Collecte des déchets : la consigne est-elle une solution ?
Cette idée qui avait été refusée par les collectivités locales revient sur le tapis pour être tranchée en juin 2023.
Depuis lundi dernier les industriels de l’agroalimentaire ou de l’embouteillage, les supermarchés, les associations d’élus, de consommateurs et ONG, sont consultés par la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Bérangère Couillard afin de trouver une sortie au blocage.
Mais pourquoi cette idée de consigne des bouteilles plastiques ?Pour atteindre un meilleur taux de collecte des bouteilles, et viser 100% de plastique recyclé, développer le réemploi, et lutter contre les dépôts sauvages » répond Bérangère Couillard.
La première remarque faite par les « opposants » porte sur la notion même de « consigne ». Ici il ne s’agit pas de réutiliser les bouteilles en plastique, comme on le fait avec des bouteilles en verre, mais simplement de les collecter pour les recycler. Le terme est trompeur.
La deuxième concerne l’impact financier . Collecter (pour recycler) c’est une des sources de revenu des collectivités locales. Moins collecter c’est donc réduire les revenus des centres de tri pilotés par les communes.
Ainsi, proche de nous, le Syded reçoit de Citéo (éco organisme) 350 euros par tonne de bouteilles en plastique. sans compter la vente des matériaux par le Syded qui permet d’atténuer le coût du tri et la facturation effectuée auprès des collectivités de collecte. (1).
Un maire estimait que cette mesure contraindrait les collectivités locales à augmenter leurs impôts :
« On va me dire : ‘Mais M. Soret, avant le boulot, c’est vous qui le faisiez en venant chercher nos bouteilles, maintenant c’est à nous de les remettre en point de vente, donc vous allez baissez les impôts’, et je vais devoir expliquer que non seulement on ne va pas baisser les impôts, mais on va les augmenter, parce qu’en choisissant de remettre votre bouteille à Coca, vous nous privez d’à peu près 20% de notre budget. Donc il va falloir les compenser »,
Alors, soyons précis, il ne s’agit pas vraiment de 20% du budget global de la collectivité mais plutôt de 20% des recettes rapportées par les reventes de ces bouteilles recyclées. Quoiqu’il en soit cela reste un manque à gagner… Source : écologie .gouv
Négocié entre 600 et 700 euros la tonne, le plastique PET à recycler constitue donc bien une sorte de « manne » .
Sans compter que tout le monde a intérêt à récupérer ce plastique:
- les industriels de la plasturgie qui doivent obligatoirement inclure un pourcentage minimum de plastique recyclé dans leurs produits pour remplir leurs obligations climatiques européennes
- les collectivités, qui elles, en tirent un revenu et ont investi massivement dans de coûteuses machines pour améliorer le tri et les volumes de matériaux à recycler. Elles ont ainsi simplifié les consignes de tri laissant espérer une augmentation des volumes de recyclage. . Vous connaissez la pub …. « tous les emballages vont dans le bac de tri »…
Le débat n’est pas simple car la consigne a ses avantages et ses inconvénients. C’est selon …
- les professionnels font valoir que dans les pays où elle existe, elle augmente significativement le taux de collecte des plastiques.
- les distributeurs : les automates attirent les clients qui avaient déserté les supermarchés depuis la période Covid,
- les collectivités organisatrices de la collecte et du tri des déchets dénoncent une « monétarisation » du geste de tri qui risque de réduire la mobilisation des Français pour trier leurs déchets chez eux.
- Enfin cette consigne risque de créer « un surcoût alimentaire » pour ceux qui ne rapporteraient pas leurs bouteilles vides, puisqu’ils ne récupèreront pas la « caution » versée lors de l’achat.
Alors, ce mardi 18 avril, à la veille de la concertation nationale sur le sujet, les associations d’élus et de collectivités ont logiquement dit NON à ce qui selon eux déstabiliserait le système public de collecte des déchets sans améliorer la collecte du plastique.
Les maires ont formulé14 propositions, dont la promotion de la consommation d’eau du robinet pour diviser par deux les bouteilles plastiques en 2030, l’augmentation de la fréquence des collectes ou la mise en place d’une collecte sélective de tous les emballages consommés hors domicile.
Affaire à suivre…
(*) source la dépêche du 6/03/23
Rappel : L’enjeu pour la France est de respecter les objectifs européens de taux de collecte des bouteilles plastique : 77% en 2025 et 90% en 2029. la France plafonne à 64% en 2022.
Sources: France 24/vie publique/afp