Figeac Aero perçoit des signes de rebond
« Figeac Aero a été cisaillé par la crise ». C’est par ces mots que son PDG Jean-Claude Maillard a présenté ce jeudi matin les résultats financiers du premier semestre 2019/2020. Le chiffre d’affaires a dévissé de 57,94% passant de 224 M€ à 94,4 M€ . En six mois, l’entreprise a creusé une perte de 51,1 M€ contre une perte nette de 0,59 million un an plus tôt. La réduction des cadences chez les grands clients de Figeac Aero (Airbus, Safran, Boeing…) a fortement affecté l’activité du premier sous-traitant aéronautique d’Europe mais le point bas a été touché selon le PDG de Figeac Aero. » Nous sommes en train de remonter à la surface de la piscine mais nous ne connaissons pas la vitesse de cette remontée car elle est liée à l’évolution de la crise sanitaire » prévient le patron lotois.
Un plan social de 320 postes à Figeac
Face à la chute des commandes et au « ramp down » (baisse des cadences), le groupe aéronautique a rapidement réduit la voilure en supprimant 1.000 postes dans ses usines étrangères et a lancé un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) pour son site de Figeac portant sur 320 postes (sur 966 CDI) et pour celui de Méaulte en Picardie (21 postes menacés). Une provision pour restructuration de 11,8 M€ a ainsi été passée dans les comptes. Par ailleurs, les investissements ont été divisés par deux à 17,3 M€. Une grande palette de dispositifs a aussi été mobilisée comme l’activité partielle longue durée (APLD) dans les usines françaises qui a permis une prise en charge de 5,9 M€ sur 542.000 heures de chômage partiel.
Des prêts garantis par l’Etat (PGE) pour un montant total de 80 M€ ont été contractés ainsi qu’un prêt Atout auprès de BPI France de 15 M€. Des décalages d’échéances d’emprunt repositionnés en fin de période de remboursement ont aussi permis de préserver 4 M€. Le report de paiement de charges sociales a, lui, dégagé 7,9 M€ sur le premier semestre.
Des signaux positifs de reprise
Malgré la crise, Figeac Aero est parvenu à conclure deux nouveaux contrats: l’un avec l’Américain Collins Aerospace pour un montant global de 200 M$ sur plusieurs années et un autre avec l’exigeant Rolls Royce. Les effets positifs sur le chiffre d’affaires se feront ressentir respectivement dans un et deux ans pour Figeac. Le groupe lotois note également une multiplication des signaux positifs de reprise. Ainsi, Airbus maintiendra sa production mensuelle d’A320 (l’appareil le plus vendu de sa gamme) à 40 exemplaires jusqu’à l’été 2021 mais la portera ensuite à 47 appareils. « Les études montrent un retour à la normale en 2023 du trafic passager pour les avions court et moyen-courrier et 2024 pour les long-courriers alors que la Chine, elle, a déjà retrouvé ses niveaux d’avant crise » illustre Jean-Claude Maillard comme perspectives encourageantes. Mais le patron lotois est bien conscient que les compagnies aériennes sont fortement fragilisées et endettées. « Elles devront se désendetter, le marché devra digérer le stock d’avions avant de commander de nouveaux avions neufs » a-t-il poursuivi.
Le volume de production des avions* que contribue à produire Figeac Aero passera de 1.122 appareils avant le Covid à 686 unités en 2020. Selon le consensus du marché communiqué par Figeac Aero, ce chiffre devrait remonter à 1.227 avions en 2021. « Attention ce chiffre peut être trompeur car il inclut 422 Boeing 737 MAX qui seront déstockés. Si on neutralise le MAX, les livraisons resteront inférieures à celles d’avant crise jusqu’en 2023 » prévient Jean-Claude Maillard. Et en 2024, l’Airbus A350 n’aura toujours pas retrouvé son rythme de production d’avant crise avec seulement 83 avions produits contre 108 en 2019. Figeac Aero est d’autant plus impacté que 32% de son activité aérostructures dépend de cet avion long-courrier.
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