Application dans le Lot des lois sur le droit à l’avortement
En début de mois, la loi visant à renforcer le droit à l’avortement a allongé le délai d’avortement de 12 à 14 semaines. Point avec Emeline Kydjian, animatrice de prévention et future conseillère conjugale et familiale au planning familial de Cahors.
L’allongement de l’IVG (interruption volontaire de grossesse) de 12 à 14 semaines est une « très bonne chose » selon Emeline Kydjian, animatrice de prévention, future conseillère conjugale et familiale au planning familial de Cahors. Cependant, « cela reste une phrase sur un décret », déplore-t-elle. Pour l’employée, ce qu’il faudrait vraiment faire, c’est abolir la clause de conscience des médecins. Cette dernière permet à chaque médecin de « refuser la réalisation d’un acte médical autorisé par la loi mais qu’il estimerait contraire à ses propres convictions personnelles, professionnelles ou éthiques » (définition du Conseil de l’ordre des médecins). Emeline Kydjian estime que si les professionnels de santé refusent de pratiquer l’IVG, allonger son délai change très peu les choses pour les femmes qui souhaitent le faire. Elle explique également que la loi du 02 mars visant à renforcer le droit à l’avortement permet aux sages-femmes de pratiquer l’IVG instrumentale au sein des hôpitaux. Cependant, elles n’ont pas les moyens de le faire.
« On a encore du boulot »
« Je ne suis pas particulièrement inquiète pour les droits de la femme en 2022, mais selon qui remporte les élections, je le serais pour 2023 voir 2024 », avoue Emeline Kydjian. Le rôle du planning familial, en plus d’écouter et d’orienter les femmes autour de l’IVG, est aussi de « veiller à ce que les lois ne changent pas ». Pour le moment, aucun candidat à la présidentielle ne compte abréger la loi Veil. Cependant, Marine Le Pen, candidate Rassemblement National, souhaiterait dérembourser l’avortement – acte pourtant totalement gratuit depuis 2012.
Ces mesures font souffler Emeline Kydjian. « On a encore du boulot », soupire-t-elle. « Il faudra se retrousser les marches. Ça sera un long combat, mais au moins on saura contre quoi se battre », explique la conseillère en formation. A contrario, certains candidats parlent d’allonger encore plus le délai, entre 22 et 24 semaines. « L’allongement du délai d’IVG est nécessaire, surtout dans un département comme le Lot. Ici, les déserts médicaux sont flagrants, cela peut rendre compliqué l’accès à l’IVG pour certaines femmes, notamment mineures« , analyse Emeline Kydjian. Elle estime, tout de même, que pour que ces mesures soient efficaces, il faut que les moyens puissent suivre.
Aouregan Texier ladepeche.fr
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