Après le « on marche sur la tête » il y a le » on va dans le mur »
Les exploitants agricoles s’estiment abandonnés face aux défis climatiques, géopolitiques et sanitaires. Parti du Tarn, le mouvement pacifique de retournement des panneaux signalétiques a d’abord essaimé un peu partout en France. Cette façon de dire « on marche sur la terre » a pris fin et aujourd’hui le ton s’est durci.
François Purseigle, sociologue spécialiste des mondes agricoles a confié au journal Le Monde qu’avec ce slogan les initiateurs ont réussi à trouver un dénominateur commun, qui fait descendre dans la rue « ces mondes agricoles » , qui vont des petits artisans aux capitaines d’industrie, et présentent des écarts de salaires qui vont de 1 à 5 »
A quelques mois des élections européennes, les paysans européens multiplient en effet les actions contre les hausses des taxes et le Pacte vert européen. Le tout sur fond d’inflation et de concurrence des importations ukrainiennes.
Ce que veulent les agriculteurs, c’est redonner une forme de dignité à leur métier, c’est parler des questions de revenus et de la compétitivité »,
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, sur France Inter.
Qu’y a-t-il derrière cette colère?
D’après Pierre Bouvierdans son article du journal Le Monde :
- il y a d’abord une incompréhension grandissante face à l’empilement des normes. Il cite ainsi les propos du Pdt de la FNSEA à propos des haies : « Pourquoi les agriculteurs n’en font pas ? Parce qu’il y a quatorze textes réglementaires », alors même que chacun reconnaît les vertus de la haie contre l’érosion des sols, pour la biodiversité. Il faut encore quelques semaines à Marc Fesneau (Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire) pour finaliser le projet de loi sur l’agriculture. Celui-ci est élaboré en vue de favoriser la relève en agriculture. Il faut maintenant lui intégrer des mesures pour simplifier le mille feuilles des règlementation. La simplification administrative promise depuis plus d’un an, continue de se faire attendre.
- Puis il y a un rejet du Pacte vert Européen Si la France est la première bénéficiaire de la PAC avec 9 milliards d’euros d’aides par an, cela n’empêche pas des exploitants de contester la stratégie de verdissement de l’agriculture européenne (la question du glyphosate) . Des décisions de Bruxelles sont contestées, d’autres dossiers techniques sont devenus sujets brûlants.
- Et des coûts d’exploitation qui explosent, des prix qui baissent, des exportations qui augmentent…la guerre en Ukraine perturbe les filières et malgré de bons rendements, les revenus des céréaliers baissent. » on va dans le mur » estiment-ils.. « Guerre du glyphosate », cumul des crises économiques, sanitaire, environnementale dans le Sud de la France, …on le voit les réponses doivent être multiples
François Purseigle (sociologue) poursuit: « L’enjeu pour les agriculteurs est d’aller chercher de la valeur : au moment où le président de la République parle de “réarmement”, ils se sentent désarmés face aux industriels, aux GMS ( grandes et moyennes surfaces], mais aussi face aux populations locales qui n’acceptent pas d’eux qu’ils développent certaines activités. Ils se sentent remis en cause sur le thème de leur identité professionnelle. »
Source : le Monde