Comment va le Vieux Cahors
Tandis que la rue du Portail-Alban rouvre après trois mois de travaux, la rue Nationale a pour sa part subi un lifting il y a plus de deux ans. L’artère commerçante jouit aujourd’hui d’une seconde vie.
Sombre, vieillotte, humide, malfamée, autant d’adjectifs que d’aucuns employaient pour évoquer la rue Nationale quelques années en arrière. Aujourd’hui, passants et commerçants s’accordent à dire que l’artère revit depuis les travaux réalisés en 2014. «C’est beaucoup mieux. Je trouve qu’il y a une belle dynamique avec des nouveaux commerces. Il y a une bonne entente entre les commerçants» raconte Stéphanie Lopez, gérante de la poissonnerie Le Banc des Saveurs.
Cette Cadurcienne a décidé de s’installer au numéro 168 où elle a ouvert le 25 novembre, faisant d’elle la dernière arrivée dans la rue Nationale. Juste en face, au French Coffee-Shop, Yann Morizur a connu la période des travaux, qui a plombé temporairement son activité, mais pour sans doute mieux la servir par la suite. «Certains commerces n’ont pas supporté cette période. Au début, mon chiffre d’affaires augmentait tous les mois mais je suis tombé à zéro pendant les travaux. Quand je me suis installé il y a 5 ans, on m’a dit que j’étais fou, que je n’allais pas durer 3 mois» se souvient-il.
Mais lui avait bien cerné le potentiel de cette rue, qu’empruntent par heure près de 500 personnes les jours de marché, selon le gérant du café. «La rue est beaucoup plus attractive depuis. La rénovation lui a donné une belle gueule. Il y a un véritable esprit de quartier. Si on me donnait le boulevard aujourd’hui, je ne bougerais pas d’ici» ajoute Yann Morizur. À l’époque, ce dernier cherchait un local sur l’artère principale de la ville, mais les loyers étaient hors de prix : 2 000 € pour ouvrir sur Gambetta, alors que dans la rue Nationale, il a pu acheter les 138 m2 de son café pour 60 000 €.
Des commerçants heureux, des habitants frileux
Ce lieu de passage est devenu un endroit où l’on s’arrête, notamment grâce au French Coffee-Shop, qui de plus attire beaucoup les jeunes qui boudaient le vieux Cahors auparavant. Ce rajeunissement est aussi constaté par Chantal Le Mindu, de l’agence immobilière Mazelié.
D’après elle, l’intérêt affiché par les commerçants ne se retrouve pas chez les particuliers. «La rue n’intéresse pas les locataires. Elle n’est pas très réputée pour y habiter. Généralement, les gens qui cherchent un logement me demandent d’éviter le vieux Cahors» dit-elle. Rendre l’habitat plus attractif dans le secteur sauvegardé est l’objectif de l’OPAH-RU, l’opération de renouvellement urbain lancée par la mairie et le Grand Cahors en 2015.
Au 168 rue Nationale, Paula Dajean a profité du programme et des aides des collectivités pour rénover l’immeuble entier et en faire un triplex de 80 m2. «J’ai été incitée par des amis qui habitent la rue. Je trouvais que c’était une rue piétonne vivante. C’était un vrai challenge car ce n’est pas évident d’investir en ville. En plus le secteur sauvegardé est très contraignant» déclare la propriétaire.
Ce genre d’initiative est évidemment encouragée par le maire Jean-Marc Vayssouze : «J’ai envie que les gens prennent des risques. La rue Nationale a été revitalisée pour le retour des habitants dans le centre. Ces bâtiments étaient laissés à l’abandon depuis des décennies. On ne peut plus faire ce qu’on faisait il y a 10 ans» a-t-il déclaré jeudi 20 avril, lors de la visite de l’immeuble rénové de Paula Dajean, qui pourra bientôt accueillir une famille, au-dessus de la poissonnerie de Stéphanie Lopez. Un bel exemple de mixité fonctionnelle dans une rue Nationale qui jouit d’une nouvelle vie.
La rue du Portail-Alban inaugurée ce matin puis rouverte lundi
L’inauguration des travaux de rénovation de la rue du Portail-Alban aura lieu aujourd’hui à 11 heures. À cette occasion, la rue sera piétonne toute la journée. Les commerçants de la rue organisent une braderie de 10 heures à 19 heures, permettant aux chalands de profiter des nouveaux aménagements. La rue du Portail-Alban sera rouverte à la circulation le lundi 24 avril à 9 heures. Celle-ci ne comportera plus de places de stationnement mais de simples arrêts minute. L’artère était coupée depuis le 30 janvier.
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L’inauguration de la rue du Portail Alban: Élus, commerçants et riverains ont inauguré hier la rue du Portail-Alban, qui après trois mois de travaux a rouvert aux passants. Dès demain 9 heures, les voitures aussi y circuleront à nouveau.
«C’est beaucoup mieux comme ça, je suis très contente», se réjouit Hélène, qui habite la rue du Portail-Alban depuis dix ans. Finis les trottoirs étroits, exit les voitures stationnées qui cachaient les devantures de magasins, au revoir les nids-de-poule, l’artère reliant le boulevard Gambetta à la place de la Libération rouvre dans une version «new-look», ce qui n’est pas pour déplaire aux riverains. L’inauguration de la rue rénovée s’est déroulée hier à partir de 11 heures, sous un beau soleil et sur un goudron encore frais de la veille.
En présence de nombreux élus de la ville, commerçants et habitants ont découvert ensemble le nouvel aspect de leur rue délivrée des engins de travaux. Un chantier qui aura duré 83 jours exactement pour une livraison dans les temps. Restent quelques finitions à opérer au pied des façades. Mais certains commerçants de la rue aimeraient voir arriver d’autres aménagements, tels que des barrières pour séparer la chaussée des trottoirs comme on en voit le long de la rue Foch, dont l’usage semi-piéton intéresse aussi beaucoup les riverains de Portail-Alban. Mais pour le maire Jean-Marc Vayssouze, un plot amovible et un système de badges n’est pas envisageable dans cet axe primordial pour la circulation automobile dans la ville.
«À nous d’animer la rue» lance un commerçant
En revanche, le maire a donné lors de l’inauguration son accord de principe pour fermer la rue aux voitures ponctuellement, sur demande des commerçants. René Baffalie, qui tient une droguerie dans le haut de la rue depuis 38 ans, imaginerait bien une piétonnisation de l’artère un samedi par mois au minimum. «C’est à nous d’animer la rue maintenant. C’est nous qui l’avons décorée pour l’inauguration», souligne-t-il. Le quincaillier réfléchit avec Brigitte Delbar, de l’Atelier de Loulou, à la création d’une association regroupant la quinzaine de commerçants de la rue.
Plus bas, Pascal Plas, gérant du bar-tabac, abonde dans le sens de ses voisins. Après trois mois de travaux durs à encaisser pour leur chiffre d’affaires, ces derniers sont bien décidés à profiter de la nouvelle peau de la rue du Portail-Alban.
Mathieu Fontaine