Accidents de la route dans le Lot: déjà 45 blessés et 6 morts en 4 mois, …
Les autorités locales, les forces de l’ordre et de sécurité. Tous ont été réunis par le préfet du Lot hier pour faire un point d’étape sur l’accidentologie routière dans le Lot.
Les autorités départementales ont beau tordre les statistiques de l’accidentologie et de ses causes dans tous les sens, l’unique constat qui ressort est une hausse de l’insécurité routière dans le Lot. C’est ce qu’a tenu à rappeler Jérôme Filippini, hier, lors d’une réunion à la préfecture. Comme l’a souligné le préfet du Lot, la conséquence se traduit inévitablement par une hausse des victimes sur nos routes depuis le début de l’année. «À fin avril, nous atteignons déjà 39 accidents, un nombre relevé l’an dernier à fin juillet seulement. Hélas, poursuivait-il, on constate aussi une forte hausse des blessés, 45 en 4 mois, et malheureusement 6 morts… Six morts de trop, car c’est une perte inacceptable !». En 2018, le Lot totalisait 9 tués.
La vitesse bien sûr est montrée du doigt, notamment sur la période récente où les services de gendarmerie ont relevé des infractions à la limitation conséquentes : 168 km/h et 146km/h sur la RD 802, au lieu des 80 autorisés. Autre record, le Lot se place à la première position nationale pour le nombre d’infractions à la vitesse rapporté au nombre d’habitants.
Gare à l’inattention au volant
Mais elle n’est pas la seule cause. Il y a l’alcoolémie toujours, ou encore l’inattention pour cause de téléphone, GPS ou équipement divers manipulés au volant, et les stupéfiants.
«De façon solennelle, je veux dire à nos concitoyens que celui qui boit ne conduit pas, que celui qui conduit n’a pas bu, martelait-il. Mais si cela, on le sait pour l’alcool c’est tout aussi vrai pour les stupéfiants. S’il y a consommation de stupéfiant, il ne doit pas y avoir de conduite».
L’occasion pour le colonel Dany Drouet, commandant du groupement de gendarmerie du Lot, de rappeler que «ces substances restent actives plusieurs jours durant, contrairement à l’alcool dont le taux commence à chuter deux heures après la consommation.»
Comme l’ont précisé les différents partenaires autour de la table, hier, Police, Gendarmerie, conseil départemental, etc., 25% des accidents corporels, et 15% des accidents mortels impliquent un conducteur sous emprise de l’alcool. Pour ce qui est des stupéfiants, ce sont 12% des accidents corporels et 16% des mortels. Depuis quelques mois le Lot observe une augmentation significative de l’accidentalité liée à ces deux causes.
L’assemblée générale de la Ligue Contre la Violence Routière du Lot s’est déroulée ce vendredi 17 mai dans un contexte particulier, à savoir le lendemain de l’annonce par le préfet du Lot des mauvais résultats de la sécurité routière pour le département sur ce début d’année. Dans le même temps, le gouvernement annonçait des perspectives d’assouplissement de la mesure du 80 km/h. Dans son rapport moral, Pierre Lagache, président de l’association, a brossé le décor d’une situation qu’il juge très inquiétante pour la sécurité sur nos routes : « Progressivement, depuis des mois, une violence s’est installée, celle qui consiste à contester les règles, à les bafouer ou pire encore, à s’attaquer aux hommes et aux dispositifs qui sont pourtant chargés de nous protéger. Une forme d’impunité s’installe. Certaines voix dénoncent, mais beaucoup d’autres nient la réalité. La destruction des radars n’aurait aucun impact sur le relâchement des conducteurs. La colère face à la mesure du 80 km/h serait compréhensible, voire légitime. Ce drôle de climat n’est pas sans conséquences : depuis ce début d’année, nous comptons davantage de morts sur nos routes. »
La Ligue Contre la Violence Routière intervient dans différents registres : l’accueil et l’accompagnements des victimes de la routes, la sensibilisation à la sécurité routière et agit auprès des pouvoirs publics pour que les bonnes décisions soient prises pour améliorer la sécurité sur nos routes. « Nous sommes souvent caricaturés comme une association « anti- voiture et favorable au tout répressif. En réalité, notre principale action porte sur la pédagogie. En 2018 nous sommes intervenus bénévolement auprès de 450 personnes et principalement des jeunes. Nous abordons avec eux le sujet d’une route citoyenne, pour qu’ils prennent conscience que la route est d’abord un espace partagé et non un espace de liberté, que le respect des règles et des autres est un élément clé pour la sécurité. Le message passe plutôt bien et nous sommes souvent surpris par la maturité de la plupart des jeunes » constate Pierre Lagache.
L’assouplissement de la mesure du 80 km/h, qui est au cœur de l’actualité a été un élément central de l’assemblée générale. L’inquiétude est grande chez les membres de l’Association. « Nous sommes très inquiets. Plutôt qu’assouplissement je parlerai plutôt d’un affaiblissement de la mesure » précise son président et de dresser un constat : « La courte période de mise en application de la mesure du 80 km/h, de juillet à novembre, à l’issue de laquelle les destructions de radars se sont amorcées, a permis de démonter deux choses. Tout d’abord que l’impact de la mesure avait un impact très négligeable sur les temps de déplacements, alors que certains nous promettaient le pire pour les territoires ruraux ! Le second enseignement est l’impact bénéfique pour la sécurité routière puisqu’on a enfin observé une inversion de tendance avec une baisse des accidents sur les routes concernées par le 80 km/h. A partir du moment où le climat d’insurection a conduit à la destruction des deux tiers des radars, le comportement des automobilistes s’est relâché, et la tendance est repartie à la hausse pour le nombre de morts sur les routes. »
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Sur le rôle des Départements qui pourraient assumer la responsabilité d’identifier les routes qui reviendraient à 90 km/h, la position de la Ligue Contre la Violence Routière est très claire : « Nous avons toujours pensé que l’Etat était dans son rôle quand il a porté cette mesure sur le 80 km/h. C’est un domaine régalien et c’est ce qui doit garantir une logique uniforme sur tout le territoire national. Les présidents de Département qui demandaient hier qu’on leur confie le choix des routes qui pourraient être concernées par le 80 km/h veulent toujours faire les choix mais demandent à l’Etat d’en porter la responsabilité par un arbitrage du préfet. C’est un peu facile et surtout cela interroge sur la confiance qu’ils ont dans leurs décisions ! Ils ont sans doute, depuis, un peu réfléchi et considéré que leur responsabilité pourrait être juridiquement engagée pour des accidents qui se produiraient sur des routes ramenées à 90 km/h. Sur ce point ils ont raison. Notre association, et d’autres, saura saisir la justice en cas de besoin. Nous espérons donc vivement que les Départements choisissent une voie raisonnable et responsable, celle d’aller au bout de l’expérimentation en juillet 2020. »
Après avoir œuvré depuis près de cinq ans en faveur de la mesure du 80 km/h, en s’appuyant sur l’avis des experts qui évaluent à environ 350 à 400 le nombre de vies sauvées par an, La LCVR est déterminée. Pierre Lagache annonce qu’il ne lâchera rien et pourquoi : « En m’engageant il y a quelques années au service de la cause de la sécurité routière, je n’imaginais pas à quel point servir cet objectif serait un combat. Les dernières reculades sur la mesure du 80 km/h illustrent la dureté de ce combat. Ces régressions pourraient nous décourager. Mais il n’en sera rien. L’enjeu est trop important. Des centaines, et à terme des milliers de vies, sont en jeu ! Pour cette raison nous ne pouvons pas être complaisants avec ceux qui prendraient de mauvaises décisions. Nous allons faire front : en expliquant, toujours et encore, en rappelant à nos décideurs que leur responsabilité est grande, quelle demande parfois un peu de courage et qu’ils sont d’abord là pour nous protéger. »
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