Collège de Gourdon en souffrance
Photo : @Gabriel Bétaille
Certains d’entre vous ont pu le remarquer; devant le collège de Gourdon un regroupement de professeurs du collège dénoncent un climat de souffrance.
Gabriel BETAILLE journaliste a Actu lot reporte que 19 professeurs (sur 69) sont en grève depuis la rentrée. Ils dénoncent des violences et l’inaction de leur hiérarchie. Ils parlent de problèmes liés à la sécurité des élèves, y compris des affaires de sextape, d’agression sexuelle, de départs de feu et de prises de photos à l’insu d’élèves.
Ils dénoncent également une action tardive et inadaptée de leur hiérarchie et du directeur académique des services de l’éducation nationale (Dasen) qui n’ont pas répondu à leurs préoccupations. Ils se sont donc tournés vers leur syndicat.
Le Dasen quant à elle résume la situation comme » un conflit interne entre personnels.
Il dit vouloir répondre favorablement prochainement aux demandes de rencontres afin de poursuivre sur la voie du dialogue. Il appelle l’ensemble de la communauté éducative à œuvrer pour permettre à l’établissement de retrouver sa sérénité.
La résolution de ces problèmes est essentielle pour garantir que l’établissement puisse fonctionner de manière optimale et offrir une éducation de qualité aux élèves.
Ma fille est scolarisée, pour des raisons liées à mon activité professionnelle, et depuis 1 an, sur Toulouse où elle à terminé son collège, après 3 ans passés à Gourdon.
Elle a constaté d’elle même 2 choses :
– la plus grande rigueur demandée aux élèves, l’obligation de respecter les règles, l’ambiance qui est plus au travail en cours.
– la taille plus importante de l’établissement qui fait que les enfants sont moins dans un cercle rapproché de connaissances, qui pour le coup, tourne trop en rond.
Chacun en fera sa propre analyse sur les possibles causes de ces différences.
Elle a fait la sienne, en me demandant de poursuivre son lycée sur Toulouse.
Je reprends la citation, qui de mon point de vue, dit des vérités, que certains n’arrivent ni à percevoir, ni à comprendre.
Déclaration de Philippe Meyrieu, pédagogue :
« Nous vivons, pour la première fois, dans une société où l’immense majorité des enfants qui viennent au monde sont des enfants désirés. Cela entraîne un renversement radical : jadis, la famille « faisait des enfants », aujourd’hui, c’est l’enfant qui fait la famille. En venant combler notre désir, l’enfant a changé de statut et est devenu notre maître : nous ne pouvons rien lui refuser, au risque de devenir de « mauvais parents »…
Ce phénomène a été enrôlé par le libéralisme marchand : la société de consommation met, en effet, à notre disposition une infinité de gadgets que nous n’avons qu’à acheter pour satisfaire les caprices de notre progéniture.
Cette conjonction entre un phénomène démographique et l’émergence du caprice mondialisé, dans une économie qui fait de la pulsion d’achat la matrice du comportement humain, ébranle les configurations traditionnelles du système scolaire.
Pour avoir enseigné récemment en CM2 après une interruption de plusieurs années, je n’ai pas tant été frappé par la baisse du niveau que par l’extraordinaire difficulté à contenir une classe qui s’apparente à une cocotte-minute.
Dans l’ensemble, les élèves ne sont pas violents ou agressifs, mais ils ne tiennent pas en place. Le professeur doit passer son temps à tenter de construire ou de rétablir un cadre structurant. Il est souvent acculé à pratiquer une « pédagogie de garçon de café », courant de l’un à l’autre pour répéter individuellement une consigne pourtant donnée collectivement, calmant les uns, remettant les autres au travail.
Il est vampirisé par une demande permanente d’interlocution individuée. Il s’épuise à faire baisser la tension pour obtenir l’attention. Dans le monde du zapping et de la communication « en temps réel », avec une surenchère permanente des effets qui sollicite la réaction pulsionnelle immédiate, il devient de plus en plus difficile de « faire l’école ». Beaucoup de collègues buttent au quotidien sur l’impossibilité de procéder à ce que Gabriel Madinier définissait comme l’expression même de l’intelligence, « l’inversion de la dispersion ».
Dès lors que certains parents n’élèvent plus leurs enfants dans le souci du collectif, mais en vue de leur épanouissement personnel, faut-il déplorer que la culture ne soit plus une valeur partagée. »
Merci à télévision, aux réseaux « sociaux » (où l’anonymat rend plus facile le déversement de fiel), de continuer à nous permettre de nous enfoncer vers le néant.
Régis PERRIN
Très intéressante votre intervention et la citation de Meyrieu. Mais je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire par: » qui fait que les enfants sont moins dans un cercle rapproché de connaissances » de quel type de connaissance parlez vous? vous parlez des camarades qui sont trop semblables? pas assez de diversité dans le Lot?
Les profs ne sont pas toujours à la fête !
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/profs-pourquoi-j-ai-arrete-1420076?utm_source=pocket-newtab-fr-fr
Le recteur de l’académie de Toulouse Mostafa Fourar et le directeur académique des services de l’éducation nationale Xavier Papillon ont rencontré ce lundi 10 septembre le proviseur de la cité scolaire, des parents d’élèves et des enseignants. Le recteur a promis des « propositions ». Les enseignants ont interrompu la grève en attendant les propositions.
La dépêche nous a appris l’arrivée d’une nouvelle proviseure par interim lundi dernier.
Sur le thème de l’enseignement, le film « un métier sérieux » est actuellement projeté au cinéma de Gourdon; j’incite les élèves (collège et plus) comme les parents à aller le voir. Il ne s’agit pas d’un documentaire mais d’une comédie (dramatique? ). On suit durant une année scolaire plusieurs professeurs, du débutant (Vincent Lacoste) au plus aguerri (François Cluzet). « Optimiste » ou « plombant » à vous de voir…