Des rues féminisées à Cahors
La dépêche en avait parlé dans ses colonnes en début d’année.
Un collectif féministe les « racolleuses », dont l’objectif est d’agir dans les petites villes, s’est créé à Cahors. Leur moyen d’action d’action : le collage dans l’espace publique ; pour interpeller. Qu’elles aient moins de 30 ans ou plus de 60, elles sont toutes motivées pour dénoncer les inégalités homme/femme et les violences sexistes.
Leurs premiers collages, se sont faits (en toute illégalité) sur des vitrines vides de Cahors.
Aujourd’hui , tout comme l’avait fait à Paris l’association « osez le féminisme » en 2015 à l’occasion des 45 ans du MLF, elles ont féminisé des noms de rues. 24 exactement.. Ainsi la place Chapou est-elle « devenue » la place Camille Chapou qui comme son fils était également résistante. Une autre a reçu le nom d’Angèle Préville ancienne sénatrice ou Nathalie Masbou, figure du bio dans le Lot.
Comme elles le disent à Sarah Nabli de la dépêche « Les filles ont aussi besoin de pouvoir s’appuyer sur des modèles féminins auxquels s’identifier et se sentir capable de faire ce dont elles ont vraiment envie ».
La féminisation des noms des rues est une question qui se pose car les rues nommées en l’honneur d’une femme sont minoritaires quel que soit le pays. Loin d’être anodins ces noms sont d’abord le reflet d’un passé., ils sont souvent la mémoire d’une ville et témoignent de son histoire: paysages, activités économiques, vie culturelle et politique… Et c’est parce qu’ils sont le reflet de la société, qu’ils sont aussi le reflet d’une histoire patriarcale. En cela le changement d’un ou plusieurs noms de rues est donc bien un témoin de l’époque actuelle, une prise de conscience, par la politique, du rôle des femmes. Ainsi de nombreuses mairies baptisent elles de nouvelles structures en répondant à une volonté de féminiser davantage l’espace public.
Il est probable que ce n’est pas la féminisation des noms qui rendra la société plus paritaire, mais gageons qu’au-delà des railleries, cela participera à sensibiliser hommes et femmes à la question.
Rappelons que le choix du nom des rues revient aux municipalités qui sont décisionnaires dans ces démarches souvent complexes, voire clivantes. Débaptiser des rues est compliqué pour les riverains qui doivent modifier leur adresse. Les habitants peuvent proposer des noms de rues. Mais là aussi , on voit revenir le même travers. Ce sont plutôt des noms d’hommes qui sont proposés.
A la ville aux dames (Indre et Loire) 99% des rues portent des noms de femmes et la ville annonce sur son site être « la seule ville de France dont les rues portent uniquement des noms de femmes. »
Anecdotiques les racolleuses ? Culottée la féminisation des noms de rues ? A vous de voir ce que vous en pensez..