Fermeture d’unités de soins en psychiatrie à Leyme
Depuis lundi matin, à l’appel du syndicat CGT, une partie du personnel de l’Institut Camille Miret à Leyme, dans le Lot, s’est déclarée en grève, une grève illimitée.
Dans un communiqué, la CGT proteste contre « la fermeture d’unités de soins en psychiatrie, le démantèlement progressif des établissements, la baisse des effectifs et la dégradation des conditions de travail ».
Depuis le 5 octobre, en effet, le service de soins pour adolescents est fermé. La direction de l’établissement s’en explique en précisant que cette fermeture n’est que provisoire, que ce service rouvrira le 5 décembre.
Cette fermeture « provisoire » serait due à certains « dysfonctionnements » constatés dans le service et au manque de médecin spécialisé durant cette période.
La Dépêche Publié le 05/04/2017
La santé mentale dans le Lot c’est l’Institut Camille Miret. Gérée par une association, cette structure a été confiée à Jean-Luc Lebeuf. Rencontre avec le nouveau directeur.
À 61 ans, Jean-Luc Lebeuf, directeur général de l’ICM, a officiellement pris son poste, avec le départ de Jean Ouitis. Il a été haut fonctionnaire du ministère de la Santé pendant 42 ans. Il souhaite conduire la destinée de l’Institut durant 4 ans, puis préparer une succession solide. Interview.
Quelle situation avez-vous trouvée à votre arrivée à Camille Miret ?
Dès l’été 2016, j’ai commencé à faire un diagnostic, avec l’encadrement et les représentants du personnel. Mon 1er constat a été des clivages forts au sein de l’ICM, un dialogue social extrêmement tendu, une situation marquée aussi par le plan de retour à l’équilibre. Sur le plan humain, j’ai trouvé des salariés inquiets pour leur avenir, un encadrement désavoué où chacun craignait de prendre des initiatives.
Sur le plan de la santé, j’ai constaté des projets de soin, sans que les moyens humains ou l’organisation des services soient suffisants ou adaptés, avec pour conséquence des inéquités et des personnels en souffrance.
Quelle est la politique que vous souhaitez mettre en œuvre ?
J’ai un management plutôt décentralisateur, je veux redonner de l’autonomie aux directeurs et de la proximité avec les cadres. Je veux rassurer : l’ICM est un établissement sain. Nous avons un budget annuel de 65 M€, dont 84 % sont consacrés aux personnels, qui interviennent dans nos 15 structures, dont 650 sur l’hôpital de Leyme.
Il n’y avait pas eu d’augmentation de salaire depuis 8 ans : nous avons fait une proposition de 55 € mensuels sur les petits salaires, 30 € pour les salaires moyens et 15 € pour les plus hauts. Sur la pratique médicale, on est plutôt bon, avec un parcours complet du médico-social à la psychiatrie, maintenant il faut redonner de la confiance et de l’enthousiasme.
Quels sont vos projets ?
Nous avons un projet de foyer d’accueil médicalisé à Leyme, ce serait une 1re sur le Lot. L’ARS a donné son accord. C’est une structure qui manque pour les personnes avec des maladies psychiatriques stabilisées mais qui évoluent vers des handicaps moteur et qu’on ne peut maintenir en unité de soins psychiatriques. L’ICM va autofinancer ce projet.
Cela nous permettrait de dégager des places à Castelnau-Montratier pour de jeunes autistes et pour les malades de Huntington.
Nous avons acheté des terrains à l’hôpital de Cahors pour bâtir une nouvelle Unité de crise qui ouvrira en septembre 2018 ; avec 2,70 M€ de travaux engagés.
Un budget qui a déjà retrouvé l’équilibre
Le budget de Camille Miret générait de l’excédent chaque année. Mais, il a subi en 2007-2008, puis en 2013, les impacts de la modification des contrats ZRR, soit 1,50 M€ d’exonération de charges salariales perdu.
«Ce plan de retour à l’équilibre 2016/2018 qu’a mis en place mon prédécesseur, Jean Ouitis, a permis le retour à l’équilibre et générera 1,80 M€ d’économie», précise Jean-Luc Lebeuf.
«Quant à la fermeture de l’unité de crise prévue dans ce plan, dit-il, c’était une mesure qui avait du sens médicalement ; mais elle s’est transformée en un vecteur économique pour supprimer des emplois. D’ailleurs dans ce plan de retour à l’équilibre, l’objectif était de passer de 1 170 emplois à 1 130 d’ici 2019, par le non-remplacement de 40 départs en retraite».
En 2017, la bonne nouvelle c’est l’attribution d’un nouveau crédit d’impôt qui représentera une exonération estimée de 700 000 à 900 000€. «Cela va nous permettre de recruter des CDD pour les services en tension et de développer la formation de nos personnels», souligne le directeur de l’Institut Camille Miret.
Une convention avec 4 Ehpad
L’Institut Camille Miret compte aujourd’hui parmi ses patients des gens âgés de plus de 65 ans. Or l’ICM n’a pas d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes EHPAD. «Nous allons passer une convention avec 4 EHPAD associatifs : Lacapelle-Marival (Le Moutier), Sousceyrac, Gramat (P. Bonhomme) et Montfaucon. Il y aura une prise en charge accentuée de la démence sénile et des problèmes psychiatriques. Nos psychiatres interviendront par visioconférence avec les médecins coordonnateurs des EHPAD et nous proposerons des formations à leurs personnels», détaille Jean-Luc Lebeuf.
Commentaires les plus récents