Débat à propos de l’effacement du barrage du Surgié
L’effacement du barrage du Surgié voté par le conseil municipal le 21 décembre continue à faire réagir
Ce soir-là, les élus devaient se prononcer sur le sort du site du plan d’eau Surgié. Deux options, dévoilées lors d’une réunion publique virtuelle organisée dix jours plus tôt, étaient présentées : la reconstruction de ce barrage vieux de trente-cinq ans ou la transformation en espace naturel du plan d’eau artificiel avec l’effacement du seuil. La deuxième option était largement privilégiée, d’autant qu’elle offrait des possibilités de subvention de la région. Elle a été adoptée à la majorité. Deux conseillers n’ont pas participé au vote dénonçant un déni de démocratie, un troisième s’est abstenu, estimant le projet insuffisamment abouti.
Le Surgié est un sujet qui passionne à Figeac. La fréquentation de la réunion virtuelle du 11 décembre en atteste. L’élu d’opposition Philippe Landrein réagit également, de même que la Fédération des moulins de France.
Philippe Landrein demande un calendrier
Philippe Landrein chef de file de Figeac Autrement revendique pour son groupe « son indépendance et le sens des responsabilités ». « Notre démarche ne s’inscrira jamais dans une logique contre quelqu’un ou quelque chose, mais bien toujours en pensant à l’intérêt collectif et en pensant aux Figeacoises et aux Figeacois, que nous sommes les seuls à avoir sollicité sur le dossier du Surgié ».
Dans un communiqué, les conseillers municipaux de Figeac Autrement – Philippe Brouqui, Christine Delestre, Arnaud Lafragette et Philippe Landrein – défendent « un vote écologique mais aussi économique » pour le Surgié. « Le lundi 21 décembre, le conseil municipal de Figeac dans sa majorité s’est exprimé en faveur de l’effacement du barrage et donc de la suppression du plan d’eau du Surgié. Malgré un attachement légitime à ce site, tout comme le ressent une grande partie des habitants, les quatre élus de la liste Figeac Autrement ont opté également pour ce choix dicté à la fois par des raisons écologiques mais aussi économiques. Le développement de cyanobactéries y a rendu infaisables toutes activités nautiques et de baignade, la dégradation des passes à poissons et à canoës a entraîné leur fermeture par sécurité et l’usure rend la rénovation du barrage indispensable.
Si à sa création il y a plus de 35 ans cet aménagement répondait notamment à un besoin touristique du territoire, il est désormais devenu totalement obsolète. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance des avis laissés par des visiteurs profondément déçus par les installations et les équipements actuels, l’impossibilité de pouvoir se baigner dans un plan d’eau digne de ce nom, le trafic routier à proximité… Or, depuis dix ans, ce sont plus de 10 millions d’euros d’argent public qui y ont été investis ! Ce qui n’a pas pour autant empêché la société privée à laquelle la gestion du site a été confiée d’être en déficit sur les deux derniers comptes d’exploitation (2018-2019). Alors, qu’en sera-t-il pour l’année 2020 impactée en outre par la crise de la Covid-19 ? !
La question du domaine du Surgié est donc plus large qu’il n’y paraît et doit être abordée dans son ensemble, pas seulement sur le plan environnemental. C’est pourquoi dès le prochain conseil municipal nous demanderons que soit établi un calendrier afin que d’ici fin 2021 les élus prennent leur responsabilité et les décisions nécessaires quant au devenir de ce complexe qui d’un gouffre financier pourrait enfin devenir une opportunité. »
La Fédération des moulins de France s’en mêle
Sollicitée par des élus et membres de l’opposition sur le dossier du barrage de Surgié, la Fédération des moulins de France s’invite dans le débat et communique « sa position à situer dans un cadre national ». La FDMF déplore « une erreur stratégique ». « Les élus figeacois, qui avaient alerté la Fédération des moulins de France, viennent de nous informer de la décision du conseil municipal d’effacer le barrage du Surgié. La FDMF ne juge pas le bien-fondé de cette décision politique. Par contre elle tient à faire remarquer aux décideurs qu’ils auraient pu étudier l’option de production hydroélectrique, tant sur le barrage existant que sur le barrage qui va être à construire pour maintenir le niveau d’eau à Prentegarde. Cette production est prévue dans la loi (article 211-1 du code de l’environnement) qui recommande une gestion équilibrée et durable de la ressource en eau comprenant entre autres la production d’électricité, pour peu qu’elle soit compatible avec les autres enjeux. À l’époque où il faut réduire les gaz à effet de serre et raisonner local, dans le cadre de la transition énergétique, ne pas étudier le potentiel hydroélectrique est une erreur stratégique. »
Un obstacle pour l’atteinte du bon état écologique des eaux
L’impact sur les milieux aquatiques est réel et représente souvent un facteur de non-atteinte du bon état des eaux tel que demandé par la Directive européenne cadre sur l’eau (DCE).
Dégradation de la qualité de l’eau, risques d’eutrophisation avec augmentation de la température et de l’évaporation de l’eau, perte de la dynamique fluviale sur site et en aval donc diminution de l’autoépuration de l’eau, dégradation de la vie aquatique ou encore pollution des sédiments dont on ne sait quoi faire sont autant d’impacts avérés des barrages.
Les cours d’eau sont pourtant protégés
Il existe cependant en Europe et en France de nombreux outils pour rétablir la continuité écologique, tels que la DCE et les SDAGE, la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA), le classement des cours d’eau en liste 1 ou en liste 2, les trames verte et bleue ou encore le Plan d’actions national pour la restauration de la continuité écologique. Tous ces textes incitent et conduisent au maintien et à la reconquête de la continuité écologique des cours d’eau, en poursuivant un objectif d’intérêt général de bon état des masses d’eau.
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