Brexit: La compétition des agneaux

Ironie du sort : ce n’est pas la crise de la Covid-19 qui inquiète les éleveurs ovins mais bien le Brexit. « Le cours est plus favorable cette année que l’an passé, le marché se tient bien, espérons que ce soit structurel », explique André Delpech, le président du syndicat des éleveurs ovins dans le Lot, qui faisait son assemblée générale lundi dernier à Labastide-Murat.

« Les ventes autour de Pâques ont été compliquées, les cours ont chuté, puis c’est reparti. Aujourd’hui on commercialise 10 % plus cher que l’année dernière », se satisfait le président. En fait ce qu’il appréhende n’a rien à voir avec la crise économique actuelle. Mais avec le Brexit, effectif depuis le 21 janvier de cette année. « On a encore trop d’incertitudes, on ne sait toujours pas s’il y aura un accord ou pas, c’est interminable », s’impatiente André Delpech.

Ce qui fait trembler les éleveurs : l’importation d’agneaux de l’Angleterre. Depuis le Brexit, les agneaux des Anglais sont devenus bien plus compétitifs sur le marché français.

 

« Les Britanniques exportent un gros volume d’agneaux et engorgent le marché avec des prix bas », déplore le président. Il y a une concurrence directe et déloyale, pensent certains, avec les éleveurs du Lot. Bref, le marché français des ovins est perturbé par ce concurrent de taille, qui fournit plus de la moitié de la consommation française.

« Le problème, c’est que les Anglais profitent de la situation, ils ne font plus partie de l’Union européenne mais continuent de bénéficier d’aides équivalentes à la PAC », s’agace André Delpech.

Autre requête : les éleveurs ovins du Lot demandent une « meilleure identification sur l’origine des produits car les étiquettes ne suivent pas toujours bien. La traçabilité n’a jamais été optimale sur l’origine des ovins d’Angleterre, on demande encore plus de précisions », martèlent-ils.

Soulagés pour l’abattoir

Le site de Gramat a été repris par le groupe Bigard la semaine dernière. Une bonne nouvelle pour les éleveurs Lotois. « Il fonctionne normalement, tous les jours, la découpe continue ainsi que l’approvisionnement par les deux coopératives Capel et Geoc. Ce qui change pour nous c’est que désormais on travaillera avec un privé », explique André Delpech.
Manon Adoue La Dépêche