De l’art et la manière de demander une augmentation
« Vous avez mûrement réfléchi. Vous avez pris votre décision et vous allez voir votre Chef de Service pour lui demander une augmentation. » Combien de fois cette même phrase, bien rythmée, stressante, déterminée, dévoilant la prise de décision indiscutable, est-elle répétée, redite, mâchée sans relâche par ces cinq personnages ? Amandine Borie, Grégory Felzines, Samuel Cohen-Hadria, Anthony Dumas et Vincent Planté, les fabuleux artistes du Théâtre de la Gargouille ont vraiment habité le texte, l’ont fait vibrer avec émotion, avec humour, avec un zeste de folie… Au début, sous l’emprise de la question fondamentale : comment vais-je m’y prendre pour obtenir cette augmentation de salaire bien méritée ? l’employé, et avec lui les spectateurs émus, surpris, intrigués, osent espérer qu’il va réussir…
Savoir remercier pour une médaille du travail !
Dans ce texte écrit pour le théâtre en 1970, Georges Perec, membre de l’Oulipo, joue des contraintes formelles et mathématiques choisies par ces écrivains, intellectuels, poètes, mathématiciens qui ont souhaité explorer toutes les potentialités de la langue. Avec une mise en scène survoltée, très inventive, et souvent surprenante, Grégory Felzines réussit à embarquer le public dans ces raisonnements logiques – le chef de service est dans son bureau ou il n’y est pas – on rit beaucoup, mais on réfléchit aussi. Le décor rouge, les déplacements répétitifs des boîtes à dossiers, des fauteuils, des claviers numériques, interrogent : s’agit-il de science-fiction ou de la dure réalité de nos sociétés ?
Une chose est sûre, l’esprit caustique de Perec est incarné à la perfection et l’on reste ébahi par la performance de La Gargouille !
Joli succès qu’AVEC Pradines se réjouit d’avoir offert au public. Prochain rendez-vous le 18 mai à 17h pour « Contes défaits » qui revisite en musique les contes de notre enfance, à voir de 6 à 106 ans !