Conseil départemental le point sur 2020, le budget 2021
2021 fera-t-elle oublier 2020 ? Pas si sûr car elle portera les stigmates d’une année budgétaire plus délicate que prévu. Inquiet pour ce nouvel exercice qui s’annonce, le département du Lot fait le choix de soutenir les Lotois envers et contre la crise.
Covid ou pas, l’assemblée départementale doit poursuivre sa stratégie de politique publique. Le débat d’orientation budgétaire 2021 n’y échappe pas. Même si – une fois n’est pas coutume –, c’est en visioconférence que la séance de ce lundi a été retransmise, faute de pouvoir accueillir du public.
Et c’est Guillaume Baldy qui a déployé tout son talent d’orateur pour rendre accessible à tous cet exercice financier aussi complexe à présenter que l’équilibre budgétaire l’est à appliquer pour le conseil départemental du Lot.
Face à l’impérieuse nécessité d’aider les plus faibles touchés par la crise, le département n’a pas failli à ses missions de solidarité, notamment pour faire face à une augmentation sans précédent du nombre de bénéficiaires du RSA, +14 %.
« Nos dépenses 2020 sont estimées en progression de 4,6 % par rapport à l’année dernière. Deux tiers proviennent en effet des dépenses sociales (insertion, enfance, personnes âgées, etc.). La crise sanitaire a eu pour effet de réduire certaines dépenses mais pas dans les mêmes proportions que les hausses qu’elle a engendrées », faisait observer le vice-président, rapporteur du budget, en pointant cet effet ciseau.
Ainsi en 2021, +1,6 % de dépenses de fonctionnement supplémentaires sont attendues, pour – 4 % de recettes.
Un investissement dopé par 10 M€ supplémentaires
Pour autant, le département ne s’en sort pas si mal au regard des efforts consentis. Ainsi son épargne nette qui avait atteint un niveau moyen de 18 millions d’euros (M€) entre 2014 et 2019 grâce au fonds de péréquation, se situera aux alentours de 17 M€ en 2020, mais chutera à 5 M€ pour 2021.
Cette capacité a permis un autofinancement moyen des investissements de 57 %.
Alors quid de 2021 ? Contre toute attente, le département ne cédera pas un iota face à la crise. Bien au contraire il va doper son investissement de 10 M€ supplémentaires, soit une hausse de 20,7 % par rapport à l’année précédente. Pour Serge Rigal : « Ce débat d’orientation budgétaire n’aura jamais été aussi stratégique. Ce budget sera une arme face à la crise, pour surmonter au mieux cette situation. »
Par conséquent, l’enveloppe consacrée à l’investissement sera de 58 M€ en 2021. « Les investissements décidés localement sont primordiaux pour la relance du secteur économique », affirmait Guillaume Baldy.
Pour cela, le département du Lot va pouvoir s’appuyer sur un encours de la dette en baisse régulière depuis 2015 qui équivaut à 80 M€ en 2020. « En ayant recours à l’emprunt de façon massive, nous dérogeons à la règle que nous nous sommes fixée. Ceci étant, compte tenu de notre faible niveau d’endettement, cela est parfaitement envisageable », rappelait Guillaume Baldy, à l’instar de Serge Rigal qui « louait cette gestion rigoureuse et prudente ».
Une marge de manœuvre ô combien appréciable en ces temps de crise. Et face à l’incertitude de ce que sera la proportion de TVA allouée par l’Etat pour compenser la perte de la taxe foncière sur le bâti transféré aux communes. Cette décision fiscale a laissé hier un goût amer dans l’hémicycle.
Budget 2021 : ce qu’ils en disent
Denis Marre. « Quand on se regarde on se désole, quand on se compare on se console. C’est un budget 2021 finalement très prudent qui va nous permettre de continuer à investir, tout en assumant nos dépenses sociales. »
Vincent Bouillaguet. « Si l’Etat n’équilibre pas ses comptes, nous collectivités locales le faisons. Pourtant on nous impose des compensations aléatoires et volatiles qui fragilisent nos ressources financières, tels le fonds de péréquation ou le DMTO (droits de mutation à titre onéreux). Par ailleurs, le taux d’emprunt est tellement bas qu’on aurait tort de s’en priver. »
Pascal Lewicki. « Guillaume Baldy a été très bon pour démontrer cette gestion rigoureuse et la compétence de nos services. Le gros effort d’investissement consenti est nécessaire pour le monde du TP, du bâtiment et nos entreprises. »
André Mellinger. « Dire qu’à la fin du mandat précédent, il était question de supprimer l’échelon départemental. Et bien, le département a fait preuve d’une magnifique résilience. Il a su rebondir malgré des règles du jeu qui changent constamment et qui nous rendent complètement dépendant aux dotations d’Etat qui fluctuent elles-mêmes au gré des votes des lois de finances successives. »
Serge Bladinières. « Ce sursaut du département est à saluer, en 2021 c’est grâce à la rigueur dont nous avons su faire preuve depuis de nombreuses années. »
Christophe Proença a noté le soutien exceptionnel pour les associations et établissements médico-sociaux qui pourraient être impactés par la Covid en 2021.
Caroline Mey-Fau. « L’autonomie financière des départements est bafouée. Il faudrait une nouvelle étape de décentralisation qui rendrait à l’Etat ses missions régaliennes, notamment sur la solidarité. »
Au rang des investissements
En priorité n° 1 du mandat : l’aménagement numérique du territoire. Concernant le domaine de l’éducation : la salle technologique du collège de Cajarc, l’espace technologique au collège Olivier-de-Magny de Cahors, la fin des travaux de rénovation des façades du collège de Prayssac, le lancement des travaux pour celles de Saint-Céré, l’amélioration des bâtiments de restauration à Vayrac, la construction du nouveau collège de Bretenoux.
Pour les infrastructures routières : la déviation de Vayrac, la côte du Cluzel, la RD 656 Villesèque-Sauzet, et le giratoire de Gourdon.
Des crédits seront également inscrits pour aider les établissements sociaux et médico-sociaux qui se retrouveraient en difficulté face à la crise de la Covid. De même, 250 000 € seront prévus pour d’éventuelles demandes de subventions de fonctionnement du milieu associatif.
Notez que le dispositif d’aides pour l’acquisition de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou vélos électriques pour les particuliers sera reconduit à hauteur d’un million d’euros.
L’assemblée départementale lotoise a rendu hommage à deux de ses élus, hier matin, en observant une minute de silence. Jean-Jacques Raffy, conseiller cantonal et départemental durant seize ans pour le secteur de Cajarc-Causse et Vallée, et Serge Nouailles, son homologue sur le canton de Cahors 2 qui l’avait élu en 2015.
Leur disparition a bouleversé les conseillers départementaux qui ont dû procéder à l’élection de deux nouveaux élus pour recomposer l’exécutif lotois. Il s’agit de leurs suppléants, Alain Marty et Didier Labro ; ils siégeaient pour la première fois, ce lundi.
Laetitia Bertoni La Dépêche extrait
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