Figeac: Tensions à l’IUT
Sur des tracts jaunes, signés du Collectif IUT – Figeac, ils étalent leurs doléances, parlant de «gouvernance opaque et arbitraire, de démocratie universitaire bafouée, de chantage, d’intimidation, de mépris et moqueries, et de sexisme…» Lundi matin, ils ont distribué ces documents aux abords de l’IUT, à Nayrac, mais aussi sur les parkings du Foirail. La Dépêche a rencontré à Figeac plusieurs membres du collectif, d’autres, lors d’échanges téléphoniques.
Pourquoi faire état maintenant de ces difficultés, alors que l’élection d’une nouvelle direction est annoncée ?
Jusqu’à présent nous étions tenus par un devoir de réserve, nous avons donc fait remonter les situations en interne. Depuis trois ans, la plupart de nos alertes ont été étouffées. Dernièrement le Comité hygiène, sécurité et condition de travail de l’Université Toulouse Jean-Jaurès, à laquelle nous sommes rattachés, a reconnu une situation critique et a voté une expertise indépendante et une médiation. Mais la direction de l’IUT s’y est opposée. Ces élections d’un nouveau président du conseil d’administration de l’IUT, puis d’un nouveau directeur sont entachées d’irrégularités. On espérait qu’elles permettraient d’assainir cet état de fait, on constate que cela n’en prend pas le chemin.
Sur quoi reposent vos dires ?
Un exemple pour la 1re fois en 20 ans, nous avons eu 100 % de votants sur l’élection du représentant des vacataires de l’IUT, soit 29 votes pour ce siège au CA, certains nous ont dit avoir reçu des intimidations en amont et ne même pas connaître le candidat. Tout est biaisé, afin de laisser le champ libre au successeur choisi pour remplacer le directeur actuel.
De façon plus globale sur le fonctionnement de cet IUT : on constate des budgets alloués pour des investissements précis dont les services ne voient pas la couleur, des soutiens de la Région dans le cadre d’investissement à l’équipement ou à projet qui basculent sur d’autres dépenses, des frais de missions en Chine colossaux. Mais il y a aussi des pratiques d’enseignement douteuses. Des élèves inquiets qui font état de comportements ambigus, voire de harcèlement sexiste ou intéressé… Avec là encore du chantage sur leur notation, etc. Un dernier exemple, les noms de ceux qui ont saisi la Médecine universitaire ont été connus et révélés à la direction.
Qu’attendez-vous de cette démarche publique ?
Nous avons alerté la présidence de l’Université Toulouse Jean-Jaures, le CHSCT, les élus figeacois, même Martin Malvy, en début de mois et le député Launay ces jours-ci. Ces élections ne se déroulent pas dans la transparence et dans un climat serein. On aimerait qu’une direction provisoire et indépendante soit mise en place, le temps de remettre le fonctionnement et les comportements à plat. Dans tous les cas, il faut que les gens sachent. Jusqu’à présent nous avons encaissé, mais là, avec cette omerta, on ne voit plus d’issue.
Les syndicats étudiants toulousains ont aussi alerté
À Toulouse, nous avons joint des syndicats étudiants qui font le relais avec l’IUT. Ils dénoncent : les 3 jours de jeux d’entreprise organisés à l’IUT, tous les ans, censés plonger les étudiants dans un contexte de travail en entreprises, mais où ils doivent rester sur site, avec la volonté de les priver de sommeil. L’adhésion obligatoire à des associations locales, dont ils doivent rendre compte, sans que l’IUT ne soit en mesure de fournir une explication claire sur la justification pédagogique, le lien avec leurs études ou d’éventuels projets tuteurés, et qui plus est, une démarche sanctionnée par une note».
Autre point : les deux absences injustifiées dans les deux jours qui entraînent une note de zéro. «Même si un certificat médical est fourni en retard, le zéro est attribué, et ce système est inscrit au règlement intérieur de l’IUT. Faisons cela à Toulouse, et tous les étudiants bloquent l’Université».
Enfin, sur la question de harcèlement sexiste, ils confirment avoir rencontré et eu des échanges avec plusieurs étudiants et étudiantes à ce sujet, parlant «d’ambiance de travail malsaine».
«Une annonce concernant le harcèlement sur les étudiants»
Concernant le harcèlement et les pressions subis par des étudiants, la présidence de l’Université Toulouse-Jean Jaurès nous informe : «Nous suivons ces sujets de très près. Nous allons faire très rapidement une annonce, en début de semaine prochaine. Il y aura des mesures prises». «Le CHSCT a rencontré les personnels qui le souhaitaient et a constaté une situation tendue qui ne date pas d’hier, mais la période électorale n’arrange évidemment pas les choses. Nous avons pris cela au sérieux et engagé un médiateur, dont la fiche de mission a été rédigée. La période étant trop délicate, nous temporisons sa venue, pour qu’il intervienne à Figeac dans des conditions constructives. Il y aura aussi en parallèle une expertise du CHSCT, nous ne nous désengagerons pas de nos responsabilités».
Olivier Drouard-Pascarel, directeur de l’IUT, nous indiquait : «Il y a un amalgame de tout par un petit groupe de personnel qui n’est pas représentatif mais qui soutient un des 3 candidats à l’élection, pour susciter du désordre à la voie démocratique. Les comptes de l’IUT sont certifiés par un commissaire aux comptes qui n’a jamais mis aucune observation, ni relevé d’irrégularité.
Les frais de déplacement en Chine rentrent dans le cadre légal des remboursements selon les tarifs appliqués par l’administration». Concernant le harcèlement subi par certains étudiants, il dit : «ne pas avoir été informé, sans quoi les sanctions auraient été prises». Enfin, il signale qu’une «action en justice va être engagée à l’encontre du Collectif IUT Figeac pour la diffusion de ces propos diffamatoires qui salissent la direction et l’établissement, par des fonctionnaires tenus au devoir de réserve» et parle «d’une campagne de calomnie qui ne restera pas sans suite».
propos recueillis par Laetitia Bertoni La Dépêche
A. Mellinger : «Chacun ne voit qu’un bout du problème»
Xavier Pumin élu. Tout un symbole… C’est avec des sucreries et des gâteaux, que les 38 membres du Conseil d’IUT étaient accueillis, hier, dès 14 heures, dans la salle C114 de l’IUT.
Des douceurs… Pour apaiser le climat tendu qui règne depuis plusieurs semaines sur l’Institut universitaire de technologie de Figeac ; et avant de siéger trois heures durant et d’élire le directeur et le président de l’IUT. Ces désignations marqueront-elles l’épilogue de ces tensions ?
C’est ce que souhaitent Xavier Pumin, professeur d’informatique et ingénieur pédagogique, élu directeur de l’IUT (par 21 voix à 12, 2 blancs) ; et Jehan Vanpoperynghe, directeur des applications militaires au Commissariat à l’énergie atomique de Gramat, qui présidera le conseil d’IUT (élu par 32 voix, 3 blancs).
Xavier Pumin qui a rejoint l’IUT en 2005 était candidat face à Patricia Gontier. Elle est maître de conférences en Sciences économiques, en exercice à l’IUT depuis 1997.
Ces deux seuls candidats au poste de direction, suite au désistement soudain de Malik Boumediene, siégeaient côte à côte lors de ce conseil d’IUT. Un rapprochement « provoqué » qui n’aura échappé à personne.
Cette désignation par vote à bulletins secrets, dans deux isoloirs, fait suite à d’âpres semaines d’accusations, de suspicions, d’inquiétude qui ont ravivé des tensions préexistantes entre les pro-Collectif IUT de Figeac et les autres. D’ailleurs, deux agents administratifs de l’Université Toulouse Jean-Jaurès ont assuré le contrôle de ces élections.
Le fonctionnement d’un IUT est assez curieux pour les non-initiés ; puisque le directeur en poste, élu pour un mandat de 5 ans, renouvelable une fois, est désigné par ses pairs : les membres du conseil d’IUT habilités à voter. Le tout sur la base d’une campagne électorale.
Olivier Drouard-Pascarel Passera donc le relais à Xavier Pumin, qui prendra officiellement son poste, le 22 mai. « Je lui demanderai durant ces deux mois de transition, de rencontrer rapidement son adversaire. Puis chaque membre du personnel, afin de construire son mandat sur de bonnes bases. Il devra convaincre chacun d’œuvrer à la restauration d’un état d’esprit positif et constructif », déclarait Olivier Drouard-Pascarel. Une démarche que l’intéressé avait déjà faite sienne : « Il faut retrouver la paix, poursuivre l’explication du projet sur lequel j’ai construit cette campagne. Chacun peut me rejoindre, s’investir. Je n’ai pas l’intention de créer des clans, mais je veux comprendre le malaise mis en avant. Je rencontrerai tout le monde pour me faire un avis et voir ce qui ne va pas ». Il est prêt, dit-il, « à recourir à une expertise indépendante, si nécessaire pour que cela aille mieux à l’IUT ».
L Bertoni La Dépêche
La Dépêche: Un enseignant de l’IUT de Figeac suspendu : le sujet met mal à l’aise certains, en soulage d’autres, et agace les incrédules…
La rédaction de La Dépêche du Midi s’est procuré un document interne à l’IUT qui confirme cette information. Il mentionne : «la suspension du professeur, à titre conservatoire», mais «l’autorise à être présent sur le site de l’IUT».
Malgré des appels téléphoniques maintes fois réitérés, cette semaine, la présidence de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès n’a jamais donné suite à nos demandes.
Lorsque le Collectif IUT-Figeac et un syndicat étudiants de Toulouse ont évoqué du harcèlement et des pressions subis par des étudiants figeacois, nous avions eu cette réponse de la présidence de l’Université : «Nous suivons ces sujets de près. Nous allons faire très rapidement une annonce en début de semaine». C’était dans notre édition du jeudi 16 mars.
Depuis donc, silence radio de toute part. Même Olivier Drouard-Pascarel, directeur, (avant passation de relais à Xavier Pumin, nouvellement élu, avant-hier) nous a indiqué à plusieurs reprises : «Ne pas être au courant et ne pas avoir été alerté par l’Université sur quoi que ce soit, ni la personne concernée».
Mais, en début de semaine, nous apprenions que les cours du professeur avaient été annulés. Jeudi, lors du conseil d’IUT, le directeur et le président de l’IUT, Jehan Vanpoperynghe, nous répondaient : «Nous ne ferons aucun commentaire».
Le Collectif IUT-Figeac dans sa liste des nombreux points de dysfonctionnement et d’opacité au sein de l’IUT nous avait fait mention d’une situation délicate visant un professeur de l’Institut universitaire de technologie, dans sa relation avec ses élèves.
Mercredi, dans son tract : «IUT : un directeur de département sanctionné !» le collectif mentionnait même «du harcèlement couvert depuis des années». En interne, aucun étudiant n’a souhaité aborder ce sujet ; des personnels de l’IUT, non-membres du collectif, nous confiaient : «avoir été témoins de propos qu’eux jugeaient déplacés de la part d’un professeur». Pour quels motifs exactement, cet enseignant universitaire a été suspendu ? Pour combien de temps ? Nous venons d’adresser un mail à la présidence de l’Université.
Laetitia Bertoni La Dépêche
Hier, l’Union des Etudiantes de Toulouse, un syndicat jeunes, a tracté à l’IUT de Figeac, appelant les jeunes victimes de comportements inappropriés à oser témoigner.
Leur action fait suite à la suspension d’un professeur de l’IUT par la présidence de l’Université Toulouse-Jean-Jaurès. Suite aux nombreuses tentatives de la rédaction pour obtenir des explications sur ce dossier, la direction de l’IUT comme celle de l’Université – dans un mail adressé lundi à notre journal — ont précisé «ne vouloir faire aucun commentaire».
Ce qui n’est pas le cas du syndicat étudiant qui communique ceci : «Cette mesure que nous avons réclamée est prise afin de mettre en place une commission disciplinaire qui devra statuer sur cette affaire. Il s’agit d’une procédure visant l’éloignement du professeur pour 6 mois. (…) Elle devrait permettre de libérer la parole et d’atténuer la peur qui entoure systématiquement les cas de harcèlement*. Nous demandons l’ouverture d’un groupe de travail sur le harcèlement afin de développer une vraie politique de prise en charge des victimes à l’université, au-delà de ce cas*».
Contactée en début de semaine, la porte-parole de ce syndicat étudiant nous signalait : «Nous avons rencontré une vingtaine de personnes de l’IUT dont les témoignages se recoupent, dont 8 étudiants et membres du personnel qui ont accepté de faire un témoignage écrit et nominatif, prêtes donc à aller jusqu’au bout de la démarche. On aimerait donc rencontrer très rapidement l’ancien directeur et le nouveau. Il faut qu’ils informent leurs étudiants sur la durée de cette suspension du professeur. Cet éloignement pédagogique qui évitera des pressions sur les notes, les absences, etc., et va permettre aux victimes qui n’osaient pas se manifester par peur, d’oser se défendre».
Un médiateur interviendra à l’IUT en avril
«La situation qu’a connue l’IUT ces derniers jours est à prendre en compte. L’Université Toulouse Jean-Jaurès vient de proposer une médiation. C’est ce que souhaitait une partie du personnel depuis un petit moment. Ce sera donc un professeur émérite de l’Université de Toulouse qui interviendra comme médiateur dans nos murs, en avril», déclarait Xavier Pumin, le nouveau directeur de l’Institut universitaire de technologie de Figeac, en début de semaine.
De son côté, le nouveau président de l’IUT, Jehan Vanpoperynghe, a fait savoir qu’il irait personnellement à la rencontre des membres du conseil d’IUT, afin de mieux comprendre les motifs des oppositions et des difficultés qui ont secoué l’institut figeacois.
Le Collectif IUT-Figeac qui avait dénoncé, à grand renfort de tracts : «Une crise aiguë à l’IUT, conséquence d’une succession d’alertes systématiquement étouffées par la direction», pointait des faits en cours depuis des années à l’IUT. Son action a mis sur la place publique l’état de crispation des personnels de l’IUT et les difficultés. «Notre objectif est désormais une expertise indépendante approfondie ! L’urgence est bien cette expertise et les membres du collectif sont favorables à la médiation dans la mesure où les deux se déroulent en parallèle comme cela a été identifié nécessaire par tous. Le collectif sera donc tout particulièrement vigilant au déroulement de cette expertise qui permettra d’étayer nos dires sur de nombreux points et il continuera à dénoncer publiquement tous les dysfonctionnements constatés».
Lae. B.La Dépêche
La rentrée passée, de nouveau, le collectif de l’IUT s’est mis en mouvement, notamment pour faire part de la sanction disciplinaire prise à l’encontre d’un des professeurs de l’Institut universitaire de technologie de Figeac.
«Les choses que nous dénoncions commencent à sortir. Cet enseignant a été suspendu par le conseil de l’Université Jean Jaurès, à laquelle l’IUT est rattaché», dévoilent-ils.
Que les choses soient claires, il ne s’agit aucunement d’une décision de justice, mais bien d’une décision prise par ses pairs, sur leur seul arbitrage. Ceci étant cette sanction disciplinaire, contre laquelle l’intéressé peut bien sûr faire appel, retient les motifs de menace, agression verbale, humiliations, pression et déstabilisation des étudiants et le fait de s’immiscer dans la vie privée.
«Il est donc interdit d’exercer pour un an, à l’IUT mais aussi dans tout établissement supérieur», précisent les membres du collectif qui cette semaine se sont de nouveau réunis pour des questions d’ordre plus général : «Nous voulons que les nouvelles direction et présidence puissent exercer leurs mandats dans la transparence et la sincérité. Et que le nouveau directeur de l’IUT et le président puissent prendre les directives et faire les recommandations sincères quant à l’expertise réalisée et qui vient d’être restituée».
Enfin, ses représentants l’assurent : «Le collectif a enfin permis à des gens de pouvoir s’exprimer et de dénoncer des agissements, sans crainte».
Lae. B. La Dépêche