Résistance et non résilience
Conférence sur le thème de la résilience proposée par le comité ATTAC Lot et animée par Thierry Ribault, chercheur au CNRS, le samedi 14 janvier à 18h au cinéma le Paris à Souillac. La conférence se déroulera en 3 temps: dans un premier temps, diffusion d’un film d’une cinquantaine de minutes. Puis la conférence qui s’appuiera sur le film et enfin un échange avec le public. La soirée sera cloturée par le verre de l’amitié.
Dans le film Gambaro (courage en japonais), les réalisateurs ont recueilli la parole des personnes qui, loin de se positionner comme victimes ont adopté des postures qui sont le fruit d’une mûre réflexion. Ils sont les survivants d’une catastrophe nucléaire. Dans cette méditation sur Sisiphe, sur la relation de l’individu à l’Etat, sur la résistance ou la soumission, sur le déni et sur la signification profonde du fait d’être « sauvé » c’est bien la menace qui constitue un des grands thèmes du film : celle que le désastre nucléaire fait peser sur ce qu’il y a encore d’humain en l’homme.
Le film Gambarô a reçu le prix du Fukushima Film Festival Our Planet-TV, Tokyo- Fukushima, septembre 2014.
La résilience permet de refouler les sentiments de colère et d’impuissance provoqués par la catastrophe. Ce qui revient à gommer progressivement la gravité de la situation. Parmi les moyens de provoquer cette « amnésie collective » on peut citer la réévaluation du seuil d’« inacceptabilité » des radiations, qui est ainsi passé de 1 à 20 mSv par an. Le leitmotiv des autorités c’est que l’on peut vivre en territoire contaminé : En devenant actrices, les populations finissent pas basculer dans la « positivation » de leur malheur. (…)
La conscience de la gravité d’une situation et la peur qu’elle inspire (elle aussi prohibée par la résilience au nom de l’impératif de dépassement), sont des moments cruciaux pour nous amener à nous questionner individuellement et collectivement sur les causes réelles qui mènent à ces situations de catastrophes. La résilience semble agir comme un fétiche religieux : on ne souffre plus en vain, on est dans un refoulement sans fin de cette conscience. Passer de la résilience à la résistance c’est se remettre en accord avec sa conscience en agissant sur la cause de la catastrophe. En s’opposant à la cause, l’industrie nucléaire civile et militaire, on peut s’offrir, et offrir aux autres, une thérapeutique beaucoup plus réaliste et efficace. Le nucléaire n’est pas un rêve, il serait temps de se réveiller.
Commentaires les plus récents