Bilan des « Parlottes » du 8 octobre 2022, spéciale « Coups de cœur du libraire »

Frédéric Landes, de la librairie indépendante de Gourdon « Des livres et vous », est venu nous proposer ses coups de cœur de la rentrée littéraire. Un assortiment de livres très variés qui nous entrainent à travers le monde et nous font découvrir des horizons insoupçonnés !


« Vivre en terres contaminées, Sud de la Biélorussie »
(Ed. Zone tranquille) est un carnet de voyage de 240 pages et 200 aquarelles. Les autrices, Véronique Abadie et Brigitte Maizy, ont rencontré les bénévoles qui travaillent sur les territoires contaminés biélorusses et aident la population à rester vigilante sur leur taux de contamination interne, notamment auprès des enfants. Un sujet difficile, atténué par la beauté et la poésie des aquarelles qui adoucissent le message en lui donnant une tonalité d’espoir.

« Mokhtar et le figuier » de Abdelkader Djemaï
(Ed. « Le pommier ») : en Algérie, dans les années 1950, Mokhtar grandit à l’ombre du figuier de son douar, contre lequel son grand-père Kouider aime s’adosser pour faire la sieste. Aussi vieux que le grand-père, peut-être plus, le figuier est un membre à part entière de la famille, prodiguant ses fruits deux fois l’an et une sève dont on fait des cataplasmes. Un récit poétique, des souvenirs d’enfance, « oasis de bonheur » avant le début des événements car loin encore, mais à l’approche : le bourdonnement des hélicoptères et la danse des convois militaires…

La BD « Feuilles volantes » d’Alexandre Clérisse (Ed Dargaud). Cet auteur originaire du Lot nous raconte une histoire étrange. Trois personnages à trois époques différentes, avec un point commun : ils racontent des histoires avec des images. Un moine copiste du Moyen Âge invente un récit imagé et un procédé d’impression, un jeune garçon au 20e siècle découvre le pouvoir inouï de la bande dessinée, et sa fille au 21e siècle vit de la création virtuelle. Chacun éprouve les nécessités vitales de la création et doit affronter des dangers et désillusions propres à leurs époques… Des dessins d’un style éblouissant faussement naïf par ses petits détails racontant une même histoire traversant les siècles.

« J’ai écrasé un
 mouton » de Pema Tseden (Ed.  Philippe Picquier). Huit histoires du Tibet par un écrivain qui est aussi un célèbre cinéaste tibétain. Ce sont des histoires de moutons, de béliers, de brebis et de bergers qui les élèvent dans les hautes prairies du Tibet, contées dans un style réaliste apparemment simple mais d’une grande puissance d’évocation. Elles adoptent souvent le regard émerveillé et naïf des enfants, inconscients des dilemmes qui agitent leurs parents tiraillés entre leurs traditions ancestrales, la spiritualité bouddhiste et le pouvoir central chinois.
Une ironie désopilante et un humour dévastateur les traversent. Ce sont des paillettes de rire qui font scintiller les histoires. Coup de cœur d’Olivier (le collègue de Frédéric) qui adore les écrivains d’Asie.

« L’oiseau bleu d’Erzeroum » de Ian Manook
(Ed. Albin Michel). C’est autour de l’enfance romancée de sa propre grand-mère que Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, a construit cette inoubliable saga historique et familiale, l’odyssée tragique et sublime de deux petites filles rescapées du génocide arménien. 1915, non loin d’Erzeroum, en Arménie turque. Araxie, dix ans, et sa petite sœur Haïganouch, six ans, échappent par miracle au massacre des Arméniens par les Turcs. Déportées vers le grand désert de Deir-ez-Zor et condamnées à une mort inéluctable, les deux fillettes sont épargnées grâce à un médecin qui les achète comme esclaves, les privant de leur liberté mais leur laissant la vie sauve. Jusqu’à ce que l’Histoire, à nouveau, les précipite dans la tourmente. Séparées, propulsées chacune à un bout du monde, Araxie et Haïganouch survivront-elles aux guerres et aux trahisons de ce siècle cruel ? Trouveront-elles enfin la paix et un refuge, aussi fragile soit-il ? Un deuxième tome « Le chant d’Haïganouch », raconte la suite de cette épopée tragique où les deux sœurs vont de malheurs en drames mais gardent la vie chevillée au corps. Un hymne à la résistance et à la mémoire de son peuple. Commentaire de notre libraire : « Effroyable et éblouissant ! »

Où les amateurs rejoignent les professionnels !!! Nous sommes très fiers d’avoir présenté les fameux livres « Blackwater » de Michael McDowell aux Parlottes de septembre : merci Amandine ! « Blackwater » est une saga culte aux États-Unis,mais pour en savoir plus, il faut vous reporter au dernier bilan des Parlottes de septembre sur le Blog des Bourians… Des livres-bijoux des éditions Monsieur Toussaint Louverture !

Après la Biélorussie, l’Algérie, le Tibet, l’Arménie et un tour aux Etats Unis, retour en Europe :

En Italie, à Rome plus précisément avec « La ville des vivants » de Nicola Lagioia (Ed. Flammarion), basé sur un fait divers atroce : l’assassinat barbare de Luca Varani, 23 ans, dans un appartement de Rome en mars 2016 qui fit la une des journaux et bouleversa d’autant plus l’opinion publique qu’il ne semblait y avoir aucune explication, aucune justification à ce meurtre perpétré par deux jeunes gens de bonne famille. En reconstruisant minutieusement les faits et les jours qui les ont précédés, Nicola Lagioia ne part pas seulement à la recherche du point de rupture à partir duquel le pire peut arriver. Il écrit une autre histoire de Rome et de ses habitants, un côté sombre loin de l’image rayonnant de la ville.

« Les Ponts » de Tarjei Vesaas
(Ed. Kambourakis) : roman norvégien sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte de deux amis d’enfance. Torvil et Aud se connaissent depuis toujours. Âgés de presque dix-huit ans, ils habitent à quelques mètres l’un de l’autre et semblent presque naturellement promis aux liens du mariage. En cette fin d’été, ils ont pour habitude de se promener dans la forêt voisine, à proximité du pont qui relie leurs habitations au reste du monde. La découverte bouleversante qu’ils y font un jour vient briser leur bulle de quiétude et les lier de manière aussi précipitée qu’impromptue à la jeune Valborg. Avec ce lourd secret en partage, en proie à des questionnements inédits ainsi qu’à une étrange confusion des sentiments, les trois jeunes gens se trouvent propulsés de manière brutale dans le monde adulte.

Toujours en Norvège, « Les cloches jumelles » de Lars Mytting (Ed. Acte Sud). Il était une fois, au fin fond d’une vallée montagnarde norvégienne, un petit village du nom de Butangen. La femme du propriétaire de la grande ferme Hekne meurt en couches après avoir donné naissance à des sœurs siamoises. Les filles, joyeuses et vives d’esprit, font le bonheur de la ferme. Elles apprennent à tisser à quatre mains des tapis somptueux et d’autant plus convoités qu’ils sont, dit-on, anonciateurs d’événements majeurs. À leur mort prématurée, leur père fait fondre tout l’argent de la ferme pour fabriquer deux cloches dont il fait don à la magnifique église en bois debout du village. 700 ans plus tard, un pasteur aux idées modernes nommé sur le village, souhaitant remplacer la vielle église par un édifice plus épuré, décide de la faire raser, ou plus exactement démonter pour la reconstruire à Dresde. Un architecte doit s’occuper des travaux. Mais la descendante de la famille des jumelles décide de se battre pour garder les cloches… Entre mythologie, légendes et traditions, un envoutant conte nordique ! Et bonne nouvelle si vous êtes tenté, la suite est déjà disponible…

« Zizi cabane » de Bérengère Cournut
(Ed. Le Tripode). Un récit qui souffle le lecteur et l’emmène à la frontière du réel : il se situe donc nulle part et partout ! Là où est la douleur et la dire en souriant : thème de ce roman dont la magnifique couverture annonce la couleur (si j’ose dire) : POETIQUE. Odile a disparu, laissant derrière elle son mari Ferment et leurs trois enfants. Privés de la présence maternelle, Béguin, Chiffon et la jeune Zizi Cabane doivent trouver un nouvel équilibre. Mais rien ne se passe comme prévu dans la maison. Une source apparaît dans le sous-sol, et veut absolument rejoindre le ruisseau du jardin. Parallèle entre la fuite de la mère et la fuite du temps et de l’eau. Un drôle de vent rôde. Et tandis que tante Jeanne essaie de ramener un peu de raison là-dedans, Marcel Tremble, faux grand-père surgi de nulle part, accompagne avec tendresse la folie de ces êtres abandonnés.

Hop ! On retraverse l’Atlantique pour des régions plus chaudes : la Guyane…

« Darwyne » de Colin Niel
(Ed. du Rouergue) : Darwyne est un pauvre gamin guyanais né d’une mère isolée et atteint d’un handicap : il a les deux pieds à l’envers ! Mathurine travaille à la protection de l’enfance. On lui confie un signalement concernant ce garçon de dix ans, légèrement handicapé, Darwyne Massily. C’est à Bois Sec, un bidonville gagné sur la jungle infinie, que vivent Darwyne et sa mère Yolanda, une beauté qui collectionne les conquêtes. Malgré des apparences rassurantes, Mathurine a l’intuition que quelque chose ne tourne pas rond dans cette famille. Dans ce roman où s’exprime magistralement sa plume expressive, Colin Niel nous emporte vers l’Amazonie, territoire d’une puissance fantasmagorique qui n’a livré qu’une part infime de ses mystères. Darwyne, l’enfant contrefait qui ferait n’importe quoi pour que sa mère l’aime, s’y est trouvé un refuge contre le peuple des hommes. Ceux qui voudraient qu’il soit comme les autres…

Merci à la librairie Des Livres et vous. Ces livres ont tellement plu à l’assistance que nous avons passé commande, un peu de patience donc et à bientôt !

Les « Parlottes » c’est chaque 2e samedi du mois. Prochain rendez-vous le 12 novembre
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