Féminicides: 46 élues du Lot lancent un appel
À l’initiative de la sénatrice du Lot, Angèle Préville, des élues du Lot montent au créneau contre les féminicides. Leur mobilisation sur le sujet est sans faille.
En octobre, Angème Préville est intervenue au sénat, elle a soulevé la question des féminicides à Marlène Chiappa, secrétaire d’Etat, auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. «En 2019, il y a eu 76 féminicides. C’est en augmentation, on a un mois d’avance, il y aura d’autres victimes» déplore la sénatrice. «Les mentalités n’avancent pas. Rien ne change. Avec d’autres femmes élues du Lot, j’attends que des choses concrètes soient mises en place» déclare-t-elle. Parmi les pistes, la mise en place comme en Espagne, de silhouettes noires à l’entrée des villes avec le prénom et l’âge des femmes mortes sous les coups de leur mari ou conjoint, des campagnes d’information auprès des jeunes. «Les associations féministes n’en peuvent plus et elles n’ont plus les moyens. Des femmes meurent à leur domicile, l’endroit où elles devraient être protégées. C’est intolérable. Il faut que la presse, les infos donnent le prénom des victimes, comment elles sont mortes» ajoute-t-elle. La sénatrice a également insisté sur la formation des gendarmes, policiers, des médecins. «Les médecins reçoivent les femmes qui ont été battues. J’ai demandé un amendement pour que les jeunes médecins soient formés à savoir reconnaître les violences, qu’ils fassent preuve de bienveillance pour qu’elles s’expriment». «Les femmes sont encore des objets, elles ont le droit d’avoir un travail avec l’accord de leur mari depuis cinquante ans. On est dans une société patriarcale» rappelle Caroline Mey-Fau, conseillère départementale du canton de Gramat. «Ce sont des crimes possessionnels. Seulement 10 % de femmes portent plainte, 90 % abandonnent. Chez ces femmes, il y a la honte, la peur, la dépendance. Des enfants sont marqués à vie par ces violences, l’impact est très lourd sur la famille, la société. Quand il y a des événements, on en parle et on oublie. La mobilisation est trop éphémère. Il faut agir» conclut Caroline Mey-Fau.
Rassemblement à l’automne
«Dans le cadre du plan pauvreté du conseil départemental, on avait la possibilité d’avoir une option. On a choisi les violences faites aux femmes» explique la sénatrice. L’appel a été lancé mercredi. 46 élues du Lot sont signataires. D’autres peuvent se manifester. Un rassemblement est prévu à l’automne.
Ce qu’en pense le préfet du Lot…
Le préfet du Lot Jérôme Filippini était invité jeudi 11 juillet par Marlène Schiappa, comme l’ensemble des préfets de France, au siège du ministère de l’Intérieur. La secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de lutte contre les discriminations préparait ainsi l’annonce d’un «Grenelle des violences conjugales», prévu dès le 3 septembre.
«On nous a rappelé les priorités politiques du ministère, en nous demandant que les services de l’État restent mobilisés partout», rapporte le préfet du Lot. Sur cette question des violences conjugales dans le département, il précise qu’il transmet ses rappels constants aux policiers et gendarmes sur la «qualité de l’écoute, pour ne pas que ce qui est déjà dur à vivre le soit aussi à raconter». Hier soir, il n’était pas informé de l’appel lancé par les 46 élues du Lot. «Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Je serai à leur disposition», explique-t-il, dans un département qui doit à ses yeux travailler «sur un bon fonctionnement en réseau» des associations spécifiques aux violences conjugales. Alors, des actions devraient être annoncées, aussi dans le Lot, le 3 septembre prochain.
Premières signataires de l’appel
Angèle Préville, sénatrice du Lot
– Caroline Mey-Fau, conseillère départementale du canton de Gramat
– Marie-Claire Luciani, adjointe au Maire Figeac et référente du réseau femmes élues du Lot
– Anne Laporterie, adjointe au maire Figeac
– Monique Larroque, conseillère municipale déléguée Figeac
– Marie-France Colomb, conseillère départementale du canton de Figeac-1 et adjointe au maire Figeac
– Marie Berthoumieu, maire d’Albiac
– Martine Hilt, conseillère départementale du canton de Cahors-1, adjointe au maire de Pradines et présidente UDCCAS et CIAS du Lot
– Christiane Rappeneau, conseillère municipale de Puy-l’Evêque et Présidente du SSIAD/ADMR Puy-l’Evêque
– Maryse Maury, vice-présidente du conseil départemental, Conseillère départementale du canton de Luzech
– Nathalie Denis, conseillère départementale du canton de Gourdon
– Monique Martignac, maire de Saint-Jean-Lagineste
– Danielle Deviers, conseillère départementale du canton Causse et Bouriane
– Michèle Fournier Bourgeade, conseillère départementale du canton de Martel
– Annabelle Genries, conseillère municipale Saint-Denis-Les-Martel
– Geneviève Dejean, maire d’Aujols
– Sylvette Bélonie, adjointe au maire de Le Vigan et présidente du CCAS
– Josiane Pradayrol, maire d’Espeyroux
– Marie Piqué, vice-présidente de la région Occitanie
– Claire Delande, maire de Gagnac-sur-Cère et conseillère départementale du canton Cère et Ségala
– Monique Boutinaud, maire de Masclat et conseillère départementale du canton de Souillac
– Sylvie Fourquet, maire de Girac
– Marie-Odile Delcamp, présidente de la communauté de communes Quercy-Bouriane et maire de Gourdon
– Véronique Chassain, vice-présidente du conseil départemental, conseillère départementale du canton de Puy-l’Evêque
– Geneviève Jacquot, conseillère municipale Puy-l’Evêque
– Claudine Bessède, maire de Sonac
– Mireille Figeac, maire de Gindou
– Agnès Lerr, adjointe au maire Saint-Pierre-Toirac
– Ange-Marie Vaurs, conseillère municipale Miers
– Christine Le Méhauté, conseillère municipale Saint-Vincent-du-Pendit
– Catherine Bariviera, conseillère municipale Cajarc
– Geneviève Lagarde, conseillère départementale du canton de Cahors-2
– Solange Cances, maire de Saint-Michel-Loubéjou
– Catherine Jauzac, maire de Tauriac
– Sabine Haudry-Zuili, conseillère municipale déléguée à la politique de la ville, à la citoyenneté, à la parentalité et aux espaces sociaux Cahors
– Marie-Jo Bouysset, Première adjointe au Maire Bretenoux
– Catherine Albert, maire de Cahus
– Catherine Prunet, vice-présidente du conseil départemental, conseillère départementale du canton de Lacapelle-Marival
– Suzanne Lacarrière, adjointe au maire Thégra
– Christiane Sercomanens, adjointe à la solidarité et à la prévention Figeac et vice-présidente du CCAS et du CIAS communauté de communes Grand Figeac
– Jacqueline Lafon, conseillère municipale de Gramat
– Françoise Garrigues, conseillère municipale Gramat
– Maria de Fatima Ruaud, première adjointe au maire Gramat
– Huguette Tiegna, députée du Lot
– Christiane Lescure, conseillère municipale Biars-sur-Cère
– Nicole Dargegen, conseillère municipale Figeac
Avec le soutien du Réseau Femmes Elues et du Réseau Femmes Elues du Lot
L’appel : « Malheureusement, rien ne change ! Les violences sexuelles et sexistes continuent d’anéantir la vie de nombreuses femmes. Soixante-quinze d’entre nous ont péri depuis le début de l’année sous les coups de leur compagnon ou de leur conjoint. Comment en sommes-nous arrivés là ? Alors que les discours volontaristes se multiplient à l’envi, pourquoi n’arrivons-nous pas à résoudre ce scandale d’un autre âge ? Nous, femmes élues du Lot, nous sentons particulièrement concernées par ces féminicides et appelons à une prise rapide de décisions concrètes propres à aider véritablement les femmes dans ces situations dramatiques où leur vie est menacée. Nous veillerons à ce que ce problème majeur de société soit envisagé et traité comme une priorité absolue. »
La liste des premières signataires a été ajoutée dans l’article ci-dessus