Figeac: L’hôpital se mobilise
Le directeur de l’établissement Raphaël Lagarde livre son plan de bataille.
Comment l’hôpital de Figeac se prépare à faire face à la crise sanitaire ? Quelles mesures ont été mises en place ?
Nous avons bien évidemment appliqué scrupuleusement les consignes régionales et nationales en termes d’organisation. Nous avons rapidement limité puis interdit les visites. Nous avons aussi limité au maximum nos déplacements sur le département et les mouvements au sein de notre établissement. Le point essentiel est que nous avons travaillé sur la déprogrammation de l’activité chirurgicale dans le but de mobiliser plus facilement des lits pour l’arrivée de patients en détresse respiratoire. Cela concerne grosso modo les trois quarts de nos passages au bloc. On a par ailleurs prévu toute une distinction de flux des patients en mettant en place un poste médical avancé à l’entrée des urgences et en réservant un secteur d’hospitalisation avec du personnel dédié et des moyens adaptés. Deux unités seront dédiées aux cas avérés avec des soins continus pour des personnes qui ont besoin de ventilation et une autre unité réservée aux formes les plus sévères.
Pourquoi avoir fait le choix d’installer un poste médical avancé devant l’hôpital ?
Il répond à une problématique que nous avons ici : notre service des urgences est architecturalement un peu contraint. Il nous a paru essentiel de séparer les personnes qui présentent des infections respiratoires, qu’elles puissent être prises en charge à l’extérieur. L’objectif est de pouvoir distinguer des cas des autres pathologies sans passer aux urgences qui continuent à fonctionner. Il faut absolument éviter que les salles d’attente de l’hôpital soient un lieu de contamination potentielle.
Constatez-vous un afflux de patients inquiets par l’épidémie aux urgences ?
On voit à Figeac une baisse de la fréquentation de nos urgences. Il y a un effet coronavirus. Comparativement le flux de personnes souffrant de problèmes respiratoires est monté car on s’écoute un peu plus et quand quelqu’un commence à avoir la gorge qui gratte, on s’affole. Je profite pour rappeler à chacun qu’il faut contacter son médecin traitant et à défaut ou en cas de signes graves, appeler le 15.
Avez-vous la possibilité de réaliser des tests pour détecter le Covid-19 ?
Nous avons tout le matériel à notre disposition pour procéder au prélèvement sur indication exclusive du Samu qui nous oriente les cas. Ce prélèvement à ce jour sera traité par le CHU de Toulouse. Pour le moment, les infectiologues de Cahors analysent systématiquement chaque cas pour organiser la nécessité ou pas de procéder à un test.
Comment se mobilise le personnel soignant ?
Les professionnels sont là, présents. Jusqu’à présent il n’y a eu aucune nécessité à rappeler des agents ou à réquisitionner. Les personnels se mobilisent d’eux-mêmes, proposent de supprimer leurs congés. On a même des personnes en retraite récente ou en congé parental qui se proposent pour venir renforcer les équipes. C’est très réconfortant.
Connaissez-vous un problème avec le matériel de protection comme les gants et les masques ?
On a le matériel technique suffisant mais au niveau du consommable comme les gants et les masques, on a une réelle tension au niveau national. Tous les établissements et les professionnels essayent de conforter leur stock. Les masques sont orientés en privilégiant les zones de circulation active qui sont dans la région l’Aude et l’Hérault. Cela entraîne pour des zones comme ici une situation un peu compliquée. On a eu confirmation par l’ARS que des stocks seraient acheminés auprès du CH Cahors pour être ensuite distribués ici.
La solidarité devient… virale
Face au virus, de multiples initiatives solidaires voient le jour. À l’hôpital et l’Ehpad, les patients et résidents privés de visites sont choyés. « On maintient le lien avec la famille par téléphone. Le Covid aura ça de positif : nous avons réalisé les premiers échanges par Skype » souligne Raphaël Lagarde. Le directeur de l’hôpital tient à saluer aussi le geste solidaire et civique de Ratier qui a proposé de mettre à disposition des soignants des masques FFP2.
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