Deux variétés de noyers pourraient résister au gel

Les producteurs de noix, actuellement en pleine période de récolte, ne devraient pas avoir le cœur à la fête lorsqu’ils procéderont à la pesée finale. Comme bon nombre de cultures, les noyers du Lot ont été très touchés par le gel cette année. « Même si nous ne sommes encore qu’au stade de l’estimation, nous savons déjà que toutes nos variétés précoces, c’est-à-dire la moitié du verger, ont été impactées par le gel », prévient Eloïse Tranchand, chargée d’expérimentation à la station expérimentale de Creysse. Les vergers, de ce laboratoire de recherche sur les noyers, ont été victimes de la vague de gel au début du mois d’avril dernier. « La variété Lara a été très touchée. Normalement elle produit, chez nous, une vingtaine de tonnes chaque année. Cette fois nous devrions en récupérer trois tonnes. »

A la station expérimentale de Creysse, des recherches sont notamment menées pour élaborer des variétés de noyers résistantes au gel.
A la station expérimentale de Creysse, des recherches sont notamment menées pour élaborer des variétés de noyers résistantes au gel. DDM archives – DDM- MARC SALVET

Mais contrairement à ce que nous pourrions penser, cette déconvenue climatique n’est pas exceptionnelle. « Sur les six dernières années, nous avons gelé une année sur deux. On ne sait pas si c’est juste en ce moment ou bien si le phénomène est amplifié par le changement climatique », confie Eloïse Tranchand. Mais il est apparu plus que nécessaire pour la station de rechercher des solutions pour « assurer une production » aux nuciculteurs.

Des variétés tardives qui assureraient de bons rendements

« Nous avons élaboré deux variétés qui seraient tardives. » Toutes deux débourrent (moment où l’arbre développe les bourgeons) en même temps que la Franquette. Cette variété est plus résistante au gel, car ses fleurs apparaissent autour du 10 mai. Or après cette date, il est très rare que les températures soient inférieures à 0. Le principal défaut de la Franquette est son faible rendement. « Mais les deux variétés que nous avons sélectionnées produisent autant que la Lara qui, elle-même, produit deux fois plus que la Franquette. » Ces nouveaux noyers, qui n’ont pas encore de nom, auraient donc tout pour eux.

« Ils sont depuis 2019, en phase d’inscription. » Cette étape, qui dure 5 ans, permet de vérifier que ces spécimens sont bien valables et peuvent être commercialisés. Ensuite, il faut encore attendre que les plants se développent chez les pépiniéristes. « On peut espérer que ces nouvelles variétés soient disponibles à l’horizon 2030 », précise encore Eloïse Tranchand.

De plus en plus difficile de vivre de la noix

Peut-être permettront-elles aux nuciculteurs de sortir la tête de l’eau. « Car il est de plus en plus difficile de se tirer un revenu décent de la production de noix », alerte l’ingénieur agronome. Depuis 2016, le prix a fortement chuté « à cause de la concurrence des Etats-Unis qui inonde le marché mondial, explique Eloïse Tranchand. Il est passé de 3 euros le kilo à 2 euros (prix producteur). » La station expérimentale aimerait proposer aux producteurs « des noyers suffisamment productifs », ajoute encore la chargée de sélection variétale. Si le vœu de l’ingénieur agronome se concrétise, les nuciculteurs pourraient ainsi vendre deux fois plus de noix. Ils seraient donc moins touchés par les prix à la baisse.

Elisa Centis       ladepeche.fr