Du chantier archéologique à l’archéologie des chantiers
La conférence en quelques mots : L’analyse du mortier de chaux est un aspect peu connu des nombreuses disciplines auxquelles fait appel la recherche archéologique. Elle permet pourtant d’explorer des thématiques jusque là peu accessibles, dont l’économie des chantiers, et d’avoir une approche renouvelée dans l’étude des structures anciennes. Mais comment peut-on arriver à formuler des hypothèses sur les aléas d’un chantier qui s’est déroulé il y a presque 2000 ans ? C’est là tout l’enjeu de cette conférence qui s’appliquera à démontrer, en prenant comme exemple la ville antique de Cahors, comment on peut faire parler un mortier… tant qu’il est chaux !
INFOS PRATIQUES : Mardi 3 décembre 2019 | conférence à 20h30 et partage de desserts vers 22h | Espace des congrès Clément Marot, parking Bessières, Cahors | Gratuit | Ouvert à tous
Vos talents de pâtissier sont les bienvenus pour la 2e partie de soirée.
Le conférencier, archéologue, est l’un des trois spécialistes français des mortiers. Le mortier, sujet rébarbatif ? Et bien non. Frédéric Rivière a transporté le public au premier siècle durant lequel Romains et Cadourques ont construit le Cahors ancien, un bâtiment par décennie : aqueduc, forum, théâtre, amphithéâtre, … De manière très pédagogique, il a défini ce qu’étaient la chaux et les différents types de mortiers, avant d’entrainer le public dans une enquête digne de la police scientifique. Après quelques prélèvements, les mortiers commencent à se dévoiler par leurs couleur, texture, résistance, porosité, …
Les fours à chaux produisent la chaux vive à partir des calcaires prélevés dans les environs. Le sable a été récupéré en aval de Cahors sur les terrasses alluvionnaires basses du Lot. Et puis, sous le microscope optique en lumière polarisée, les différents minéraux apparaissent sous des couleurs variées. Même la forme des bulles d’air emprisonnées donne des informations sur le savoir-faire : bulles sphérique (manque d’eau lors de la préparation), bulles oblongues (l’ouvrier a fait le mélange avec énergie) ou sur les conditions atmosphériques : bulles polylobées (il a plu lors de la préparation !). On arrive alors à la socio-économie du chantier : origine des matériaux, savoir-faire des ouvriers, gestion. Ainsi l’étude des mortiers nous indique aujourd’hui si le chantier a été mené d’un seul trait avec la même technique (mortier identique partout) ou si le bâtiment a été fait en plusieurs étapes ou s’il a subi des réfections suite à d’éventuelles malfaçons. C’est ce que l’on retrouve dans plusieurs bâtiments de Cahors (aqueduc, amphithéâtre).
Les Cadourques ont-ils voulu construire trop vite ? La ville n’avait-elle pas les capacités financières ou techniques ? Cette soirée restera dans les esprits des présents qui, dorénavant, verront les bâtiments de l’époque gallo-romaine d’une autre façon.
Medialot