Derrière le rideau
Lorsque Robert et Roberte décidèrent d’habiter dans le village et de s’y installer. La vie à la campagne ne ressemblait en rien à celui de la banlieue parisienne.
De plus, la complicité, entre les habitants, qui existait autrefois avait disparu.
La mixité de la population était apparue rapidement, les nouveaux arrivés venaient des 4 coins de l’Europe et parfois de plus loin.
Un changement de vie, ça prend du temps, personne ne veut renoncer à ses habitudes.
S’adapter au milieu, au climat, à la nourriture, à la langue, c’est tout un programme !
Les nouveaux arrivants se pointent avec plein de projets en tête sans se préoccuper de l’endroit où ils mettent les pieds, ce sont des escargots qui se déplacent avec leur coquille.
C’est alors qu’apparaissent tous les styles d’habitations avec les haies, les murs, les chiens de garde, le chacun pour soi.
Comme chantait Raymond Devos:
-« Je hais les haies qui nous emmurent. Je hais les murs
qui sont en nous ! »
Du coup, Robert et Roberte ne savaient pas trop sur quel pied danser pour trouver le style de bistrot qui conviendrait le mieux .
ils s’étaient consultés après avoir fait leur petite enquête sur la diversité des résidents.
-« Je pense qu’un petit salon de thé, genre bobo, serait une possibilité » avait suggéré Roberte, « avec quelques tartes aux légumes bio, du thé, du chocolat chaud, le tout dans une ambiance cocooning.
Ça pourrait plaire aux anglais, aux vacanciers et aux nouveaux arrivants…Qu’en penses-tu ?
-« Tu oublies les natifs, » souligna Robert, « ceux qui sont installés depuis des lustres et qui ont leurs habitudes »
-« Ceux là, il n’en reste pas beaucoup, de plus, pour la plupart, ils sont très âgés, mais nous pouvons trouver un moyen pour leur offrir, à eux aussi, un bon accueil, plus traditionnel: un café, le journal du matin et un petit verre de rouge.
-« Il y a aussi les artisans, les ouvriers, ceux qui travaillent et qui ne se nourrissent pas de graines, de tartes aux légumes ni de jus de carotte… » c’est Robert qui taquine avec sa petite pointe d’humour salée.
-« Nous pourrions faire un plat consistant le midi avec un prix raisonnable. Par exemple la mique qui plaît autant aux gens du coin, qu’aux travailleurs, qu’aux touristes » se hasarde Roberte, toujours patiente.
-« L’idée, d’après toi, serait de satisfaire tout le monde? » Robert titille sa femme.
-« Bien sûr, ce serait une nouveauté de réunir des gens qui ne s’entendent pas habituellement dans la vie courante, non? » réponse de Roberte qui ne se désappointe toujours pas.
-«Tu te prends pour mère Theresa? le commerce, ça ne fonctionne pas comme ça, il faut calculer ce qui rapporte le plus et ne pas vouloir faire du social » Robert enfonce le clou.
-« L’un n’empêche pas l’autre, la preuve en est, que si, nous savons nous y prendre, notre bistrot peut devenir un lieu de rencontre qui peut convenir à un grand nombre de gens différents et du coup amener beaucoup de clients. » un bon point pour Roberte.
-« Tu ne penses pas que ce genre d’entreprise a déjà été expérimentée et que si elle avait fonctionné, ça se saurait? »question embarrassante émise par Robert.
-« Je ne sais pas, si il y a eu des tentatives, mais parfois , il faut oser innover, on prend un petit risque, si ça ne marche pas on tourne les talons et on revient en arrière, les commerces bien tenus sont le miroir de leur direction, lorsque tu passes la porte, tu sais déjà qui est à la tête de l’établissement, on s’y sent bien parce que le personnel et la clientèle sont respectés, tu perçois l’ambiance, tu te sens bien accueilli ou non, ça ne s’invente pas. »
-« justement, comme tu le dis si bien : ça ne s’invente pas!… et je n’ai pas l’intention de me lancer dans un commerce la fleur au fusil , ça demande un peu plus de réflexion! il ne s’agit pas d’acheter une baguette de pain , mais de monter un commerce!» Robert, à court d’arguments, s’irrite.
-« Oh! Oh! Robert , calme toi! on a du temps pour en discuter… Pourquoi, tu t’énerves ? Tu as peur de ne pas être à la hauteur ? Tu as peur de ne pas te sentir à ta place au sein d’un milieu qui n’est pas le tien? Tu as peur de quoi au juste? »
-« J’ai peur de toi, avec tes inventions qui tournent au délire parfois, je veux juste ne pas plonger dans une rivière sans savoir si il y a assez d’eau » un plouf! chez Robert
-« Tu veux monter un bistrot sur une péniche ou dans une piscine, c’est ça ??? »
-« Ah!Ah! Très drôle… » rire nerveux chez Robert.
-« Tu sais quoi? On va laisser tomber la discussion et on va aller boire un coup au bistrot à Gourdon, t’es d’accord? »
-« Ah oui! et quel bistrot? bobo ou traditionnel ? »
Ils éclatent de rire…ensemble!
Robert et Roberte sont installés au bar à Gourdon, ils en sont au troisième petit verre de rosé…
Une mouche qui zigzague depuis un bon petit moment tourne autour d’eux « Bzzzzzz…bzzzzz…bzzzzz…. »
Ce qui veut dire en langage de mouche:
« vous devriez vous reposer les gars, on n’est pas au pièces, prenez soin de vous! »
« Robert ! Tu as entendu ….la mouche ?»
« Oui! …Et bien quoi? »
« Non… rien… c’est juste que….rien. »
FIN
Voici un petit aperçu de ce qui se passe dans les coulisses, derrière les rideaux, pendant la rédaction de notre feuilleton:
Au départ de notre rencontre pour rédiger notre feuilleton, nous nous sommes distribués les tâches, dans un premier temps, l’une s’occuperait des dialogues et l’autre des lieux et de leur description.
Chemin faisant, l’histoire courait devant nous en prenant des circuits différents. Il fallait s’asseoir au bord du chemin pour rebondir et reprendre la main, comment reprendre pied lorsque vous vous sentez enlisé ?
Et surtout comment en tirer parti?
C’est à ce moment là, que l’idée de changer de lieu s’est annoncée. La banlieue ou la campagne ?
Ce qui se passait entre nous pouvait se transcrire sur la page…Robert et Roberte s’était nous…quelle trouvaille!
Notre histoire s’est enrichie et s’est élaborée grâce aux divergences, c’était l’objectif….
Lorsque le fossé, entre nous, se faisait sentir , c’est un travail d’équilibriste qui s’annonçait.
J’ajouterai que nous sommes très différentes en tempérament et en écriture, ce qui représente un petit exploit!
« Pardon? Non, ça va les chevilles! Merci!…
Chers lecteurs, Merci pour vos encouragements et pour les compliments que vous nous avez fait .
Si vous le sentez, n’hésitez pas à vous lancer, lorsque vous êtes en désaccord…c’est justement là que l’histoire s’enrichit !
Trinquons à l’avenir de Robert et Roberte! à la nôtre et surtout à la vôtre!!!
Vous pouvez retrouver tous les épisodes à partir de ce lien:
https://www.blogdesbourians.fr/bistrot-de-quartier-une-nouvelle-a-4-mains/