Des chefs d’entreprise témoignent de leurs problèmes à nos nouveaux députés
L’assemblée générale de la Chambre de commerce et d’industrie du Lot se déroulera dans les locaux de la Chambre consulaire 107, quai Cavaignac, à Cahors, ce jeudi 22 juin, à 18 h 30. «Les députés du Lot, Huguette Tiegna et Aurélien Pradié, seront là. Des chefs d’entreprise, élus du bureau de la CCI, vont témoigner de leur quotidien. Ils vont évoquer certains dossiers : fracture numérique, desserte routière, emplois des conjoints, sortie de la ZRR pour le Grand Cahors… Les nouveaux élus partiront ainsi avec un « retour d’expérience » de la vie d’un chef d’entreprise dans le Lot. Nous aurons également Alain Di Crescenzo, président de la CCI d’Occitanie, élu il y a un an. Il dressera le portrait de l’économie régionale » a expliqué Thomas Chardard, président de la CCI du Lot.
Les lotois portent tous leurs espoirs en ces deux jeunes élus du département
Compte-rendu de la séance. Au fil des ans, l’assemblée générale de la CCI du Lot s’est imposée comme le rendez-vous incontournable de la vie économique lotoise. Aussi, c’est devant une salle comble, de près de 200 chefs d’entreprise, de représentants des services de l’État et d’élus politiques, que Thomas Chardard, président de cet organisme représentant les intérêts des entreprises commerciales, industrielles et de service, a pris la parole le 22 juin dernier. Deux temps forts ont marqué la séance : l’intervention des deux nouveaux députés et l’exposé du président de la CCI Occitanie.
La CCI victime du casse du siècle ?
Première assemblée générale annuelle de l’instance consulaire, suite aux élections de décembre dernier, qui a vu la triomphale réélection de Thomas Chardard, entouré d’une équipe de 23 membres, renouvelée pour moitié.
Dans un premier temps, le président n’a pas manqué de laisser transparaître sa colère, face aux ponctions financières exercées sous le précédent gouvernement. « 1, 7 millions d’euros prélevés sur nos fonds propres, ce n’est pas un hold-up, mais le casse du siècle ! » s’est écrié le président. Conséquence immédiate, les effectifs ont été réduits de 10 personnes, passant de 40 à 30, au sein des services de la CCI du Lot. Pour autant, le dynamisme de la CCI lui vaut de belles performances, que le président n’a pas manqué de relever, non sans gourmandise : la progression des effectifs concernant la fréquentation du centre de formation de la CCI ; 271 stagiaires ont suivi une formation longue et 863 salariés d’entreprise étaient inscrits en formation continue, soit 28 % de plus que l’année précédente. Autre élément de satisfaction : le taux moyen de réussite s’élevant à 92, 6 % et l’élargissement des formations aux concours d’entrée des instituts de formation d’orthoptiste, d’ergothérapie et de psychomotricité.
Quant à l’école d’audioprothèse, celle-ci a connu un taux de réussite de 100 % pour la première promotion et parmi les 12 étudiants diplômés, trois d’entre eux ont reçu les félicitations du jury pour leurs travaux, lesquels seront publiés dans des revues scientifiques spécialisées, en France et à l’étranger.
Sur le territoire départemental, d’ici la fin de l’année, la CCI du Lot devrait ouvrir un nouveau point d’informations-services, sur la zone de Bretenoux-Biars/Cère.
Les deux nouveaux députés ont été invités à se présenter. C’est Huguette Tiegna qui a ouvert le feu. Élue sur la circonscription de Figeac, elle a fait part de son parcours, depuis le Burkina Faso, où elle est née au sein d’une famille nombreuse, jusqu’à son arrivée dans le Lot il y a trois ans. Dr en génie électrique, elle est ingénieur au sein de la Start-up Whylot, dans le Figeacois, lorsqu’elle rencontre Emmanuel Macron, lors de sa visite d’entreprise en tant que ministre de l’économie. La jeune femme, âgée de 35 ans, se montre attentive aux problématiques du développement économique lotois, et souhaite faire avancer les dossiers en concertation avec les acteurs locaux.
À ses côtés, Aurélien Pradié, maire de Labastide-Murat, président de l’intercommunalité et conseiller régional Occitanie, faisait l’économie des présentations, rappelant seulement comment son élection s’inscrit dans sa volonté de défendre la ruralité à l’Assemblée nationale. Le nouveau député a fait part également de son inscription au sein du groupe Les Républicains, « par fidélité » à son parti et « conformément à ses convictions politiques ». Aurélien Pradié indique vouloir apporter toutes les contributions nécessaires au développement de l’économie départementale, en défendant les spécificités de la ruralité.
Vint ensuite une série de témoignages d’élus consulaires, faisant état de difficultés concrètes, auxquelles leur profession est confrontée.
– Sortie de Zone de Revitalisation Rurale, pour Cahors et le Grand Cahors : ce dispositif incitatif en termes d’avantages fiscaux, prend fin, dans la mesure où les critères pour en bénéficier ne sont plus remplis par l’intercommunalité cadurcienne. Mme Rita Botreau tire la sonnette d’alarme quant aux répercussions que va avoir une telle situation, pour le développement local et l’attractivité du territoire.
– Difficultés pour recruter des jeunes, dans le bassin de Cahors : David Exposito, fait valoir ce souci lancinant pour les chefs d’entreprise.
– Manque de puissance pour les réseaux de transport du haut débit numérique : des entreprises doivent renoncer à l’installation d’applications numériques, en raison d’un débit numérique insuffisant.
– Petit commerce de centre-ville en souffrance : Dominique Hill impute la morosité du commerce en centre–ville, à la généralisation du parking payant, jouant, selon elle, un effet repoussoir pour la clientèle, « alors que les centres-villes sont des « cœurs de vie » », insiste-t-elle.
– Les marchés publics pâles soutiens de l’économie locale : Éric Grenier a pointé du doigt les conséquences néfastes pour les entreprises locales, de l’attribution de marchés publics à des sociétés venues parfois de très loin du département. L’élu consulaire fustige un manque de volonté politique pour faire en sorte qu’il en soit autrement, alors que dans le même temps, il est mis en avant des recommandations pour réduire l’empreinte carbone, notamment.
– Haro sur la surabondance de normes et de règlements : C’est Thierry Lorin qui mit en exergue les difficultés pour les entreprises de ne pouvoir inscrire leur action sur des bases stables, en raison précisément de changements continuels de la réglementation et de la fiscalité. « Nous avons besoin de stabilité pour construire un développement dans le long terme » a-t-il indiqué.
– Non à la concurrence déloyale avec les vendeurs espagnols : Christel Teyssede a porté l’antienne sur le sujet, faisant valoir la concurrence déloyale à laquelle sont confrontés les commerçants lotois, face à l’apparition de vendeurs s’installant en bordure de route aux entrées des villes, au mépris de la réglementation en vigueur, notamment concernant les règles de protection des consommateurs.
Autant de doléances que les intervenants se sont plu à faire entendre aux deux nouveaux députés. Et suivait alors l’intervention magistrale d’Alain Di Crescenzo, président de la CCI Occitanie, vice-président de la CCI France.
La Région, vecteur de croissance ?
« Il est grand temps de repartir sur une dynamique de croissance ! » s’est exclamé Alain Di Crescenzo, en rappelant au passage de tristes réalités : 5 millions de chômeurs, dont 25 % de jeunes sans emploi. Ses propos n’ont guère laissé de doute quant à la direction à suivre : « On doit être en marche pour gagner ce défi ! » a-t-il martelé, avant de se lancer dans un vaste tour d’horizon, mettant en avant les atouts de la région Occitanie, laquelle doit servir de levier pour le développement de tout le territoire.
La région Occitanie est la première région française en termes de création de valeurs et sa superficie de 72 700 km2 la place au second rang de l’hexagone. L’Occitanie représente un territoire plus important que celui de la moitié des pays européens, avec un fort pouvoir d’attraction : 51 000 personnes par an arrivent sur la Région.
Forte de ses trois piliers économiques que constituent l’aéronautique, l’agroalimentaire et la pharmacie, la région doit aller de l’avant pour maintenir ses atouts au diapason des nécessités du marché mondial. Par exemple, le principal défi pour l’aéronautique, consiste à augmenter ses performances en termes de réalisation et de livraison des commandes.
Première région viticole, l’Occitanie a vu ces dernières années s’ouvrir les marchés américains, asiatiques et chinois. Le Lot, avec son produit phare Malbec, n’est pas en reste.
Mme Catherine Ferrier, préfète du Lot, concluait, en rappelant en susbtance, que notre économie évolue dans le cadre d’une réglementation et de lois, que les élus certes, peuvent faire évoluer, mais que l’État est en droit de faire appliquer. D’où l’intérêt d’avoir convié les deux nouveaux députés, qui ne sont pas repartis les mains vides.
JC Bonnemère La Vie Quercynoise