Figeac Aéro annonce la suppression de 320 postes à Figeac
L’annonce aussi attendue que redoutée est tombée ce jeudi comme un couperet. Secoué par une crise sans précédent, Figeac Aéro lance un plan de réorganisation qui prévoit la suppression d’un tiers des effectifs du site figeacois.
La direction de Figeac Aéro n’a pas attendu la rentrée pour annoncer ce que tout le monde redoutait depuis des semaines : la mise en œuvre d’une profonde restructuration de son site historique qui tourne au ralenti depuis le début de la crise liée à l’épidémie du coronavirus. Jeudi matin, un comité économique et social extraordinaire a réuni l’ensemble des partenaires sociaux. De nouvelles mesures comprenant un plan de sauvegarde de l’emploi leur ont été présentées.
« C’est un projet de réorganisation qui entraîne la suppression potentielle de 320 postes » explique Didier Roux, directeur général adjoint de Figeac Aéro qui précise le démarrage d’une procédure longue de plusieurs mois, marquée par une phase de discussions avec les partenaires sociaux qui va être engagée jusqu’à la mi-janvier. Les départs effectifs ne devraient intervenir qu’en mai 2021.
« Ce projet comporte un plan de départs volontaires avec la prolongation du dispositif de chômage partiel de longue durée pour les salariés. Tous les secteurs de l’entreprise seront impactés de manière homogène » précise Didier Roux. La direction souhaite limiter au maximum l’impact de ce plan sur le personnel déjà éprouvé par des mois d’activité partielle et de craintes pour l’avenir. Un dispositif d’accompagnement sera mis en place.
Ce plan « douloureux mais indispensable » intervient dans un contexte mondial extrêmement compliqué pour le secteur aéronautique durement touché par la crise. « On constate une baisse d’activité au-delà de 50 %, rappelle le responsable. Airbus et les donneurs d’ordre sont tous impactés et ont confirmé une baisse de 30 à 40 % de manière durable ». Un courrier écrit par le PDG fondateur du groupe, Jean-Claude Maillard va être envoyé à tous les employés. « Il est personnellement très impacté par ce qui se passe » confie le directeur adjoint.
« Je suis conscient de ce que représentent les mesures de ce projet pour l’ensemble des collaborateurs. Elles sont pourtant indispensables si nous souhaitons garantir à notre Groupe pérennité et résilience et lui redonner les moyens de se projeter vers l’avenir » indique ce soir dans un communiqué Jean-Claude Maillard.
L’avenir des emplois à Figeac
Interview de Martin Malvy par Audrey Lecomte La Dépêche
L’avenir de l’aéronautique dépend de l’Europe. C’est un secteur stratégique. Des Etats bien sûr mais de l’Europe, parce que face aux Etats-Unis et à la Chine, l’Europe cesserait d’exister si elle perdait son leadership aéronautique et spatial. Elle n’en a pas le droit. Il caractérise l’Europe. La crise place les trois géants devant leurs responsabilités. La Chine dispose de moyens considérables. Les Etats-Unis ne laisseront pas tomber Boeing, en grande difficulté depuis l’arrêt du 737 MAX. Reste Airbus et la filière aéronautique et spatiale. En Europe elle concerne – outre la France- plus de onze pays. En France, plus de 300 000 emplois, en Occitanie 86 000, dans la Mécanic Valley 13 000, 40 % de l’emploi industriel régional. Cinq Régions principalement concernées, nous sommes la plus grande région aéronautique du monde. À l’échelon régional, Carole Delga, présidente d’Occitanie a démontré depuis le début de la crise qu’elle était avec la Région ultra-présente et efficace dans ses décisions. Dans tous les domaines, de la production et de la solidarité. L’aéronautique, ce sont aussi des centaines de petites et moyennes entreprises réparties sur le territoire et indispensables au fonctionnement de l’écosystème. Nous en savons quelque chose à Figeac qui constitue avec le pôle de Tarbes-Loudes, et celui de Pamiers l’un des trois territoires de l’aéronautique dans la Région. Je suis très inquiet, comme tous les acteurs de la filière, dirigeants, personnels, syndicats, toutes celles et tous ceux dont l’activité dépend d’une manière ou d’une autre de ce qui est le fleuron du Pays de Figeac et de la Mecanic Vallée. Nos entreprises sont prises dans la tourmente. Certaines avaient déjà été impactées par la crise de Boeing.
Quelles mesures sont selon vous prioritaires pour accompagner la relance de l’activité ?
Compte tenu de l’ampleur de la crise, les concours ne peuvent être que multiples, des simplifications administratives aux soutiens financiers, aux allègements de charges et à l’accompagnement des salariés. Ceci vaut pour l’ensemble des activités économiques. Mais pour l’aéronautique, il faut soutenir l’émergence d’une industrie plus propre, plus verte, mettre le moment au service de l’accélération de la réduction du CO2, inciter les compagnies à se tourner vers des modèles plus performants, donc à reprendre le renouvellement de leur flotte. On peut imaginer aussi de nouvelles commandes de l’Etat ou de l’Europe. Je pense aux 400 M avec les hélices de Ratier, au 380. Le premier est exclusivement dépendant des commandes d’Etat. C’est le moment ou jamais de reprendre les commandes. Le second est trop cher. Peut-être cela vaut-il la peine de consentir des sacrifices supplémentaires.
Audrey Lecomte La Dépêche
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