Des groupes de parole pour parler de la sexualité avec les plus vulnérables

La formule n’est pas nouvelle. Mais l’enjeu est toujours de plus en plus grand. Depuis plusieurs années, l’association du planning familial organise des groupes de parole autour de la sexualité dans des établissements spécialisés. Une fois par moi, les deux salariées de la structure, Mélissa Aberman et Emeline Kydjian, proposent une séance de discussion à l’IME de Cahors, au foyer d’hébergement pour mineurs isolés à Figeac et dans un foyer pour travailleurs à Cahors. Le public concerné ? Des jeunes de 15 à 30 ans, en situation de handicap, des mineurs isolés ou des travailleurs en réinsertion.  » Au début de l’année, on rappelle les règles de base avec chaque groupe : on respecte la confidentialité, on ne juge pas, on a la possibilité de ne pas participer, de quitter la séance et de parler avec ses propres mots », explique Mélissa Aberman, responsable du planning familial dans le Lot qui assure la permanence à Cahors.

Les intervenantes abordent ensuite tous les sujets liés à la vie affective, relationnelle et sexuelle.  » On parle aussi bien de stéréotypes de genre, d’orientation sexuelle, d’inégalités, de discriminations, d’intersectionnalité, de contraception, d’IST, d’IVG, de plaisir, de consentement… » énumère la responsable. Vaste programme. L’objectif ? Réconcilier les participants avec leur corps, leur confiance, leur image.  » L’intérêt est, non seulement d’en finir avec le modèle de la société patriarcale, mais de leur permettre de gagner en autonomie, de faire des choix conscients, de développer de l’empathie, d’avoir des relations plus épanouissantes, sécurisées et sécurisantes, d’être à l’aise avec leurs émotions », ajoute-t-elle. Et souvent, pendant le cours, les langues se délient :  » La parole émerge, certains expliquent avoir été victimes d’abus sexuels ou d’inceste ».

 » Ce qui me nourrit avec ce travail c’est quand je vois qu’ils ont plus d’énergie en sortant des séances qu’en arrivant », glisse Mélissa Aberman. Victimes de leur succès, Mélissa et Emeline forment des bénévoles pour assurer, à terme, davantage de séances et pouvoir rayonner dans tout le Lot. Comme beaucoup de professionnels, elle a remarqué que ces séances ont pour conséquence de réduire les IVG et les IST :  » Quand les séances similaires des Espaces Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle ( EVARS) se sont arrêtées en France pendant le Covid, on a remarqué que les dépistages d’IST diminuaient et, parallèlement, une recrudescence de certains virus comme la Syphilis et la Clamédia ». Cerise sur le gâteau :  » Plus les années passent, plus ils sont à l’aise pour parler librement de sexualité, moins ils sont gênés », confie-t-elle. Et ça, c’est déjà une belle victoire.

Si des structures spécialisées sont intéressées par ces séances de parole, elles peuvent contacter leplanningdulot@gmail.com ou le 05 65 50 06 29. Numéro vert du planning familial ouvert du lundi au samedi de 9 heures à 20 heures pour toutes questions : 08 00 08 11 11 
Manon Adoue                                                                             La Dépêche