Ciné-débat Attac 46 – « Chez Nous » : film de Lucas Belvaux sur l’extrême-droite
Projection le vendredi 20 septembre à 20h, au cinéma Le Paris à Souillac, suivie d’un échange avec Nicolas, militant d’Attac 46.
Ça se passe ici, en France, chez nous, chaque jour.
Un discours se banalise. Une parole se libère, disséminant une odeur abjecte qui dérange de moins en moins. C’est une marée qui monte, qui érode les défenses, les digues. C’est un discours qui change selon ceux à qui il s’adresse, qui s’adapte à l’époque, qui caresse dans le sens de tous les poils. Un discours qui retourne les mots, les idées, les idéaux. Qui les dévoie. Un discours qui dresse les gens les uns contre les autres. Et des gens glissent, imperceptiblement d’abord, puis plus franchement. De la solitude au ressentiment, du ressentiment à la peur, de la peur
à la haine, puis à la révolution. Nationale.
On le dit, on en parle, on le montre et pourtant rien n’y fait. Sentiment de déjà-vu. D’impuissance, aussi. De sidération. Impression d’avoir tout essayé. Que chaque mot, chaque tentative de s’opposer se retourne contre celui qui la tente.
Que chaque parole, qu’elle soit politique, morale, culturelle, est déconsidérée, illégitime, définitivement.
Alors, peut-être la fiction est-elle la seule réponse audible, car, comme le discours populiste, elle s’adresse aux sentiments, à l’inconscient. Et aux tripes. Comme les démagogues, elle raconte des histoires. Mais, contrairement à eux, qui essaient de faire passer des fantasmes pour la réalité, qu’ils simplifient à l’extrême, la fiction, elle, essaie de comprendre, de rendre compte de la complexité du monde, de celle de l’humanité, de son époque. Et elle seule, sans doute, peut faire ressentir à chacun ses tremblements les plus intimes.
Pauline l’infirmière, Stanko l’ouvrier, Jacques l’ancien métallurgiste, Berthier le médecin ou Nathalie l’enseignante, tous, ont le même statut.
Des humains pleins de contradictions, d’attentes, d’espoirs, déçus parfois, de besoins, d’amour, de sécurité et de foi en l’avenir.
Tous se croisent, se connaissent, agissent pour eux ou pour les autres, en fonction des autres, aussi, formant une communauté paradoxale, une société. Là où ils sont, ils font le monde. Ils sont le monde. Un monde de fiction nourri de la réalité d’aujourd’hui.
Petites histoires pour raconter la grande. Société de personnages pour raconter, un peu, l’Humanité.