Faut-il bénir les animaux ?

La 29ème Fête des fromages de Rocamadour a lieu ce dimanche 20 mai avec messe des fruits de la terre et bénédiction des troupeaux, le succès de la Fête des fromages ne se dément pas.

Bénir les animaux, respecter la Création

« La Bible reconnaît la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu, explique le père Xavier Amherdt, professeur de théologie. En même temps elle remémore à l’homme qu’elle n’est que bénéficiaire de la création qui lui a été confiée et qu’il doit tout faire pour l’honorer et la cultiver ». L’homme doit respecter la nature et donc les animaux. Depuis des siècles, l’Église demande à Dieu de protéger les troupeaux et de les rendre féconds.

Protéger les animaux est aussi un devoir pour les générations à venir.

Cette bénédiction permet donc de rappeler le respect de la création dont les animaux font partie. Protéger les animaux est aussi un devoir pour les générations à venir. À la suite de la COP 21, il s’agit de mettre en avant la sauvegarde de la planète, de la faune et de la flore. Il s’agit de se rappeler que c’est d’abord avant tout, Dieu que nous bénissons comme source de tout bien parce que c’est lui qui a donné les animaux pour le bien de l’homme.

Noé, saint François et saint Roch

L’Église a édité le livre des bénédictions qui propose plus de 80 formulaires couvrant tous les domaines de la vie, avec pour thème essentiel : Dieu seul bénit et Dieu est le seul béni.

Dans le livre de la Genèse, Dieu ordonne à Noé de sauver sa famille du déluge ainsi que tous les animaux de la terre. Noé construit donc une arche et fait embarquer un couple de chaque espèce.

Au XIIIe siècle, François d’Assise aime les animaux en tant que créatures divines. En particulier, les oiseaux, les poissons, les abeilles, les loups et les agneaux. Son poème, le Cantique des Créatures, en fait le protecteur des bêtes et le saint patron des écologistes. C’est lui qui a introduit l’âne et le bœuf dans la crèche de Noël.

Un siècle plus tard, saint Roch, qui soigne les malades de la peste, attrape la maladie et s’éloigne dans une forêt pour ne pas infecter les autres. Il est guéri par un chien qui, chaque jour, lui apporte du pain pour subsister et lui lèche les plaies. Roch est reconnu depuis comme protecteur des animaux.

Une 30aine de bénédictions en France

À Paris, depuis 1993, chaque premier dimanche de novembre, Mgr Philippe organise la messe des animaux dans l’église Sainte Rita (XVe arrondissement). Une tradition qui se pratique aussi à Prades, capitale du Conflent, au cœur des Pyrénées-Orientales, le premier dimanche de mai. « Le dévoué Émile Claverie a organisé une matinée pour les ânes du pays, écrit le journal du Roussillon, l’Indépendant, une animation festive où le moment fort attendu par la nombreuse assistance fut à la sortie de la messe, la bénédiction des animaux par le père Malirach, curé de la ville sur la place de l’église aux sons du carillon ».

À Angers, pour la fête de saint Antoine, l’église Sainte Bernadette propose une bénédiction des bêtes de compagnie sur le parvis de l’église.

Chaque année en mai, pour la fête de la transhumance à Aubrac, le curé du secteur propose la bénédiction des troupeaux aux familles des éleveurs. Comme dans le Cantal à Pailherols où la messe des bergers autour des troupeaux, attire plusieurs centaines de participants chaque 21 juillet : souvenir des estives d’antan où les prêtres montaient célébrer l’office dans les chapelles des montagnes.

À Nice, à Saint-Pierre d’Arène, le premier dimanche d’octobre, pour la saint François, le prêtre accueille pour la messe des animaux, près d’un millier de fidèles dont de nombreux paroissiens occasionnels, notamment des personnes éprouvées par la solitude.

Même au Vatican, les animaux sont invités chez le pape.

Même au Vatican, depuis le XVIIIe siècle, tous les 17 janvier, les animaux sont invités chez le pape. Les alentours de la place Saint-Pierre se transforment en une grande ferme à ciel ouvert. Des vaches, des moutons, des chèvres, des cochons, des poules, des lapins arrivent de toute l’Italie pour la traditionnelle bénédiction des animaux de la ferme, après une messe pour les agriculteurs célébrée en la Basilique Saint-Pierre par le cardinal Angelo Comastri. À ces éleveurs, s’ajoutent des propriétaires de chiens et de chats ainsi que des membres de la police qui défilent sur leurs chevaux avant de les faire bénir. « Ne perdez pas ces belles traditions. Soyez en les gardiens. Le progrès ne vous demande pas de les abandonner mais de les garder » a exhorté, en 2016, dans son homélie, le vicaire général du pape.

La redécouverte d’une tradition

Les participants qui sont attirés par ces manifestations ne sont pas que des ruraux. Loin de là !

Des randonneurs qui échouent par hasard parmi l’assistance se laissent « saisir par la magie d’un office hors du commun ». Souvent ce sont des autochtones avides de découvertes ou des citadins de passage, en quête de ressourcement. « Le monde rural n’est plus le seul fait des ruraux, analyse la sociologue Brigitte Bleuzen. Les urbains se disent de plus en plus concernés par ces espaces tant du point de vue environnemental que d’un espace de vivre ».

Ces traditions naguère décriées méritent une nouvelle chance. Elles témoignent d’un intérêt croissant dans le monde chrétien pour les questions liées à la dignité animale.

Après le Concile Vatican II, nous avons eu tendance à vouloir purifier la foi de ses éléments trop populaires.

Dans ces rassemblements aux foules grandissantes au fil des années, autour des bénédictions d’animaux, il y a la volonté de la sauvegarde du patrimoine rural mais aussi du patrimoine cultuel : « Car ce sont les ovins et les caprins qui protègent et conservent la nature de nos campagnes. Dépassons le côté folklorique de la manifestation, tient à souligner Francis, éleveur près de l’Hospitalet. L’agriculture, c’est d’abord procurer de la nourriture aux hommes en y ajoutant des valeurs ».

A Décup  La Vie Quercynoise


Cantique des Créatures de St François d’Assise

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement, monsieur frère Soleil,
lequel est le jour et par lui tu nous illumines.
Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,
de toi, Très-Haut, il porte la signification.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur Lune et les étoiles,
dans le ciel tu les as formées claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère Vent
et par l’air et le nuage et le ciel serein et tout temps,
par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur Eau,
laquelle est très utile et humble et précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère feu
par lequel tu illumines dans la nuit,
et il est beau et joyeux et robuste et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mère Terre,
laquelle nous soutient et nous gouverne
et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par ceux qui pardonnent pour ton amour
et supportent maladies et tribulations.

Heureux ceux qui les supporteront en paix,
car par toi, Très-Haut, ils seront couronnés.

Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mort corporelle,
à laquelle nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels.

Heureux ceux qu’elle trouvera dans tes très saintes volontés,
car la seconde mort ne leur fera pas mal.

Louez et bénissez mon Seigneur,
et rendez-lui grâce et servez-le avec grande humilité.

 

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grosse blague idiote