Cité de la mode: « Il est temps de passer du concept au projet »

Raphaël Daubet

Le projet de la Cité de la mode et des arts créatifs, porté par CAUVALDOR, a été qualifié de « pharaonique » par les uns, « d’inapproprié » par d’autres.

Il a été également présenté, comme « un tremplin » pour le développement de Souillac et le nord du Lot.

Au demeurant, il n’a jamais été fait état de l’avancement de ce projet, en gestation depuis plusieurs années.

Raphaël Daubet, nouveau président de CAUVALDOR, fait le point sur le dossier, tel qu’il apparaît aujourd’hui, à la lumière des documents disponibles.

À ce jour, on ne peut pas dire qu’il y ait un engagement réel des porteurs du projet

Dès sa prise de fonctions à la tête de CAUVALDOR, Raphaël Daubet a repris en main le dossier de la Cité de la mode et des arts créatifs ; or, de nombreuses questions restent en suspens et les prétentions de départ pourraient bien être revues à la baisse…

Vous venez de présider une importante séance de travail avec des porteurs de projet Italiens ; quel est le niveau de leur engagement dans ce dossier ?

J’ai souhaité cette prise de contact rapidement. Je veux croire à ce projet.

Souillac est une ville stratégique pour le territoire. Elle a besoin d’une revitalisation en profondeur.

À ce jour, on ne peut pas dire qu’il y ait un engagement réel des porteurs du projet, dans la mesure où aucune convention avec la communauté de communes ne formalise quoi que ce soit. J’ai été très surpris à mon arrivée à la tête de CAUVALDOR de ne trouver aucun dossier : pas d’engagement écrit, pas de masterplan, pas de courriers échangés…

Pourtant, la communauté de communes, elle, a déjà engagé plus de 1,5 million d’euros !

C’est précisément pour lever tous les doutes et rétablir un équilibre dans les engagements des uns et des autres que j’ai proposé de formaliser un protocole entre les porteurs du projet et CAUVALDOR qui devra aboutir à des promesses de vente, en fin d’année.

J’ai fixé au 15 octobre la signature du protocole d’accord.

Les deniers publics sont engagés, nous ne pouvons prendre des risques financiers sans garanties.

Il est temps d’ouvrir une phase opérationnelle, de passer du concept au projet.

La communauté de communes a déjà engagé plus de 1,5 million d’€

Avec les vice-présidents de CAUVALDOR, nous avons exprimé notre volonté aux porteurs du projet de travailler avec eux à la construction du projet.

Selon vous, la crise sanitaire liée au Covid et le ralentissement de la croissance à l’échelle nationale et internationale, pourraient-ils avoir une incidence sur le devenir de ce projet ?

Bien sûr, je pense que c’est inévitable.

Cette crise a, je le crois, profondément modifié les modes de consommation, les façons de vivre.

Le tourisme est certainement voué à évoluer, lui aussi. On peut en effet s’interroger sur la pertinence d’un modèle qui s’appuie sur une forte fréquentation internationale.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les porteurs du projet réfléchissent à son évolution.

Nous attendons la copie.

Sur quelle superficie totale portent les acquisitions foncières et à combien s’élève leur coût ?

Les acquisitions foncières ont porté sur 6 maisons et plusieurs hectares.

Elles s’élèvent à plus de 1,5 million d’euros.

300 000 € ont déjà été payés, le reste a été acheté par un établissement public régional (l’Établissement public foncier d’Occitanie). CAUVALDOR (ou je l’espère, un investisseur) devra le racheter dans un délai maximal de 6 ans.

Jusqu’ici, ce projet n’a guère fait l’objet de communication, est-ce uniquement pour des raisons de stratégie commerciale ?

En toute honnêteté, je n’en sais rien.

Il est certain que le monde des affaires requiert des échanges discrets au début.

Pour autant, un tel projet (100 millions d’euros !) nécessite une démarche de communication et de concertation professionnelle. L’impact pour le territoire est trop important pour qu’on néglige cet aspect du portage.

Cette négligence m’interpelle. Dorénavant, je rendrai compte de l’avancée concrète des choses.

Des porteurs de projet italiens et des investisseurs américains…

Pouvez-vous donner quelques précisions quant aux investisseurs aujourd’hui réellement engagés dans le projet ?

Hélas, non.

Les investisseurs prévus initialement sont américains, mais nous n’avons pas de contact avec eux. Tout passe par l’intermédiaire des porteurs du projet, qui, eux, sont italiens comme chacun sait.

Ce qui nous a été dit, c’est qu’il y a aujourd’hui un blocage du côté de ces investisseurs américains. Les porteurs du projet feront donc peut-être appel à d’autres partenaires.

Mais à ce stade, je n’ai pas plus de précisions.

Pour que le projet sorte de terre, quel est le montant attendu des engagements financiers ? À quel niveau se situe-t-il à ce jour ?

C’est impossible à dire aujourd’hui !

Encore faut-il que le projet soit clairement défini, avec un plan d’aménagement fourni par les porteurs du projet eux-mêmes…

CAUVALDOR est engagé à hauteur de 2 millions d’euros. De surcroît, j’ai découvert un rapport qui impose des fouilles archéologiques, évaluées à plusieurs centaines de milliers d’euros… Je voudrais m’assurer que cette dépense est prévue au business plan des investisseurs, comme c’est l’usage.

Un cabinet juridique spécialisé est désormais dédié à la poursuite du projet

Comment envisagez-vous la poursuite de ce projet ?

Très simplement.

Sur la forme, jusqu’alors, la communauté de communes n’était accompagnée par aucun cabinet conseil sur ce projet.

J’ai fait un autre choix. Un cabinet juridique spécialisé est désormais dédié à la poursuite du projet de Cité de la Mode.

Il nous assistera dans toutes les démarches auprès des porteurs du projet, mais également des instances administratives.

On ne mène pas un tel projet sans méthode et sans s’armer de toutes les compétences.

Sur le fond, j’attends des engagements des investisseurs et des porteurs du projet.

C’est une condition essentielle pour continuer à nourrir l’espoir.

Quelle est votre méthode de travail et quel est le calendrier que vous vous fixez ?

Ma méthode de travail est simple et pragmatique.

Elle s’appuie sur un 1er calendrier fixé en réunion, lundi dernier, qui doit nous permettre de transformer les intentions en engagements dans 3 ou 4 mois.

Nous progresserons dans le dossier de cette façon.

Je travaille sur ce dossier avec le comité exécutif de CAUVALDOR et compte être transparent.

J’espère sincèrement que notre travail et notre exigence, notre enthousiasme aussi, permettront de faire aboutir cet ambitieux projet, repensé à la lumière des nouveaux enjeux, et amélioré pour qu’il soit mieux accepté par le territoire.

Entretien réalisé par JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE ActuLot

*CAUVALDOR : communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne