Explications sur la carte scolaire
Tandis que la vallée du Lot résistait à la mise en place de «l’école socle», la carte scolaire fait l’objet de contestations. Les discussions sont toujours en cours, elle devra être validée après les vacances scolaires. Interview de Guillaume Lecuivre, le patron de l’Éducation nationale dans le Lot.
La préparation de la carte scolaire est traditionnellement une période d’agitation dans les écoles ; 2017 n’échappe pas la règle.
Ce que je peux comprendre : le retrait d’un poste dans une école n’est jamais apprécié et j’entends les manifestations de mécontentement. Ce que je n’admets pas en revanche, c’est le blocage des écoles (on empêche les enseignants de fonctionner) ou le blocage administratif qui pose question quant à la sécurité.
Pourtant le Lot conservera ses effectifs, il n’a pas de postes à rendre cette année ?
Effectivement : globalement, la balance sera à zéro – on ne gagne pas de poste, mais on n’en perd pas non plus. Mais c’est un équilibre global, qui ne signifie pas qu’aucun poste n’est supprimé. Pour la qualité de l’enseignement dans le département, il est nécessaire de renforcer la brigade des remplaçants (huit de plus). C’est elle qui permet d’assurer la continuité d’un service public de qualité quand un enseignant est malade ou en formation.
D’où un seuil établi à 18,7 élèves par classe ?
Cette affaire de seuil a été mal interprétée. nous n’avons pas établi un seuil en dessous duquel nous supprimons des postes.
Selon les besoins de redéploiement, diverses mesures sont prises. La moyenne des mesures prises. Et au final, ces réorganisations fonte apparaître que le seuil s’établit à 18,7 élèves par classe.
Quoi qu’il en soit, ces retraits de postes semblent poser problème ?
Il faut bien comprendre qu’on ne retire pas des postes par plaisir et n’importe comment. Chaque dossier est étudié au cas par cas, on mesure l’impact sur la qualité de l’organisation pédagogique, on veille à éviter les classes surchargées ou les classes à 3-4 niveaux… Nous avons Quatre priorités :
-Soutenir la démographie dans les territoires ;
-Assurer les remplacements des enseignants lorsqu’ils sont malades ou en formation ;
-Respecter le principe «plus de maîtres que de classes» ;
-Soutenir l’emploi sur les territoires qui sont en train de se réorganiser.
Ces mesures se font au bénéfice de tous les enfants du Lot, dans l’intérêt général.
Vous avez également évoqué le projet d’école du socle commun sur le secteur Prayssac/Puy-l’Évêque : pouvez-vous nous expliquer le fond de ce projet ?
C’est un projet… mort né ; à ce jour, il est abandonné. La proposition (qui répondait à une demande de réflexion d’un vice-président du conseil départemental) visait à mettre en œuvre la refondation de l’école en organisant le territoire autour des deux collèges de Prayssac et Puy-l’Évêque.
Quel en était le principe ?
Il s’agissait de remplacer le fonctionnement actuel (bâti sur des programmes annuels) par une organisation de l’école sur quatre cycles :
-Le cycle 1, dit «de proximité» pour les maternelles, où les enfants étaient répartis sur 8 écoles ;
-Le cycle 2 rassemblait les CP et cours élémentaires (auxquels on ajoutait les CM1), sur la base de 6 écoles ;
-Le cycle 3 rassemblait les CM2 et 6e (210 élèves) sur un des 2 collèges du secteur – ce qui permettait d’installer 4 classes par niveau et de renforcer la liaison CM2-6e ;
-Le cycle 4, était pour les élèves de la 5e à la 3e, rassemblés sur le 2e collège.
Le projet n’a visiblement pas enthousiasmé les maires, savez-vous pourquoi ?
Il n’a pas non plus retenu l’adhésion du président du département. Les raisons sont liées aux contraintes amenées par ce changement : les élèves de CM2 devaient se déplacer vers le collège (alors qu’actuellement ces déplacements ne commencent qu’en 6e), et ces mêmes CM2 sont sortis des écoles dans les villages pour intégrer les collèges, ce que les maires voient d’un mauvais œil.
Vous regrettez que ce projet n’ait pas pu voir le jour ?
Cette architecture me paraissait d’autant plus intéressante que nous sommes sur un secteur où le maillage est compliqué. J’y voyais à la fois un intérêt pédagogique et l’occasion de mobiliser les acteurs du secteur sur un projet global commun (plutôt que de fonctionner par petites touches).
Après la réunion sur la carte scolaire à Duravel, nous avons rencontré le Dasen Guillaume Lecuivre avant de passer à la réunion avec les parents d’élèves.
Vous dites dans vos présentations «je n’en veux pas à l’école à une seule classe». Pourtant en septembre 2014 devant 80 élus à Cahors dans votre discours le sujet qui a fâché était les écoles à une classe voir 2 classes ?
C’est vrai, c’est dans la présentation que cela s’est mal passé, il aurait fallu avoir le temps de développer sur le sujet ce jour-là.
Fermer une école, c’est aussi la fuite vers l’enseignement privé, c’est aussi une fuite pour les communes limitrophes vers un autre département ?
Non, je ne pense pas que ce soit une généralité.
Pour la moyenne de 18,7 élèves par classe, annoncée par vous même, vous dites «les gens n’ont pas compris» ?
Je suis parti d’un calcul sur Cahors 1, Cahors 2, Figeac, Gourdon et c’est au travers de cette étude qu’une moyenne de 18,7 est ressortie. Ce n’est pas un seuil minimum pour le maintien d’une classe.
L’école du socle, vous avez proposé un projet alors que la majorité des gens ne savaient pas ce que c’était ?
J’ai proposé un projet avec 3 niveaux pour les collèges sur Prayssac, Puy l’Évêque qui, à mon avis, aurait apporté un plus important dans l’enseignement. J’avais rencontré Serge Bladinières ainsi que les maires de Prayssac, Puy l’Évêque et le président du département
Serge Rigal qui n’ont pas été d’accord avec le projet présenté et qui a donc été abandonné.
Au collège de Prayssac, le conseil d’administration du collège a voté à l’unanimité contre la proposition du chef d’établissement (suppression d’un poste de professeur de français). Quelle est votre position ?
Je connais la situation et suis au courant du vote du conseil d’administration mais je ne peux pas prendre de position, elle appartient au chef d’établissement.
Propos recueillis par G. Lecuivre La Dépêche