Crubillé sur la selette
A Gourdon, Louis Crubillé fait l’unanimité… contre lui. Il voulait faire tomber la maison Gourdon ; la maison est en train de lui tomber sur le dos ! Néanmoins, il faut reconnaître à Louis Crubillé la faculté d’avoir rassemblé : hier en mairie, majorité et opposition étaient d’accord pour retoquer ses arguments et contester sa méthode.
Ses arguments concernent les chiffres de Gourdon : dans son «étude comptable de la ville de Gourdon», l’administré déplore entre autres «des marges nettes négatives depuis 2012, une capacité d’autofinancement négative, ou un recul trop lent de l’endettement global de la commune».
Le maire Marie-Odile Delcamp note que ni la sous-préfecture, ni la cour des comptes n’ont trouvé matière à contester les chiffres de la municipalité. «Peut-être confond-il compte administratif et budget», avance l’adjoint aux finances, Michel Cammas. Toujours est-il qu’il «n’y a pas d’explosion fiscale à Gourdon, pas de surendettement non plus ; que nous avons investi 5,80 M€ depuis 2008 sans emprunts supplémentaires (donc en autofinancement)». Et parallèlement, «nous sommes parvenus à sortir des emprunts toxiques», ajoute le maire.
L’opposition, apporte sa touche : «Certes nous n’avons pas voté les budgets, exclusivement pour des raisons d’orientations politiques. Pas parce que nous avons constaté des irrégularités» commente Jean-Louis Constant qui poursuit au sujet du jeune Gourdonnais : «Son ambition est de faire démissionner le conseil municipal pour provoquer de nouvelles élections. Mais en aucun cas il ne parle au nom des élus de l’opposition».
Pas du comité Juppé non plus puisque Louis Crubillé ne figure plus sur les soutiens du comité du Lot ; et pas non plus au nom des Républicains de Lot. «Certes il apparaît effectivement sur les fichiers de la fédération du Lot depuis septembre 2016,», explique Brigitte Rivière (secrétaire départementale des Républicains), «mais en aucun cas nous ne cautionnons sa démarche».
Bref, Louis Crubillé avance seul. Et il continue en proposant une réunion publique à Gourdon le 23 septembre.
«Qu’un jeune s’intéresse à la vie politique, qu’il veuille y participer : tant mieux. Mais il va trop loin» regrette Marie-Odile Delcamp. Au-delà des arguments avancés par son administré, elle déplore la méthode : «Dans un tract annonçant sa réunion publique, il annonce la présence du maire. C’est de la publicité mensongère, car je vous informe que je n’y serai pas…»
Pour l’heure une main courante a été déposée en gendarmerie, et le maire n’exclut pas de déposer plainte.
La Dépêche du Midi en observateur
Dans un document qu’il a diffusé sur la commune, Louis Crubillé annonce qu’il propose une réunion publique le 23 septembre à 18 h 30 à Gourdon pour évoquer les finances de Gourdon. Le document reprend également un article de la Dépêche du Midi paru le 2 août, où sont exposés ses arguments et ceux de Marie-Odile Delcamp.
Une démarche qui pourrait être flatteuse si elle n’induisait pas les Gourdonnais en erreur : en aucun cas La Dépêche du Midi n’est à l’origine de cette initiative.
Notre titre observe, relate et commente ce dossier gourdonnais, mais n’en est pas acteur.
Voilà qui est dit clairement.
Les finances de la Ville sont-elles au plus mal ?
La question agite le landernau, depuis que Louis Crubillé, étudiant en droit, originaire de Gourdon, a mis le feu aux poudres, en dépeignant une situation, « critique ».
« Parce que Gourdon est ma ville natale, parce que dans le cadre de mes études de droit, je me suis penché sur l’évolution des finances publiques de la Ville, je tire la sonnette d’alarme ! » déclare Louis Crubillé, qui ne cache pas non plus, son appétit pour la politique. Pour l’heure, Marie-Odile Delcamp, maire de Gourdon, a vivement contesté les déclarations du jeune homme et brandit la menace d’une attaque en diffamation.
Réunion publique le 23 septembre à Gourdon
Depuis 2012, Louis Crubillé, 21 ans, étudiant en Droit à l’université de Toulouse, aujourd’hui en première année de maîtrise de droit public, s’intéresse de près aux comptes de la Ville de Gourdon. Ses travaux ont fait l’objet d’un mémoire intitulé : « Etude comptable de la Ville de Gourdon », comptant 80 pages, daté de juin 2016. L’ouvrage s’appuie sur la documentation publique de la Ville de Gourdon, sur l’évolution du nombre d’habitants, les capacités de financement de Gourdon, l’analyse de la fiscalité locale, de l’endettement, du remboursement et des taux d’intérêts de la dette.
Dans un premier temps, Louis Crubillé, cherche à expliquer la dégradation de la situation générale de Gourdon, depuis 2012. Sur le plan démographique, Gourdon enregistre une baisse continuelle de sa population, passant de 4 810 habitants en 2012 à 4 447 en 2016, soit une perte de 363 habitants en quatre ans.
Ensuite, le doigt est pointé sur l’impact que représente sur la charge financière de la Ville, la hausse des taux d’intérêts des crédits toxiques. Il est mis en avant une marge d’autofinancement négative, générant une « explosion de la fiscalité ».
Louis Crubillé organise une réunion publique, le vendredi 23 septembre à 18h 30, à la salle des Pargueminiers de Gourdon, pour expliquer « dans le détail, » la situation financière de Gourdon. Il invite Mme le maire de Gourdon à prendre part au débat.
Opposé à l’abattage des platanes du tour de ville
Autre pomme de discorde entre Louis Crubillé et la mairie : le projet d’abattage des platanes sur le tour de ville. Selon Louis Crubillé, « cette opération n’a pas lieu d’être » dès lors qu’elle ne ferait qu’aggraver les comptes publics. Programmé sur cinq tranches, dont la première s’élèverait à un coût de 500 000 euros, ce projet, quoique largement subventionné, tendrait à grever encore un peu plus, le budget de la Ville, selon le même filtre d’analyse. « Pourquoi ne pas s’engager plutôt dans un projet de soutien au commerce local, en répondant aux attentes de la population ; à savoir : aménager le parking du foirail et instaurer une navette faisant le lien avec le tour de ville ? » s’exclame-t-il. S’agissant de la réfection des trottoirs, le jeune homme propose que celle-ci soit assurée par le personnel de la Ville.
Louis Crubillé prépare la constitution d’une association de « Défense des intérêts des Gourdonnais ». Par ailleurs, il se serait attaché le soutien de l’avocat Guy Debuisson, pour enfoncer le clou de ses allégations. Ce jeune citoyen engagé, termine : « mon devoir est de m’impliquer dans la vie ! » Voilà en tout cas, une entrée en politique, qui ne passe pas inaperçue !
Louis Crubillé annonce l’annulation de sa réunion publique du 23 septembre.
Jusqu’ici nous avions souhaité être mesurés dans nos réactions, eu égard à la famille de Louis Crubillé, mais à présent, il faut qu’un certain nombre de choses soient dites », déclare Marie-Odile Delcamp, maire de Gourdon, entourée de Jean-Louis Constant, membre de l’opposition, Michel Cammas adjoint aux Finances, Sylvie Theulier représentante des Républicains.
« Là, les limites sont dépassées ! » poursuit Mme Delcamp. Même si l’élue se félicite qu’un jeune homme de la ville s’intéresse à la vie politique, elle met en doute dans un premier temps, les qualités que le jeune homme met en avant : membre du parti Les Républicains, membre du Comité d’Alain Juppé, étudiant en maîtrise de droit. Ayant eu vent de ces mises en cause, l’intéressé a fait valoir copie des documents attestant de ses engagements politiques. Quant à son niveau d’études en droit, il a présenté ses excuses pour avoir dit qu’il était en première année de Maîtrise de droit, alors qu’il débute la deuxième année de droit. « Je voulais surtout indiquer que mon mémoire sur la comptabilité de Gourdon, est du niveau de première année de Maîtrise de droit, mais je reconnais mon erreur ». Soit.
Mme Delcamp dénonce ce qu’elle qualifie « d’imposture » quant aux propos tenus par Louis Crubillé, sur la comptabilité de la Ville de Gourdon. Elle rappelle que les comptes de la Ville sont validés par la Sous-préfecture et la Chambre régionale des comptes. « Certes, il n’est un secret pour personne que la situation financière de Gourdon est difficile, mais d’une année à l’autre les chiffres s’améliorent ! » affirme Mme le maire. Elle précise qu’après 8 ans d’efforts, la mairie a réussi à renégocier les emprunts toxiques. Elle indique que la lecture des comptes de la Ville ne peut se faire que sur les comptes administratifs ; « c’est le seul document fiable ! » insiste-t-elle. L’élue relève une interprétation erronée du jeune homme : « Faire valoir 7,5 millions de dettes, sans replacer les chiffres dans leur contexte, n’est pas une démarche sincère et génère une confusion qui ne reflète pas la réalité de la situation. »
Autre constat de Marie-Odile Delcamp, qui n’a pas à être mis sur le dos de la mairie : « La Ville a perdu 800 000 euros du seul fait de la politique gouvernementale ! »
M. Cammas se veut pédagogue et prenant exemple sur sa feuille d’impôt, il explique : « De 2012 à 2016, ma feuille d’impôt a augmenté de 1,7 % ; comment peut-on, en pareille situation parler d’explosion fiscale, comme le fait M. Crubillé ? » Seul point qui n’est pas contesté dans l’analyse de Louis Crubillé, le fait que la population de Gourdon, accuse une baisse continuelle ces dernières années.
Il est reproché à Louis Crubillé de ne pas savoir lire les écritures comptables et de jeter des chiffres en pâture sur la place publique.
Contrairement aux allégations de Louis Crubillé, l’évolution de l’endettement de la Ville a été réduit.
Pour sa part, M. Constant, n’adhère pas non plus aux démonstrations de Louis Crubillé. Et il déclare : « La raison pour laquelle nous n’avons pas voté le budget de la Ville de Gourdon, ce n’est pas parce que nous aurions à dénoncer des irrégularités dans les comptes, mais tout simplement parce que nous ne partageons pas les orientations de la Majorité. Notre première réaction avait été de protéger ce jeune homme, mais personne ne peut le canaliser ; c’est un électron libre ! » Des mains courantes ont été déposées en gendarmerie et une plainte pourrait suivre…
La Vie Quercynoise