Avant Pâques, la crise inquiète les éleveurs d’agneaux
Malgré le confinement pour endiguer le coronavirus, de nombreux Français ne manqueront pas de déguster le traditionnel agneau pascal, ce week-end, bien que le contexte de crise inquiète beaucoup les éleveurs lotois de la filière.
C’est son heure, son moment, sa saison. À l’approche des fêtes de Pâques, l’agneau fait chaque année figure de star au printemps et s’invite sur bon nombre de tables françaises. Le sacrifice annuel de l’agneau pascal est une tradition bien ancrée dans les sociétés depuis plusieurs centaines d’années. Fleuron du terroir lotois, pilier de l’agriculture du département, l’agneau du Quercy joue là son va-tout pour se distinguer à l’échelle nationale.
Le Lot est d’ailleurs le deuxième département français en termes d’élevage ovin pour la viande. Le département compte même plus de brebis que d’habitants sur son sol. Tout un symbole ! Pourtant, l’heure est loin d’être à la fête pour les éleveurs ovins lotois, durement frappés, comme toute l’agriculture et l’économie de façon générale, par les conséquences de la crise sanitaire du coronavirus et le confinement total qui en découle. Clément Marechalerie, 40 ans, est éleveur ovin à Saint-Céré, dans le nord du département.
À la tête d’un cheptel qui compte environ 250 têtes, il porte un œil inquiet sur le contexte et craint les retombées désastreuses pour la filière et sa propre exploitation créée il y a sept ans. « Depuis 15 jours, le marché est totalement saturé. Le peu d’agneau que l’on arrive à passer se vend à des prix dérisoires qui ne nous permettent même pas de rentrer dans nos frais » déplore-t-il, à quelques jours du week-end de Pâques. Pour appuyer son propos, il cite l’exemple de l’agneau léger qui représente une douzaine de kilos de viande.
« Avant le confinement, il se vendait 80 euros l’unité, quelques semaines plus tard c’est 68 euros. Un manque à gagner considérable. Déjà qu’avant la crise, le contexte national était très compliqué pour nous » explique Clément Machelerie, pointant du doigt la concurrence internationale qui frappe durement les éleveurs français depuis plusieurs années déjà. « Les supermarchés n’hésitent pas à mettre de l’agneau néo-zélandais en rayon au détriment de la production nationale » s’agace-t-il.
La vente directe pour seul espoir
Seule lueur d’espoir pour les éleveurs lotois : la mobilisation des consommateurs du département pour s’approvisionner en agneau directement à la source. Pour ce faire, les initiatives se multiplient afin de développer des plateformes en ligne permettant de mettre en relation acheteurs et producteurs. « Depuis la mise en place du confinement, la demande a augmenté de 50 % pour la vente directe » affirme l’éleveur ovin de Saint-Céré.
Depuis quelques jours, il propose, notamment via la plateforme de la région Occitanie de livrer des colis d’agneau directement à domicile. Une aubaine pour écouler tant bien que mal la viande qui ne part pas sur le marché. Saluant l’effort des collectivités pour aider les producteurs locaux, Clément Machalerie dresse un constat saisissant : « si toute l’année, on vendait nos agneaux en vente directe aux consommateurs à un prix correct qui nous permet de bien vivre, nous n’aurions même plus besoin, nous éleveurs, des aides européennes à l’agriculture et à l’élevage ».
Reste à savoir si l’élan des consommateurs vers les circuits courts et l’achat de produits du terroir perdurera une fois la crise passée. Comme Clément, plusieurs éleveurs ovins lotois proposent de l’agneau pour les fêtes de Pâques. Un produit purement quercynois que l’on savoure toute l’année dans le Lot.
on est toujours dans le même problème : le consommateur achete le prix au lieu du produit ; le supermarché dit que c’est le consommateur qui l’exige et le producteur ne fait que du mono élevage.
Pourquoi pas diversifier sa production comme étaient les fermes rurales avant ? si un produit se casse la gueule pour x raisons y compris climatiques.
C’est quand même délirant qu’une bestiole qui a traversée la moitié du globe soit moins chère que celle d’à coté …