Abbatiale Sainte Marie de Souillac

Lorsque les bénédictins s’installent dans la plaine de Souillès – ainsi nommée d’un mot local « souilh » signifiant lieu boueux et marécageux -, ils remplacent une communauté fondée, d’après la tradition, par saint-Éloi. Les moines assèchent sans relâche et transforment le marécage en un riche domaine. Plusieurs fois ruinée et saccagée pendant la guerre de Cent Ans, l’abbaye se relève grâce à la ténacité des abbés, mais les guerres de Religion lui causent des dommages encore plus grands. Reconstruite au XVe siècle, et rattachée alors à la Congrégation de Saint-Maur, l’abbaye cesse d’exister à la Révolution, ses bâtiments étant transformés en magasin des tabacs.

L’église remonte au XIIe siècle et s’apparente aux édifices de style byzantin tels que Périgueux avec la cathédrale Saint-Front et Cahors avec la cathédrale Saint-Étienne en connaissent, mais elle est plus évoluée dans ses formes, plus légère dans son élévation. De l’extérieur on admire un ravissant chevet aux absidioles pentagonales, et une étonnante tour. Le transept est particulièrement important, tandis que le chœur, polygonal, s’ouvre sur plusieurs chapelles.

À l’intérieur, des reliefs proviennent du projet avorté d’un grand porche occidental qui aurait dû ressembler à celui de Moissac et qui ne fut jamais réalisé. Ils présentent sur trois registres la légende de Théophile, qui vendit son âme au diable et la préparation au sacrifice d’Isaac. À droite (en regardant le portail), on observe le très curieux « pilier de Souillac », enchevêtrement impressionnant de monstres, à la finalité indéfinie faute de documents. Du même côté, on remarque la prodigieuse figure du prophète Isaïe, chef-d’œuvre de l’ensemble, et qui devrait être considérée comme une œuvre marquante de la sculpture mondiale

L’église conserve des objets d’art de différentes époques et provenances. Il faut particulièrement noter sur la paroi nord, un tableau d’Eustache Le Sueur, un curieux et remarquable polyptyque de tradition médiévale datable au plus tôt de la première moitié du XVIIe s. et surtout une œuvre majeure de Théodore Chassériau, Le Christ au Jardin des Oliviers (1844). Un éclairage et une mise en valeur de ce tableau de grande qualité sont prévus dans un délai rapide.

L’abbatiale possède aussi les restes d’un retable baroque, consistant en un tableau en bas-relief représentant Dieu le père bénissant, conservé dans l’antichambre de l’orgue. Probablement placé dans le registre supérieur d’un retable et surplombant la grande Crucifixion exposée dans la nef, ce bas-relief en bois doré et polychrome est apparenté stylistiquement aux œuvres de la famille Tournié de Gourdon.

Comparons ces tympans romans

tympan de la cathédrale St Etienne à Cahors
Tympan de l’abbaye St Pierre à Moissac
Tympan de l’abbaye St Pierre à Beaulieu en Corrèze
tympan de St sernin à Toutouse
Le portail intérieur, joyau de l’art roman.
Tympan de Ste Marie à Souillac

Un projet de restauration est en cours, voulez vous y participer?

La précédente municipalité de Jean-Michel Sanfourche a sollicité le concours de la Drac qui a réalisé un diagnostic complet de l’édifice. Le verdict est tombé : stabilisation des contreforts, reprise des coupoles et rénovation du portail, sauvegarde des peintures et sculptures, restauration du mobilier. L’ampleur et le coût des travaux à réaliser excédaient les capacités de L’association des Amis d’Alain Chastagnol qui a déclenché le projet. Il convenait de mobiliser des partenaires publics et privés sur ce grand projet patrimonial.

Quelle est l’ampleur des travaux à réaliser ?

La Drac a chiffré les travaux, tous corps d’état, à plus de 2,6 millions d’euros. Ces travaux vont se dérouler en quatre phases.

2021 est marquée par ce beau succès de la sélection du monument par la Mission du patrimoine de Stéphane Bern.

Ce fut une heureuse surprise, fruit d’une approche collective. Grâce au travail des services de la municipalité de Gilles Liébus, à l’appui des élus, au soutien décisif de la Fondation du patrimoine et à notre détermination, le dossier a été retenu par la mission de Stéphane Bern. La bonne nouvelle est tombée le lundi de Pâques.

La campagne de mécénat est ouverte pour les particuliers et les entreprises. Rappelons que les dons ouvrent droit à un crédit d’impôt de 66 % du don.

Contacts : carolle@ctpdecorativearts.com ; mazets@wanadoo.fr ; mairie de Souillac.

J-C. Chastanet La Dépêche