Conférence patrimoine : peut-on tout conserver?

Le département recèle de nombreux trésors architecturaux tels que ses châteaux, ses églises, ses caselles, ses murets en pierres sèches,  ses maisons troglodites , ses chemins de halages etc…

Dans un rayons de 5 km autour de la ville de Cahors, il a été dénombré  8 pigeonniers, parfois abandonnés par leurs propriétaires, comme celui sur les 

hauteurs de Regourd non loin du cimetière coordonnées gps  44,47416N      1,43081E

D’autres magnifiques pigeonniers sont visibles  sur la commune de Fontanes Pech-Marty ( photo de l’article), ou à Fontanes-Castelas.

Si vous voulez vous cultivez ou connaître simplement la localisation de ces pigeonniers, je vous  recommande de lire le blog dont l’adresse est mentionnée  ci-dessous (une mine d’informations) pigeonniers-du-lot.wifeo.com/generalite.php

Dans le cadre du mois de l’architecture
SAMEDI 21 OCTOBRE 2023 à Cahors à 17h : CONFÉRENCE DÉBAT
“ Quel avenir pour le patrimoine ? Peut-on tout conserver ? ”

Espace congrès Clément-Marot à Cahors
3, place Bessières, Rue Pierre Mendès France, 46000 Cahors

Dispensée par Gilles Séraphin, architecte du patrimoine / archéologue du bâti. Elle sera suivie d’un débat animé par Bernard Delpech, élu de la ville de Cahors en présence de Pierre Sicard, Architecte des Bâtiments de France, Mathieu Larribe, directeur du CAUE du Lot, Benoît Melon, direction des patrimoines, ministère de la Culture et Laure Courget directrice du patrimoine, ville de Cahors.

Les participants sont invités à contribuer à ces échanges.

Pour en savoir un peu plus sur les pigeonniers

Destruction du régime de privilège

Le pigeonnier était un symbole de prestige et de rapport, considéré comme « une des pièces de la maison de campagne [apportant] le plus de profit ». Fournissant des pigeonneaux et des œufs pour la consommation du propriétaire ou pour la vente, on y récupérait aussi la colombine (déjections des pigeons riche en azote) pour l’utiliser comme engrais dans les cultures.

Avant la révolution française, le droit de colombier variait d’une province à une autre comme l’expliquait Pierre Jacquet, auteur du Traité des fiefs: « Rien n’est moins uniforme dans le Royaume que le droit de colombier. Il y a autant d’usages différents en cette matière qu’il y a de Provinces. »

Un droit de colombier, proscrit sur toute « terre de roture », était accordé sauf exceptions aux seigneurs haut-justiciers ou aux non haut-justiciers possédant plus de 50 arpents de terres. Cela leur permettait de construire un pigeonnier à pied (isolé, avec rez-de-chaussée). Ceux qui disposaient de terres dont la superficie était moindre ne pouvaient avoir qu’une sorte de volière ou grenier fermés par un volet ou bien un pigeonnier sur piliers, ne contenant que quelques pigeons domestiques.

Contrairement au reste de la France où le droit de colombier n’est accordé qu’aux nobles, il est possible dans le Limousin, à toute personne ayant reçu une autorisation seigneuriale, de construire un colombier à pied avec boulins jusqu’au sol.

Après la destruction du régime féodal du 4 août 1789, les droits exclusifs des fuies et colombiers ont été abolis. Dès lors, de nouveaux ouvrages de taille et de formes diverses, certains très travaillés, sont apparus tout au long du XIXème siècle pour y accueillir des oiseaux.

Diverses appellations

Il existe différents termes pour désigner les édifices destinés à l’abri ou à l’élevage des pigeonneaux et le sens de ces appellations peut varier en fonction d’une époque, d’une région ou d’une architecture.Au XVIIIème siècle par exemple, seul le colombier à pied est considéré comme colombier tandis que le pigeonnier désigne les ouvrages plus modestes comme les fuies ou les volières. A la même époque, la fuie (ou fuye) peut aussi bien désigner une volière dont l’ouverture peut être fermée par un volet, qu’un édifice sans couverture où vivent des pigeons plus sauvages. Ce type de construction aurait été plus présent en Beauce.
Imposant pigeonnier en briques avec randière, corniche et chaînage d’angle en pierre. Décors en briques vernissées et encorbellement travaillé. La toiture conique couverte de tuiles plates est percée de deux lucarnes en brique et pierre et surmontée d’un lucarnon à épi de faîtage en forme de pigeon. 

Aujourd’hui, le colombier est un terme synonyme du pigeonnier mais se rapporte particulièrement aux tours rondes des communs des châteaux et des manoirs. Une fuie désignera plutôt un trou sur une façade dans lequel l’oiseau peut entrer ou simplement un ancien pigeonnier, notamment dans le Bas-Poitou ou en Charente-Maritime.

Architecture

L’architecture des pigeonniers varie selon les régions ou le domaine où ils sont construits. Pourtant, des éléments communs peuvent être relevés sur ces constructions.

Différents types

Pigeonnier cabane à les Escarits (Haut-Quercy).

Ouvrage en pierre sèche avec toiture en lauze légèrement campaniforme, reposant sur une voûte en encorbellement classique des Causses du Haut-Quercy.La partie inférieure servait de remise tandis que la partie accueillait les pigeons. 

En 1763, Pierre Jacquet, définit trois types de pigeonniers : 

  1. celui qui a ou peut avoir des boulins depuis le rez-de-chaussée jusqu’en haut.
  2. celui qui est bâti sur des solives ou piliers columbarium sub pedibus.
  3. la simple volière ou volet à pigeons. 

Pigeonnier à pied

Construction implantée au centre de la cour ou isolée à l’extérieur de la propriété, apparaissant sous la forme d’une tour, de section ronde ou à base carrée, triangulaire ou polygonale.

Ces pigeonniers étaient réservés à la noblesse disposant d’un droit de colombier. Les nids, appelés aussi boulins, étaient arrangés sur toute la hauteur intérieure  de l’édifice, du rez-de-chaussée au sommet du pigeonnier.

Pigeonnier sur « piliers ou solive » ou pigeonnier « à cheval »

De base rectangulaire, ou polygonale, construits en pan de bois ou en maçonnerie, l’habitation des pigeons est implantée surélevée du sol au moyen de pilotis en bois ou en pierre, permettant de repousser les prédateurs. Ce type de pigeonnier était accordé à l’époque féodale à des propriétaires dont les terrains étaient inférieurs à 50 arpents.

Les piliers permettent aussi de repousser les prédateurs.

Pigeonnier porche

Le porche, signe d’opulence, marque l’entrée dans une propriété. Elle comporte un colombier sous sa toiture et dispose généralement d’un nombre limité de boulins facilitant l’entretien par les propriétaires. 

Pigeonnier compris dans le mur d’une habitation ou d’un bâtiment agricole

Il s’agit la plupart de quelques trous à hauteur du grenier incorporés dans un mur de l’habitation ou sur un bâtiment. Il est appelé aussi pigeonnier domestique ou fuie. Après 1789, ce type d’ouvertures extérieures se développent en façade des habitations et leur nombre est révélateur des moyens financiers des propriétaires ou de leur possession de terres céréalières. On en trouve de nombreux exemples dans le Quercy.

Pigeonnier tourelle

Construction de forme carrée ou ronde s’intégrant au milieu ou à un angle de la propriété. Ce pigeonnier est un peu plus haut que les bâtiments qui l’entourent.

Emplacement

Le pigeonnier situé sur une propriété, se trouve souvent éloigné de l’habitation. Il peut être indépendant ou compris dans un ensemble de bâtiments. La construction du pigeonnier en retrait s’explique par les désagréments de bruits et d’odeurs générés par les oiseaux. Inversement, son isolement répondait au besoin de calme des pigeons.

Construit le plus souvent sur terrain sec, il s’oriente vers le sud et contre les vents dominants.

Matériaux

Cet édifice construit en pierre, en pan de bois, en brique ou encore en bauge, est couvert de tuiles plates, d’ardoises ou de lauzes. Suivant les régions, il peut être de pied, sur piliers, colonne ou porche et de forme carrée, ronde, triangulaire ou octogonale. Certaines constructions comportent plusieurs niveaux, parfois divisés pour divers usages (poulailler, remise, habitation,…). 

Dispositifs de protection

Le pigeonnier isolé, de section carrée ou ronde est généralement ceinturé totalement ou partiellement d’une corniche (ou randière) de pierre, de briques, de plâtre ou d’un débord incliné de tuiles. En plus d’empêcher l’accès aux rongeurs (rats, fouines, belettes) qui pourraient manger les pigeonneaux ou les œufs, ce débord a l’avantage d’éviter le ruissellement des eaux de pluie.

D’autres pigeonniers disposent d’un haut soubassement en pierre ou reposent sur des piliers ou colonnes renforçant la sécurité contre les nuisibles.

Ouvertures

Le pigeonnier comporte une ou plusieurs fenêtres ou lucarnes par lesquelles entrent les pigeons. Ces ouvertures laissent également passer l’air et le jour dans la construction.

Certains bâtis disposent de volets rabattus le soir pour éviter les attaques de prédateurs. D’autres, pour se protéger des rapaces, comportent des grilles d’envol en bois, plâtre ou pierre, dont les ouvertures sont adaptées à la taille des volatiles.

Une plage d’envol (ou pierre d’envol) servant de perchoir ou facilitant la réception de l’oiseau se trouve généralement devant la fenêtre ou la grille d’envol du pigeonnier.

Organisation intérieure

Les murs intérieurs du pigeonnier disposent de boulins (nids) accueillant chacun un ou deux pigeons. Ils se présentent sous diverses formes : en nids posés simplement sur une structure ou bien façonnés ou compris dans la maçonnerie du pigeonnier.

Les boulins peuvent être réalisés en terre cuite ou avec des tuiles retournées incrustées dans le mur du pigeonnier.  Ils peuvent être aussi compris dans l’épaisseur d’un mur en pierre ou en brique dont l’appareillage aura été étudié pour laisser un creux dans l’épaisseur du mur et que les volatiles pourront occuper.

Autrement, certains boulins sont façonnés directement sur une armature en bois couverte de torchis.

Dans un guide décrivant l’architecture du colombier au XVIIIème, il est d’ailleurs recommandé que les nids « soient plus grands que petits, afin que le mâle et la femelle puissent y tenir debout ».

Généralement, une échelle tournante droite ou courbée vers le haut, attachée à un pivot central, donne accès à toutes les niches afin de récupérer un pigeonneau, ses œufs ou la colombine. Ces trous sont arrangés sur toute la hauteur de l’édifice à pieds ou seulement sur la partie haute, l’espace laissé libre en rez-de-chaussée permettant alors d’accueillir un poulailler ou une remise.

Le nombre de boulins était généralement lié à la surface des terres que possédait le propriétaire. 

D’après Jacqueline Fortin, ancienne déléguée des Maisons Paysannes de Charente-Maritime, il fallait un terrain de 36 arpents pour avoir un pigeonnier de 120 boulins. Certains pigeonniers peuvent contenir jusqu’à 3600 boulins.