Cahors:140 salariés de la MAEC font grève
Hier matin, les salariés de la Maec à Cahors ont protesté contre le projet de la direction qui implique notamment une augmentation du temps de travail partiellement compensée au niveau du salaire. La mobilisation se poursuit aujourd’hui.
Ils ont été reçus par leur direction, mais le bras de fer se poursuit. Ce matin, dès 8 heures, plus d’une centaine de salariés de la Manufacture d’appareillage électrique de Cahors (MAEC) se sont postés devant leurs locaux de la zone industrielle de Regourd. Dans une société qui emploie plus de 400 personnes, ce mouvement fait suite à l’annonce par la direction du plan prévoyant une augmentation du temps de travail à 38,5 heures hebdomadaires, au lieu de 35.
Travailler plus pour gagner moins
Les syndicats CGT et FO, à l’origine du mouvement de grève, sont fermement opposés à cette réorganisation d’activité et l’argumentaire engagé en sa faveur : un courrier de la direction a été transmis le 10 octobre aux salariés dans lequel la direction assure « une compensation partielle de l’augmentation du temps de travail par une augmentation des salaires de 2,8 % ». Ce chiffre met les syndicats en colère car ils anticipent plutôt, sur le nouveau salaire des ouvriers à 1 542,82 €, une baisse du taux horaire en dessous du SMIC fixé aujourd’hui à 9,88 €. Après l’insistance pour pénétrer dans les locaux de la MAEC, les grévistes ont pu rencontrer leurs dirigeants vers 10 heures.
« Nous sommes prêts à travailler 37 heures entièrement payées. Pas plus, pas moins », explique fermement la déléguée FO Almira Figueiredo sur la concession énoncée par l’intersyndicale à l’issue de cette rencontre qui n’a débouché sur aucun accord. Les grévistes ont voté à l’unanimité la reconduction de la grève pour demain. Le rond-point de Regourd a été bloqué cet après-midi et, demain matin, une marche est prévue en direction de la mairie de Cahors. La crainte des salariés porte également sur la délocalisation d’activité de la MAEC : cinq chaînes de montage ont déjà été retirées du site de Regourd depuis début 2018.
Réunion houleuse hier
Après deux heures devant les locaux de la Maec et un refus initial par la direction de les recevoir, la délégation syndicale a pu finalement obtenir une rencontre qualifiée de «houleuse» par les syndicats. Aucun accord n’a été obtenu malgré les concessions des deux parties, la direction étant prête à abaisser d’une demi-heure le temps de travail hebdomadaire, à 38 heures.
G. Flynn : «Le projet va pérenniser le site»
Directeur général délégué de Maec, Grégory Flynn a décidé de jouer cartes sur table. Le dirigeant d’origine britannique mais bien installé dans son Cahors, marié à une Lotoise et dont les deux enfants sont scolarisés dans la ville, exprime d’emblée son attachement au site cadurcien, là où la manufacture a démarré son activité il y a 108 ans.
Ce rappel historique fait, Grégory Flynn situe l’entreprise dans le contexte économique actuel : «Nous subissons directement l’impact de la hausse des matières premières, aluminium et cuivre, les coûts de transport augmentent et la concurrence est vive sur nos segments de marché ; mais il y a, aussi, des perspectives de développement et les moyens de construire la Maec de demain». Solide, Maec dégage depuis trois à quatre ans un chiffre d’affaires en croissance : «Notre CA cette année, atteint 100 M€, il était de 78 M€ en 2014», précise le directeur général délégué. En revanche, entre 2017 et 2018, l’excédent brut d’exploitation a été divisé par deux. Grégory Flynn décrit «un effet ciseaux entre la baisse des prix de vente et la hausse des matières premières» qui pénaliserait Maec, avec comme conséquence des ressources financières «en forte régression».
D’où le projet d’entreprise «Perform» qui fait aujourd’hui débat parmi les salariés de Maec. «Notre volonté, assure le chef d’entreprise, est de faire évoluer la Maec tout en pérennisant le site de Cahors. Cela veut dire, ajoute Grégory Flynn, garder le développement des produits sur place, la recherche et développement, les bureaux d’études, les équipes marketing. Et aussi, lancer des projets, concevoir des produits plus compétitifs, poursuivre l’investissement sur place (2 M€ par an).»
Mais cette stratégie industrielle et logistique comprend un plan de compétitivité du site qui est au cœur du bras de fer social entre la direction de Maec et les syndicats CGT-FO. «Nous présentons ce projet aux salariés depuis le début de l’année, au rythme d’une réunion par semaine avec les partenaires sociaux qui s’opposent fortement à nos propositions.» Grégory Flynn précise : «On s’engage à pérenniser le site de Cahors et l’emploi, en contrepartie on demande quelques heures de travail hebdomadaires en plus dont une partie serait rétribuée. Tout le monde est concerné dans l’entreprise, à commencer par les cadres.»
Le directeur général délégué évoque une proposition gagnant-gagnant devenue aujourd’hui «incontournable».
quand on veut sauver son entreprise et conserver son travail , je crois qu’il faut savoir faire des sacrifices
Direction et syndicats doivent se revoir ce vendredi.
Ils étaient entre 150 et 200 salariés à manifester entre le site de la MAEC et la préfecture, place Chapou ce mercredi 7 novembre où une délégation a été reçue par le directeur de cabinet du représentant de l’Etat dans le Lot. Une deuxième journée d’action à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO.
« Au départ la direction nous proposait de travailler 39 h par semaine payées 35 h. Ensuite au fur et à mesure des négociations, ils ont proposé 38,5 h payées 36 h. Nous avons consulté les salariés pour savoir s’ils étaient prêts à faire un effort sur le temps de travail. Ils ont accepté de faire un effort sur une base de 37 h rémunérées. La direction a refusé et a campé sur ses positions avant de revenir à 38 h payées 36 h. Suite à la grève, nous avons rencontré notamment le directeur général du groupe en lui répétant que les salariés étaient prêts à faire un effort mais rémunéré. Il nous a affirmé que ce n’était pas suffisant par rapport aux objectifs d’économies qu’il doit réaliser» a expliqué Almira Figueiredo, déléguée FO. Ce jeudi 8 novembre, le travail a repris.
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Grégory Flynn, directeur général délégué de MAEC, est revenu sur le contexte actuel à l’origine de cet « accord performance collective » : « On a une situation économique avec une concurrence accrue sur les marchés traditionnels et nous subissons une envolée des prix des matières premières. On a lancé une multitude de projets pour améliorer la compétitivité de notre site y compris cet accord performance collective. On demande aux salariés de faire des heures en plus avec une compensation financière partielle. On s’engage de notre côté à investir sur les outils de production, les moyens industriels, la formation… On met toutes les cartes sur la table. Nous gardons espoir de trouver un bon accord. C’est vital pour le développement de l’entreprise. » A suivre…
> Les syndicats FO, CGT et CFDT doivent revoir la direction ce vendredi pour « un redémarrage des négociations sur des bases solides »
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