Des amendements afin de lutter contre le harcèlement scolaire.
Fin janvier, la sénatrice du Lot Angèle Préville a déposé et défendu plusieurs amendements afin de lutter contre le harcèlement scolaire.
« En matière de harcèlement scolaire, le maître mot doit être « l’urgence » : l’urgence à agir, car la rapidité est primordiale ». Lors de la séance du 27 janvier, la sénatrice du Lot Angèle Préville est sortie de son cadre habituel de commission pour déposer et défendre deux amendements à la proposition de loi visant à combattre le harcèlement scolaire. Le premier consiste à permettre aux parents d’un enfant harcelé de le changer d’établissement sans tenir compte des limites imposées par la carte scolaire. Le second poursuit sur cette lancée en visant à permettre le retrait de son école d’un enfant harcelé sans considérations relatives à la capacité des parents ou à la validation d’un projet pédagogique. Tous deux ont été adoptés.
Sensibilisée à la question grâce à son expérience en tant qu’enseignante, la sénatrice a notamment insisté sur les séquelles du harcèlement. « Le harcèlement scolaire laisse un traumatisme à vie. Il est donc nécessaire d’extraire l’enfant de l’école dans laquelle il est harcelé le plus rapidement possible. Sermonner l’enfant harceleur ne suffit pas, tout peut concourir au traumatisme : les autres enfants qui ont vu et entendu ce qu’il se passait, le lieu même … D’autant plus que l’enfant se trouve souvent dans une grande solitude », souligne Angèle Préville qui note une grande inégalité. « Un parent a toujours la possibilité d’inscrire son enfant dans un établissement privé mais tous n’ont pas les moyens ».
Libérer la parole de l’enfant
Celle-ci a également présenté un troisième amendement sur la prise en compte de la parole de l’enfant. L’objectif poursuivi ayant été atteint avec l’adoption d’un autre amendement présenté au préalable, celui-ci a été abandonné. « La parole de l’enfant n’est pas suffisamment entendue. On craint toujours que l’enfant raconte n’importe quoi mais ce n’est pas mon avis : cela n’a rien de glorieux pour les enfants harcelés. La plupart du temps, ce qu’ils disent est vrai et les faits se détectent rapidement avec de petites enquêtes », assure la sénatrice.
Transmise au Sénat par l’Assemblée nationale cette loi a pour objet de prévenir les faits de harcèlement scolaire et la prise en charge des victimes, notamment par le biais de formations auprès du personnel de l’Education nationale, et d’améliorer le traitement judiciaire des faits de harcèlement scolaire et universitaire. La proposition de loi est toujours en discussion, mais pour Angèle Préville ce n’est pas suffisant.
« Un manque d’ambition »
« Il y a un manque d’ambition et un manque de réalisme sur ce qu’est le harcèlement scolaire. D’autant plus que le phénomène s’est accru avec les réseaux sociaux », ajoute-t-elle. « Il est temps de donner des moyens aux parents qui sont souvent démunis dans ces situations. Et il faut aller plus loin notamment en formant les enseignants. Ils doivent avoir des vraies connaissances sur la psychologie, le développement, les capacités cognitives et le développement de l’enfant. Mais souvent les enseignants n’ont même pas le temps. »
La sénatrice déplore d’ailleurs une procédure législative accélérée : « C’est une proposition de loi portée par la majorité qui s’inscrit dans une fin de mandat. Nous n’avons pas le temps de débattre et de bien faire les choses. C’est purement politique ! »
La proposition de loi crée un délit de harcèlement scolaire qui pourra être puni jusqu’à 10 ans de prison en cas de suicide ou tentative de suicide de la victime. Elle améliore également le droit à une scolarité sans harcèlement.
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