 3m12. Les tables bi-pieux de 72 panneaux seront de 30 m de long et de 6 m de large. Mis bout à bout, les tables des 3 projets représenteraient une distance de 53 km, et les panneaux de 205 km.
Des terres non rentables ?
Suivant la doctrine de la région, un terrain qui a fait l’objet de subventions publiques, au cours des 5 dernières années, ne peut pas faire l’objet d’installation de panneaux photovoltaïques. M. de Deken, de la société Photosol, dans une interview à France Bleu, donnée en 2020, présente les terres où devrait s’installer le projet, comme non rentables, avec un risque pour l’exploitation de disparaître, d’ici un à deux ans. Or, dans l’étude d’impact, comme l’a montré M. Abady, il est indiqué que le site était valorisé par des cultures céréalières, en 2017.
L’association « Environnement Juste » ne souhaite pas d’artificialisation des terres. Le but premier des terres est de nourrir, surtout en cette période de crise, en lien avec la guerre en Ukraine. Le projet prévoit l’installation d’un jeune agriculteur, avec un cheptel de 251 ovins. D’après l’association, ce jeune est déjà installé, depuis ce mois de mars 2022 (bien que son nom ait été cité lors de la réunion publique, son anonymat reste ici préservé NDLR). Pour compenser la faible marge, générée par son activité d’éleveur ovin, la société Photosol lui verserait plusieurs dizaines de milliers d’euros par an pour entretenir le site. Photosol lui financerait les travaux de sol, les clôtures mobiles, le chien de berger.
Destruction d’espèces protégées
Ce projet, qui prévoit aussi l’implantation de 300 ruches, aurait un impact, d’après Environnement Juste, sur 7 espèces animales protégées, comme le bruant ortolan, avec notamment la destruction de leur habitat naturel.
Environnement Juste, comme l’a rappelé Tim Abady, appelle à lutter contre le changement climatique, en réduisant nos consommations d’énergie. Il entend privilégier le photovoltaïque, plutôt sur des zones délaissées, des toitures, des bâtiments agricoles… L’association souhaite encourager des initiatives locales, comme un terrain de pétanque couvert de panneaux photovoltaïques. Selon Tim Abady, la seule énergie verte est celle qu’on ne consomme pas.
Les autres associations interviennent
Christian Rossi, de la Confédération Paysanne du Lot, ne souhaite pas d’artificialisation des sols, que cela soit au travers de projet de bio-méthane ou de photovoltaïque.
Anne Godin a lu une contribution de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), qui émet un avis défavorable au projet, qui serait « surdimensionné ». La meilleure façon de diminuer notre empreinte énergétique serait d’être plus sobre, d’après la LPO.
Georges Winter, de France Nature Environnement Midi-Pyrénées pense qu’il est important de se réapproprier les produits de base, l’eau, la nourriture, pour l’être humain.
Johan Vacandare, adjoint au Maire de Cahors, candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV) aux législatives, s’est dit effaré de voir comment on peut penser l’artificialisation de terres arables. Pour lui, les énergies renouvelables doivent nous faire prendre conscience de la nécessité de la réduction d’énergies, sans nuire à l’agriculture. Des projets à taille humaine de développement d’énergies renouvelables se font jour, dans le Lot. Il les a cités en exemple. C’est le cas de la coopérative Céléwatt, qui a créé un parc photovoltaïque, sur une zone dégradée, à Brengues, en vue de répondre aux besoins énergétiques locaux, pour la consommation du village, soit pour 90 familles. À Villesèque, une ancienne carrière a été mise à disposition d’Enercoop, pour un groupe photovoltaïque, sur une petite surface, correspondant à la consommation locale. D’autres projets devraient voir le jour dans le Grand Cahors, ou à Lacapelle-Cabanac.
Des échanges ont eu lieu avec la salle, où des personnes ont mis en évidence d’autres problématiques, comme l’acheminement des panneaux photovoltaïques, jusqu’aux sites, sur nos petites routes, les clôtures entourant des chemins de randonnée…
Le maire délégué de Ste-Alauzie (commune de Castelnau Montratier-Ste Alauzie) Bernard Resseguier a commencé de poser la question, avant d’être interrompu, sur la réflexion de la nécessité de panneaux photovoltaïques, en notre région, afin de répondre à la demande d’électricité, notamment face à l’essor des véhicules électriques. En sa commune, sur les friches où devaient être implantées des éoliennes (projet auquel il s’était opposé, aux côtés d’Environnement Juste), il envisage d’y implanter des panneaux.
L’enquête publique prolongée
L’association Environnement Juste a permis de prolonger l’enquête publique de 2 semaines supplémentaires, soit jusqu’au 22 avril 2022, à la mairie de Montcuq-en-Quercy-Blanc. Tim Abady demande au plus grand nombre de participer à cette enquête, où chacun peut être reçu par le commissaire enquêteur Hubert Calmels, à la mairie où il sera présent ce vendredi 8 avril, de 14 h à 17 h, ainsi que le 22 avril de 14 h à 17 h (clôture de l’enquête), ou en visio sur demande, le jeudi 21 avril, de 16 h à 20 h. Chacun peut aussi contribuer, à la mairie, ou sur Internet, via le site dédié « www.registre-numerique.fr/ photovoltaique-montcuq- photosol ».
Tim Abady, Environnement Juste, ainsi que les associations partenaires, espèrent que leurs arguments pour la préservation des paysages, contre l’artificialisation des terres agricoles, seront entendus par le commissaire enquêteur, puis par le Préfet.
Plus d’infos sur www.environnement-juste.org
DIDIER QUET Actulot.fr
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