Abstention : défaillance citoyenne ou expression démocratique ?

La démocratie va mal et les raisons en  sont désormais bien identifiées : défiance à l’égard des politiques, sentiment d’être mal représenté, poids des intérêts privés dans la décision politique…

Le baromètre de la confiance politique réalisé par le CEVIPOF de janvier 2022 est parlant.

Mais avec un vote intermittent qui se développe, une abstention très présente régulièrement depuis un certain nombre d’année, ne peut-on dire que les électeurs qui votent réellement ne constituent plus un échantillon représentatif des citoyens ?

Les sondages d’opinion ne font que restituer les représentations politiques et sociales d’un ensemble de citoyens dont seule une partie décide d’aller voter.

Ce seraient bien les élections qui ne seraient plus représentatives. La démocratie a été de facto confisquée par des citoyens âgés, diplômés et disposant d’un certain patrimoine.

Si l’on ne vote pas ce n’est pas parce que le résultat est mauvais, c’est parce que l’on n’a pas ou plus confiance dans les informations ou les mécanismes restituant ce résultat : tout ce qui est officiel est faux, la vérité est ailleurs

Si on ne vote pas ce n’est pas parce que le maire est un notable, que tel candidat à l’élection présidentielle est un haut fonctionnaire ou que les premiers de telle liste aux régionales sont des anciens militants ayant cumulé dans le temps de nombreux mandats. C’est parce que l’on pense que « ces gens-là » vivent dans un autre monde, trop éloigné des vicissitudes et des contraintes du quotidien, et s’avèrent incapables d’avoir une emprise sur le réel.

L’abstention n’est pas dictée par le désintérêt à l’égard du politique. Les enquêtes montrent que les trois quarts des personnes interrogées s’y intéressent de près ou de loin.

L’abstention est devenue contestataire, rejetant des mécanismes de représentation considérée comme inefficaces pour changer la vie de tous les jours.

Et pourtant, les français restent dans l’ensemble attachés aux institutions politiques et aux rouages de la démocratie représentative et considèrent  qu’il est extrêmement important que les gens votent régulièrement aux élections pour assurer le bon fonctionnement de la démocratie.

Ainsi ce désengagement ne remet pas en cause l’attachement aux principes mêmes de la démocratie

Si 39 % des enquêtés pensent qu’une bonne façon de gouverner est d’avoir un pouvoir fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ou des élections, plus de deux tiers des personnes interrogées estiment, que le système politique fonctionnerait mieux si les citoyens étaient davantage associés aux grandes décisions politiques.

Avoir voix au chapitre, et pas seulement au moment des élections. L’engagement direct du peuple dans la décision publique pourrait redonner du souffle au système représentatif.

(à suivre toutes les semaines dans le blog Bourian… la participation)

Sources : conseil-constitutionnel.frsciencespo.archives-ouvertes.fr