Faut-il désinfecter les rues?
À Cahors et Figeac, comme dans de nombreuses communes du département, le nettoyage des voiries et du mobilier urbain par les agents municipaux se fait, selon les recommandations de l’ARS et du Haut Conseil de la Santé Publique, toujours à l’eau et au savon.
Entre la propagation de la pandémie et le durcissement du confinement, la menace du Covid-19 semble être partout. Des images de rues en train d’être désinfectées circulent depuis plusieurs jours. Si le Haut Conseil de la santé publique s’est positionné contre l’utilisation de désinfectant pour nettoyer les villes, toutes les communes n’ont pas suivi leurs préconisations. Qu’en est-il dans le Lot ? Est-ce vraiment efficace de désinfecter les rues de la ville ? Quelles conséquences sur l’environnement ?
À Cahors, six agents s’appliquent chaque jour à nettoyer rues et mobilier urbain. Dans la ville préfectorale, l’effectif et la procédure de travail dédiés au nettoyage de la voirie n’ont pas changé. « On s’en tient à l’entretien classique : on nettoie tout à l’eau et au balayage mécanique. La procédure n’a pas été modifiée. On demande seulement aux agents d’appliquer les gestes barrières », explique Jean-Jacques Seine, directeur des services techniques de la ville. Lui refuse de faire comme d’autres villes qui utilisent de l’hypochlorite de sodium, vulgairement de l’eau de javel, pour récurer les trottoirs. « Le problème c’est qu’on ne connaît pas son efficacité sur le virus et qu’une fois qu’il est déversé sur les espaces publics, il se répand forcément dans l’environnement ».
« Une perte d’argent et une fausse sécurité »
À Figeac, même son de cloche face à l’incertitude. Pour le maire André Mellinger, la désinfection des villes n’a rien d’une solution miracle pour lutter contre la propagation du coronavirus. « Je n’envisage pas de prendre cette mesure. Je ne dis pas que c’est inutile mais je ne vois pas comment on peut tout traiter en ville. Si on doit désinfecter tout ce qui peut être touché, on ne s’en sort pas. Ce serait une perte d’argent et une fausse sécurité. La meilleure sécurité reste l’application des gestes barrières » estime l’élu, convaincu des bienfaits de l’eau et du savon pour le nettoyage des mains et des rues. « Une désinfection efficace n’est pas juste un coup de karcher sur les trottoirs. À Figeac, il n’y a pas de métro où il faudrait traiter les barres ou le mobilier, on n’a pas de crachats, on est en plein air. Avec le confinement, on a une circulation très réduite et on n’a même plus le marché ».
En cette période de confinement, le cœur de Figeac n’a presque jamais été aussi propre, juge même André Mellinger qui salue le travail des douze employés municipaux toujours mobilisés en faveur de la salubrité de la ville.
Ni eau de javel, ni appareil souffleur
Si les deux principales villes du département ont choisi de ne pas changer leurs habitudes, c’est aussi car aucune consigne n’a été donnée au niveau national pour renforcer la propreté des espaces publics. « Nous ne recommandons pas de nettoyage particulier de la voirie. C’est un virus fragile. Les opérations de nettoyage classiques, le plus souvent possible, suffisent », confirme Laurent Pena, responsable du pôle santé environnementale à l’Agence régionale de Santé (ARS). Si les gestes habituels de salubrité sont suffisants, une attention particulière doit néanmoins être apportée au mobilier urbain. « Le virus est persistant sur l’inox et le plastique. Il y a un risque là où il y a contact cutané : les zones de transports, les abris de bus, par exemple », souligne Laurent Pena. Autre conseil : ne plus utiliser d’appareil souffleur comme ceux utilisé pour écarter les feuilles.
En revanche, l’ARS ne juge pas nécessaire un quelconque nettoyage des voiries et trottoirs. « Il s’agit surtout d’une transmission interhumaine », rappelle Laurent Pena. « Le risque qu’il soit transmis de la voirie à l’homme est nul ».
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