Dans le Lot, les routiers peuvent enfin prendre un repas au chaud

Depuis lundi, les routiers privés de repas au restaurant peuvent désormais manger au chaud dans trois relais routiers du Lot grâce à une autorisation de la préfecture.

Les premiers arrivent à 19 heures. 600 km dans les jambes, un bonjour discret, regard encore un peu embrouillé par la route, un Picon sur le comptoir et quelques minutes pour démarrer la conversation. À Espère, l’auberge de l’espérance n’a jamais aussi bien porté son nom. Le relais restaurant ne pouvait plus accueillir de routiers pour manger en salle depuis le vendredi 30 octobre.

Mais lundi dernier, les prières de Cédric Laudoueineix, le gérant du relais, ont été exaucées: grâce à une autorisation de la préfecture, il peut recevoir de nouveau les chauffeurs à l’intérieur de son restaurant. Comme lui, deux autres relais routiers du Lot peuvent désormais servir des repas chauds en salle aux chauffeurs: le restaurant La Farandole chez JC à Bétaille et Aux Saveurs Du Causse à Cambes. Les routiers peuvent aussi de nouveau profiter des douches.

« Comme des chiens »

« Un responsable du Ministère des transports m’a appelé un jour et m’a demandé si je voulais rouvrir pour les routiers, pardi que je voulais », explique le patron de l’établissement d’Espère qui fait déjà des plats à emporter. Les chauffeurs représentent 90 % de sa clientèle. Hors période Covid, entre 15 et 20 camionneurs se garent sur le parking le soir pour manger au chaud. Mais, depuis le nouveau confinement, ils devaient se contenter de manger leur gamelle sur le parking ou dans leur camion. « Au premier confinement c’était déjà le cas mais ça posait moins de problèmes car il faisait bon dehors, cette fois-ci, ils mangeaient dans le froid, sur le hayon du camion, sur une pierre ou une marche, comme des chiens, ça faisait peine à voir », raconte Cédric Laudoueinex. Parmi les premiers clients qui arrivent ce mardi, Pascal, de Nancy, vient de rouler neuf heures. « Pendant ces derniers jours on a eu l’impression d’être traités comme des pestiférés, parfois, quand on trouvait un resto qui servait, le temps qu’on revienne au camion, c’était déjà froid », confie-t-il.

Comme à la maison

Même malgré ces nouvelles autorisations, il faut parfois faire beaucoup de route avant de trouver un petit coin de table. « Depuis l’A20, le prochain restaurant pour nous accueillir est à Limoges », glisse le conducteur. Damien, de Nancy, a mal vécu les derniers jours. Même s’il le dit entre les lignes: « On est solitaire, enfermé dans notre camion toute la journée, après le travail on a besoin de relationnel ». Un plaisir simple de boire une bière devant la télé et de papoter après une douche chaude. Comme à la maison. Ici, on connaît le patron et on peut s’éterniser un peu après le repas. « C’est un soulagement », souffle Cédric Laudoueineix même si pour lui l’impact sur le chiffre d’affaires sera minime: il a désormais besoin d’une personne pour le service en salle. Pas grave, les chauffeurs sont au chaud. Et pourront tenir la route.

Trois relais dans le Lot

Les exploitants de ces établissements reçoivent les professionnels du transport routier de 18 heures à 10 heures. Les chauffeurs seront dans l’obligation de présenter une carte professionnelle. En France, 361 établissements sont autorisés à accueillir les professionnels du transport routier, dont 41 en Occitanie.

Manon Adoue La Dépêche