Agriculture: Plus de circuits courts et plus d’Europe
La Souveraineté alimentaire selon Christophe Canal président de la Chambre d’agriculture du Lot.
Rebâtir notre souveraineté alimentaire ne doit aboutir ni à la fermeture de nos frontières ni à la guerre entre circuits courts/filières longues et agriculture conventionnelle/agriculture biologique. Malheureusement j’entends déjà certains militer dans cet esprit malsain et opportuniste qui n’aboutirait qu’à la déproduction et à la perte de compétitivité alors que notre balance commerciale n’a jamais été aussi mauvaise. Notre agriculture, y compris dans le Lot, contribue aux grands équilibres alimentaires européens et mondiaux, avec des produits d’excellence. Je rappelle pour exemple que la filière viticole lotoise a subi de lourdes pertes, même avant le confinement, du fait de la « taxe Trump » aux USA. Il faut également avoir à l’esprit que notre production de viande ovine comme bovine est 7 fois supérieure à la consommation des Lotois. L’élevage lotois, essentiellement organisé en filière longue, est même un exemple à exporter en matière de respect des attentes sociétales environnementales. Oui, il faut développer les circuits courts et l’agriculture biologique. Les efforts de chacun, partout en France, sont indéniables et vertueux. Notre plate-forme « Mangez Lotois » a pris son essor et nous comptons bien la développer encore plus vers la restauration collective et les particuliers. Elle propose au travers de sa vingtaine de points relais dans le département une gamme complète en Bio et en conventionnel, toujours en produits fermiers locaux.
Mais je veux aussi rappeler que ce marché ne permettra jamais à tous les agriculteurs d’écouler et de valoriser leurs productions. Nos 250 producteurs de lait produisent par exemple plus de 7 millions de litres de lait par mois et seulement une dizaine pratiquent la vente directe en frais ou transformé. Sans les coopératives, les transformateurs et les réseaux de distribution point de salut ! Restructurer pour relocaliser nos filières de productions oui, mais dans une logique de croissance durable et de compétitivité y compris technologique pour nous permettre de ne plus perdre pied dans nos exportations et notre qualité « made in France » ou « Oh My Lot ! »
Cela devra se faire également avec plus et mieux d’Europe, principalement avec des règles équitables pour éviter les distorsions inadmissibles de concurrence sur les normes de productions ou l’emploi de main d’œuvre. Cela devra se faire aussi avec un changement radical de paradigme : l’agriculteur ne doit plus être perçu comme un empoisonneur ou comme un pollueur mais comme un producteur responsable de bons produits, d’énergie renouvelable et d’oxygène. C’est, au final, presque le point de départ pour construire ensemble un nouvel équilibre ! »
extrait de Medialot
Encore et plus d’Europe avec des échanges équitables ! Cest ce qu’on nous promet depuis près de 30 ans tout parti confondu et année après année la situation s’aggrave. Les faits démontrent que c’est utopique puisque chaque pays de l’Union européenne a des intérêts différents. Regardons enfin la réalité en face.
Il y a aussi d’immenses intérêts communs. Regardons les 2 faces
Le bio, l’abruti et le truand…
Les stéréotypes ont la vie dure:
Le petit paysan bio désargenté est paré de toutes les vertus. Même si sa précarité le pousse souvent à jeter l’éponge au bout de quelques années…
L’exploitant agricole qui optimise ses coûts par effet d’échelle est dénué d’intelligence car il utilise des produits chimiques.
L’importateur ou l’exportateur qui échange des produits agricoles dans le respect des règles sanitaires et commerciales est coupable de plus que de cupidité!
Et pourtant :
Certains produits bio sont parfois « limite consommable » tant ils sont abîmés.
Les produits non bio commercialisés dans les circuits officiels sont de grande qualité sanitaire.
Plusieurs pays ne pourraient nourrir leur population sans les échanges internationaux de produits agricoles …
Alors changeons de paradigmes :
Pourquoi ne pas promouvoir de grandes exploitations à la fois bio et non bio?
Dans une grande exploitation, les produits bio voient leur coût de production baisser par effet d’échelle. Cela pérenniserait les exploitations par une meilleure économie. Par exemple, le traitement d’une grande parcelle bio peut sauver une récolte menacée par une attaque parasitaire. Au paysan de choisir entre le coût de reconversion ultérieure en bio de ladite parcelle et la perte pure et simple de la récolte. Cette alternative n’est pas possible à petite échelle!
Cette baisse des coûts avantagerait la vente directe et rendrait les produits bio accessibles aux collectivités locales à budgets serrés. Le marché des collectivités locales est une alternative intéressante aux centrales d’achats de la grande distribution…
La concomitance bio et non bio renforcerait la position du producteur pendant les dures négociations commerciales…
Les circuits longs fournissant les indispensables échanges internationaux pourraient aussi proposer des produits bio. De nouveaux échanges en perspective !
Circuits courts, circuits longs doivent se renforcer mutuellement.
La production des particuliers doit aussi être encouragée et l’autarcie n’est pas qu’un objet de curiosité. En matière alimentaire, la performance de la diversité n’est plus à démontrer!