Cauvaldor: fin de la grève administrative, engagement de l’Etat.
Après avoir mis fin à une grève administrative vis-à-vis de l’État et en scellant « Le serment de Gramat », CAUVALDOR s’est doté d’une dimension politique et démocratique, qu’aucune autre intercommunalité lotoise n’a jamais atteint jusqu’ici.
Lundi 14 mai 2018, le conseil communautaire de Cauvaldor s’est réuni à la salle des fêtes de Gramat sur convocation de son Président Gilles Liébus. Jérôme Filippini, Préfet du Lot, est venu, sur invitation, accompagné des deux sous-préfets (Figeac et Gourdon), et de responsables de services.
L’objet de la réunion était bien évidemment la remise à plat des relations entre Cauvaldor et ses 79 communes avec les services de l’État, dont plus particulièrement celui gérant les problématiques d’urbanisme qui ont entraîné le ras-le-bol des élus de Cauvaldor et leur entrée en grève administrative depuis le 5 mai dernier.
De l’avenir du territoire de Cauvaldor dépendra l’avenir du département du Lot ?
C’est Gilles Liébus qui a ouvert les débats en rappelant l’historique de Cauvaldor et la difficulté à construire ce territoire car tout n’était qu’opposition ou hostilité au développement du Nord du Lot. Cauvaldor s’est construit sur les bases jetées par la loi « NOTRE », avec le soutien de Catherine Ferrier, la précédente préfète du Lot. Le nord du Lot s’inscrit dans une démarche contraire à la course à la grandeur des métropoles d’une part, mais aussi des grandes villes centre au détriment de leur périphérie. Le Département est aujourd’hui le plus âgé de France, il perd 330 élèves dans les écoles élémentaires chaque année, et sa population diminue. Sur le dossier de l’eau, quel est l’avenir pour la vallée de la Dordogne ? En 2020, ce sont les métropoles et les grandes agglomérations qui en auront la compétence ; quid du territoire de Cauvaldor ?
On ne sait pas ce qu’il adviendra des départements qui ont déjà perdu la compétence économique et une partie de celle des transports. Il lui reste le social, mais c’est une compétence difficile à porter. De l’avenir du territoire de Cauvaldor dépendra l’avenir du département. M. le Préfet prend alors la parole en regrettant que ces difficultés soient passées dans la presse, et qu’elles n’aient pas fait l’objet de conversations préalables. Il entend lever tous les malentendus, comprenant qu’il y a eu de la crispation en raison de l’histoire et de ses occasions ratées. Il s’estime responsable, même si (il faut bien lui accorder cela) il n’en est pas à l’origine.
Même s’il n’est que de passage (notre préfet n’a pas apprécié cette remarque), il n’en reste pas moins que les services de l’État ont une très bonne connaissance du territoire, que lui-même essaye d’être disponible au maximum, que sa relation avec Gilles Liébus est riche bien que rugueuse parfois ; et rejette catégoriquement toute idée d’un mépris de Cauvaldor et de ses élus car cela est opposé à son éthique en insistant sur les valeurs de respect et de compagnonnage.
Il affirme, faits et chiffres à l’appui qu’il n’existe aucune discrimination et aucun favoritisme, rappelant que Cauvaldor qui représente 25 % de la population du département, recevra 32 % de la DETR en 2018 (entre autres financements). Concernant les blocages, il a fait contrôler l’année 2017 par ses services, sur les 1 200 actes, seuls 4 auraient fait l’objet de demande d’information, suivies de discussions et finalement d’avis favorables. Malgré tout, il comprend qu’il existe un malaise et qu’il convient de vider l’abcès. Il rappelle que l’État est loin d’être absent, mais que l’État aussi doit vivre ses propres difficultés avec des ressources financières et des effectifs en baisse, sans oublier les problèmes de mutation (4 mois pour avoir un Sous-Préfet). Il remercie encore Mme Nadine Chaïb, Sous-préfète de Figeac pour son intérim pendant cette période.
Il rappelle que le travail doit se faire en confiance, et que c’est par le travail en amont que la collaboration réussira.
Concernant les règles différentes d’un département à un autre, il a interrogé les autres départements, où on lui a répondu la même chose : L’herbe est toujours plus verte et meilleure à côté. Ils ont donc, avec ses services, comparé les applications, et en effet, selon les cas on est plus souple ou plus contraignant. L’objectif consiste donc à converger. Concernant la dérogation accordée aux préfets, dont celui du Lot, M. Filippini répond « Banco, voyons les cas et si cela est possible » ; il faut faire confiance aux acteurs de terrain, mais dans des cas limités.
Concernant les délais, il considère que leur réduction est un engagement mutuel.
Enfin, il rappelle qu’il est chargé de la déclinaison dans les régions de la stratégie parlementaire ; la règle est nationale et s’applique à tous.
Il ajoutera, qu’il est favorable à la GEMAPI (Gestion de l’eau), au désenclavement, rappelle l’engagement de l’État sur la couverture numérique (40 % du financement par l’État, soit 28 m d’€)… Il annonce enfin que l’État va faire appel du jugement relatif au rejet de la voie d’avenir.
« Banco pour le serment de Gramat ! »
Jérôme Filippini a conclu son intervention en rappelant qu’il n’y a pas de mépris mais seulement du dévouement de la part de ses services, qu’il convient au préalable de partager les mêmes valeurs (républicaines, respect, bienveillance, confiance, engagement). Sur la méthode, il propose des échanges plus réguliers pour un meilleur partage de la vision du territoire, un suivi meilleur des travaux en cours avec une réunion mensuelle pour le suivi des gros chantiers (mise en place d’un tableau de bord), d’intensifier les échanges entre services ; et d’utiliser une méthodologie de type « projet » avec désignation de référents. La mise en œuvre devra être la plus rapide possible.
Gilles Liébus a remis en cause les chiffres relatifs à la couverture numérique en rappelant que les métropoles et agglomérations ne déboursent pas un centime ; rappelle les élections de 2017 avec le « dégagisme » généralisé qui doit conduire les élus à écouter les électeurs, à mener et réaliser des projets au risque de se faire jeter à leur tour si les promesses ne sont pas tenues. Il propose donc d’écrire ces propositions et de refaire le point dans 6 mois à l’occasion d’un conseil communautaire.
Réponse du préfet : Banco pour le serment de Gramat !
Après une série d’échanges sur des questions communales, le préfet et son équipe ont quitté l’assemblée, qui après quelques débats a voté à une écrasante majorité, l’arrêt du mouvement avec un prochain rendez-vous avec M. le Préfet, dans 6 mois.
De notre côté, nous avons vu un Président Liébus, offensif et qui ne lâche rien, avec un bloc de plus de 100 élus soudés derrière lui pour réaliser les objectifs qu’ils se sont fixés. Il faut reconnaître que l’on ne se connaît pas ou ne se côtoie pas forcément tous les jours entre Sousceyrac et Gignac, mais politiquement cet ensemble avait fière allure, avec des interventions d’élus toutes aussi pertinentes les unes que les autres. On connaissait Cauvaldor pour sa réalité juridique, pour ses projets tous azimuts, maintenant on a la confirmation que Cauvaldor est aussi une entité politique et démocratique.
Seul regret, il n’y avait que 10 personnes dans le public pour assister à cette réunion peu ordinaire entre un Préfet dynamique et talentueux et les élus de Cauvaldor. Rendez-vous dans 6 mois.
C Rabuteau La Vie Quercynoise
(*) CAUVALDOR : communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne
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