« Et la vie continue » film d’Abbas KIAROSTAMI

Dans le cadre Ciné Mémoire ,présentation et débat de Guy Fillion et Rémi Vallejo du film Iranien de 1992 dans le cycle Road Movie

SYNOPSIS

Road Movie Après le tremblement de terre qui a ravagé le nord-ouest de l’Iran en 1990, un cinéaste et son fils tentent de rejoindre le village de Koker, durement touché par le séisme. L’homme s’inquiète de savoir si les deux enfants qui jouaient dans Où est la maison de mon ami ? d’Abbas Kiarostami sont encore en vie.

Et la vie continue ne constitue pas une suite à Où est la maison de mon ami ? comme on aurait pu l’imaginer, c’est-à-dire en réutilisant la diégèse ((Espace-temps dans lequel se déroule l’histoire proposée par la fiction d’un récit, d’un film)).du premier film et en suivant les personnages dans leur réalité. Ahmad et Mohammad n’existent plus que comme les personnages de fiction qu’ils sont, et le protagoniste principal est à la recherche de leurs deux interprétés réels. Kiarostami n’entre cependant jamais dans le registre du docu-fiction, et bien qu’il aie à cœur de tourner sur place avec les habitants locaux comme acteurs, dans une position sociale très proche de celle qu’ils occupent à des fins naturalistes, il lui importe de régner en créateur sur son œuvre. Ainsi, l’histoire qu’il raconte, même si elle fait écho à ce que lui-même entreprend en retournant à Koker et Poshteh, n’est que pure invention, et les interactions entre les personnages demeurent des échanges créés, contrôlés et captés par un artiste démiurge. Kiarostami utilise le réel comme cadre, le déforme par une succession de « mensonges », pour accéder à une « vérité supérieure » selon ses dires. Cette vérité qu’il recherche se situe dans la contemplation et le bonheur de toutes choses. Lorsque qu’il utilise un acteur pour le représenter, pour jouer son rôle, il manipule la réalité. Lorsqu’à la fin, le plan de voiture montant le mont, cadrée comme une peinture persane, laisse au suspend l’interrogation du film – va-t-on retrouver les petits interprètes d’Ahmad et Mohammad ? -, il accède à cette vérité que la vie continue, et que nous devons savourer chaque instant, chaque élément de la nature.

Et la vie continue sonne quelque peu comme une parenthèse contemplative à la trilogie de Koker, une sorte d’état des lieux de ses obsessions de cinéma. L’évènement du séisme dans ce lieu précis est l’occasion pour Kiarostami d’évoquer le temps qui passe en se demandant ce que sont devenus ses acteurs, d’établir le portrait des Iraniens et leur résilience face au drame, et de montrer ces décors somptueux auxquels il tient tant, formant ainsi un film plein de peintures et de poésie persanes.

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