Cahors : Blocus (filtrant) au lycée Clément Marot « pour dénoncer les inégalités de chances »
« Inégalité par rapport au contrôle continu », «manque de préparation pour les épreuves de philosophie et le grand oral » sont notamment à l’origine du mouvement
Ce 3 mai, plus de 200 élèves de Terminale (aux alentours de 10 h) bloquent pacifiquement l’accès au lycée Clément Marot. « C’est un blocus filtrant car ceux qui veulent rentrer comme les BTS, on les laisse passer » précise Paul. Et d’expliquer les raisons de ce mouvement : « Il y a une inégalité par rapport au contrôle continu. Il faudrait que tous les établissements y soient. Il y a aussi un problème avec les visios : bugs, tout le monde ne peut y accéder… » « Nous voulons aussi faire annuler ou les aménager en contrôle continu les épreuves de philosophie. Nous ne sommes pas prêts et notamment pour le grand oral. La philo si on n’est pas en cours, c’est quand même très compliqué pour cette discipline. La Covid-19 a complètement bousculé nos enseignements. Les Premières sont également concernées » rajoute Charlotte. « Il y a aussi le stress, l’anxiété. Notre santé mentale est en train de se dégrader. On a peur de n’avoir que des choix au rabais pour nos études. On se sent abandonné» souligne Margaux. « Il y a des lycées qui ont eu 100 % de cours en présentiel… Cela rajoute aux inégalités. Il y a vraiment un manque de cohérence. Il nous reste 6 semaines de cours dont 3 en présentiel et on est complètement dans le flou » conclut Kyllian.
L’épreuve de philosophie au bac est maintenue, mais la note de contrôle continu sera retenue si elle est meilleure. M. Blanquer a également annoncé son maintien de l’épreuve « phare » et inédite du grand oral.
Les élèves craignent le Grand Oral, mais qu’est-ce que c’est? L’épreuve dure vingt minutes, Avant de passer devant le jury, l’élève aura préparé en amont deux sujets en lien avec ses enseignements de spécialité. Une démarche inédite puisque, pour la première fois, le candidat a la possibilité de choisir les thèmes sur lesquels il sera interrogé. Le jury sélectionne l’un des sujets présentés puis l’élève présente son exposé. Les examinateurs peuvent ensuite lui poser des questions.
En France, le système éducatif s’appuie davantage sur l’écrit alors que dans d’autres pays, l’oral est beaucoup plus valorisé, le but est de savoir argumenter, savoir écouter, être capable de parler tout simplement « Prendre la parole en public, c’est beaucoup plus anxiogène que rendre une copie », reconnaît Bertrand Périer, avocat et spécialiste de l’éloquence interrogé par Le Monde. « Quand on parle, on est jugé sur sa personnalité : c’est bien plus intrusif et engageant. »
« Un Français préférera se taire plutôt que de mal parler, parce qu’il est en quête de la perfection. »
« Aux États-Unis par exemple, « on osera s’exprimer, même grossièrement, pourvu que le message passe »
Au Royaume-Uni, la prise de parole est une tradition que l’on retrouve au quotidien via l’exercice du « show and tell » ( qui signifie « montre et raconte »). Dès 5 ans, les Britanniques s’expriment tous les jours devant la classe sur n’importe quel sujet. l’oral au bac britannique représente jusqu’à 50 % des épreuves et de la note finale.
Conclusion: Ce grand oral est un plus, mais les élèves et les professeurs n’ont pas eu assez de temps pour s’y préparer