Aurélien Pradié s’est abstenu au vote de la confiance au gouvernement
Élu député dans un bastion de gauche, à contre-courant de la vague En Marche, Aurélien Pradié est un jeune loup de droite, entré très jeune en politique, qui se fait fort depuis dix ans de « déjouer les pronostics » dans son département du Lot, non sans heurts.
A 31 ans, ce jeune homme brun tiré à quatre épingles est entré au Palais-Bourbon contre toute attente. Il l’a emporté le 18 juin avec 51,32 % face au candidat REM, rattrapant ainsi les quatre points de retard du premier tour.
Dans un département radical-socialiste, qui avait voté à plus de 72 % pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, il succède avec cette victoire surprise aux députés de droite Michel Roumegoux (2002-2007) et Bernard Pons (1973-1978).
« Je m’étais plutôt préparé à ne pas être élu qu’à être élu », affirme le maire de Labastide-Murat, petite commune située en plein centre du Lot, lieu de naissance du maréchal d’Empire Joachim Murat.
« J’ai un parcours qui depuis le début consiste à déjouer les pronostics électoraux. Rien ne me prédestinait à faire de la politique, je n’ai pas de mentor », ajoute le député.
Né le 14 mars 1986 à Cahors de parents gérants d’une petite entreprise agroalimentaire, Aurélien Pradié se présente pour la première fois en 2008.
Responsable des Jeunes UMP dans le département, son seul Bac en poche, il fait campagne « en mobylette » pour le conseil général et l’emporte au premier tour face à son ancien instituteur socialiste.
Deuxième plus jeune conseiller général de France cette année-là après Jean Sarkozy, il échouera aux législatives et aux européennes, avant de devenir en 2014 le plus jeune maire du Lot et d’être élu conseiller régional en 2015.
« Chiraquien et pompidolien » revendiqué, présenté par ses proches comme un « grand travailleur », ce célibataire, sans enfant, adepte de course à pied, assure avoir visité « 5.000 maisons » au cours de sa campagne.
Comme un autre jeune loup de droite devenu ministre, Gérald Darmanin, il est proche de Xavier Bertrand, qui parle de lui comme de quelqu’un « de terrain », qui a « des convictions ».
« Il est en acier trempé » et « très méritant », estime Alain Marleix, secrétaire d’Etat sous Sarkozy, venu le soutenir à plusieurs reprises. « C’est un jeune qui va compter dans les années à venir », juge aussi Damien Meslot, ancien responsable des fédérations UMP.
‘Vieille politique’
« J’ai sûrement plus d’ennemis que d’amis », reconnaît cependant Aurélien Pradié. « Je crois que ceux qui me détestent le plus, mais en même temps je les comprends, sont certains de mes amis politiques, parce que j’ai un parcours qui pour eux est insupportable: j’ai été élu à chaque fois qu’ils ont été battus », lance-t-il.
Certains de ses détracteurs le jugent « très arrogant », pouvant être « inutilement vexatoire », d’autres regrettent qu’il ait « fait le vide autour de lui » dans son propre camp, la droite départementale.
« Il a fait la campagne comme on fait de la vieille politique » en « dénigrant », moi « je me suis engagé pour faire de la nouvelle politique », déclare simplement son adversaire REM de second tour, Sébastien Maurel, un chef d’entreprise novice dans la chose publique.
Ce dernier a depuis déposé une recours auprès du Conseil constitutionnel, soulignant avoir constaté de « nombreuses irrégularités » dans le scrutin.
En 2013, Aurélien Pradié a été déclaré inéligible pour un an après l’invalidation de ses comptes de campagne des législatives 2012, au cours desquelles il avait été battu par la candidate PRG. Selon lui, la banque sur laquelle il comptait lui avait alors refusé un prêt « au dernier moment ».
Député, il promet de quitter le conseil régional, de rester simple conseiller municipal et communautaire et d’abandonner son poste chez le fabricant de confitures et de compotes lotois Andros, qu’il dit occuper depuis plusieurs années, sa seule expérience dans le privé.
A l’Assemblée, il a choisi le groupe LR mais argue qu’il veut conserver sa « liberté de vote », en commençant, dès mardi, par s’abstenir sur la confiance au gouvernement.
Aurélien Pradié est membre de la commission des lois
Le champ de compétences de la commission des lois est vaste. Il recouvre notamment : le droit constitutionnel, les libertés publiques et le droit électoral ; le droit civil et le droit pénal; l’organisation de la justice et des collectivités territoriales; le droit commercial et le droit des sociétés. Cette commission effectue, entre autres le contrôle et le suivi de la mise en œuvre des dernières lois de réforme territoriale.
La Dépêche: Comment allez-vous organiser votre travail à Paris et dans le Lot ?
A. Pradié: « J’ai recruté un collaborateur parlementaire permanent à Paris et localement, j’aurai 3 personnes qui me tiendront au courant des dossiers lotois. Je serai 2 jours par semaine à Paris, 2 jours à Cahors et 2 jours à Labastide-Murat. J’ai prévu de consacrer une journée à recevoir les Lotois.
La Dépêche Vos mandats ?
A. Pradié Je reste élu municipal et intercommunal et je céderai le mandat de conseiller régional à Brigitte Rivière en octobre ou novembre. Je peux vous annoncer que je vais créer en septembre un conseil de circonscription qui réunira des citoyens tirés au sort des acteurs locaux et des élus. Ils participeront à mon travail de député.
extrait de La Dépêche
Le recours de Sébastien Maurel contre Aurélien Pradié a été pris en considération par le conseil constitutionnel. Il fait partie de ceux qui vont être étudiés. Ce qui est intéressant c’est qu’il a été accepté avec 840 voix d’écart… c’est rare. Le dossier ne repose pas que sur les PV mais sur le non respect du code électoral pendant toute la campagne » explique Sébastien Maurel, candidat de La République en Marche sur la 1ère circonscription battu par Aurélien Pradié le 18 juin dernier.
> La réaction d’Aurélien Pradié : « Je suis extrêmement serein. Il n’y a absolument rien. Tous les recours sont examinés. Il n’y a rien de nouveau. Je n’ai toujours pas reçu de notification. C’est une réaction de mauvais perdant qui ne fait pas honneur à celui qui l’anime
Medialot
La contestation porte essentiellement sur le fonctionnement constaté dans les communes : le candidat LREM et son équipe ont analysé les procès-verbaux de 80 communes, « 70 % comportent des incohérences ou irrégularités » commente Sébastien Maurel, qui présente un document de 22 pages et 400 photos.
À propos des bulletins blancs, l’équipe LREM a trouvé que certains d’entre eux se ressemblaient particulièrement, au point d’avoir reconstitué une feuille A4 avec plusieurs bulletins blancs – façon puzzle. S’y ajoutent également quelques griefs plus directement à l’encontre d’Aurélien Pradié concernant l’affichage sauvage, et un affichage excessif sur les panneaux officiels. Bref Sébastien Maurel veut comprendre ce qui s’est passé et vérifier que « l’esprit démocratique a bien été respecté ».
C’est l’évolution du nombre de bulletins blancs ou nuls entre les deux tours qui a « mis la puce à l’oreille » à Sébastien Maurel : 826 le 11 juin (sur 41 120 votants), 4 652 le 18 juin (sur 36 826 votants). Ce qui, aux yeux du candidat contestataire, représente beaucoup d’électeurs qui se déplacent pour exprimer un vote blanc ou nul.
La Dépêche
Le député du Lot a interpellé le ministre des Comptes Publics.
Aurélien Pradié contre les APL.
Lors de la séance de l’assemblée nationale qui s’est tenue mardi, Aurélien Pradié, député du Lot, a posé sa première question au gouvernement. Il a interpellé le ministre des Comptes Publics sur la baisse brutale annoncée de l’Aide Personnalisée au Logement (APL). « La baisse annoncée de 5 euros par mois de l’Aide au Logement fait lever un vent de fronde dans notre pays. Cette baisse expéditive et sèche de l’APL est une faute. En effet, la mesure va toucher les catégories les plus fragiles et modestes que sont les étudiants, les parents célibataires et les demandeurs d’emploi » a-t-il précisé avant de dénoncer « ce coup de rabot qui ne constitue en rien une réforme de fond des Aides au Logement mais traduit un manque de courage politique et de discernement. »
Aurélien Pradié: « J’ai voté la loi qui interdit notamment les emplois familiaux. Par contre j’ai voté contre la loi qui supprime la réserve parlementaire. Sur la loi Travail, je me suis abstenu. J’ai défendu un dernier amendement : pouvoir être député et maire d’une petite commune. La permanence du député sera située rue Caviole à Cahors.Une fois par semaine je tiendrai une permanence « tournante » dans un chef lieu de canton. A partir du 1er octobre, je ferai le tour des communes par rapport à leurs demandes » Aurélien Pradié aura une attachée parlementaire à Paris, « une juriste » et 3 collaborateurs localement : un qui gèrera les demandes des communes et des particuliers ; un qui sera chargé de la communication et rédigera 2 fois par an le journal parlementaire ; et un dernier qui s’occupera du fonctionnement de la permanence et du secrétariat. Extrait de Médialot
Ce que contient la loi sur la moralisation de la vie politique, adoptée définitivement par le Parlement.
Le texte prévoit notamment la disparition de la réserve parlementaire, de la réserve ministérielle et l’interdiction d’exercer une activité de conseil pour les parlementaires.