Galerie d’art de Villefranche-du-Périgord

ESSAIS D’ANALYSE D’UNE OEUVRE D’ART

« L’ange gardien », œuvre de Anne-Marie Guerchet-Jeannin, acrylique sur papier, 76 x 56 cm.

Sur ce tableau figurent deux personnages, superposés. Les personnages, dont seul les contours sont dessinés apparaissent dans des attitudes de mouvement. Un des personnages est en position d’exécuter une action, position courbée, pieds et jambes bien stables. L’autre personnage est au-dessus et bascule vers l’arrière en désequilibre.

On y voit des superposition de membres, surtout des pieds et des mains. Le contour des personnages sont des traits de couleur sur un fond clair. On y voit également des parties colorées, vert, mauve, rose, jaune. Il n’y a pas de zones vides ou « mortes », tout l’espace est occupé. Les formes sont approximatives, superposées, parfois doubles, certains membres ne sont pas liés au corps.

Les lignes sont courbes ce qui donne un effet apaisant, elles sont légères et rapides elles rappellent une sensation de mouvement et de liberté. Les couleurs sont harmonieuses, complémentaires. Elles ne recouvrent qu’une partie des membres et ne suivent pas les contours des formes. Les membres inférieurs plus colorés en opposition du reste du fond du tableau qui lui est clair, donne de la lumière au tableau.

L’oeuvre ne crée pas l’illusion d’une profondeur ni de perspective.

D’un point de vue structurel, on imagine un triangle ayant sa base sur le dos du personnage du bas et son sommet sur la tête du personnage au-dessus. Un quadrilatère dont un des côtés est formé par le même dos et les autres côtés vont d’une part de la tête au pied gauche et d’autre part du bassin au pied droit.

La moitié inférieure de l’oeuvre est plus dense en traits et en couleurs tandis que le personnage qui se trouve dans la partie supérieure est d’une grande légèreté, dessiné d’un seul trait avec très peu de couleur. Il y a un net contraste entre ces deux parties.

Les attitudes des personnages sont en opposition. Le personnage du bas est dans une position stable alors que celui du haut est en déséquilibre. De plus, le fait que le personnage du haut est dans une partie du tableau plus claire, ainsi que la simplicité du trait qui le compose, donne un effet de légèreté et de vol.

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Le corps humain et le mouvement sont très présents et sont les motifs principaux de l’oeuvre. Ce sont les thèmes que l’on retrouve dans tout le travail d’Anne-Marie Guerchet-Jeannin.

D’autre part, au niveau du symbolisme et comme son titre l’indique « L’ange gardien » est tout à fait évoqué par le personnage au-dessus. Le personnage du bas semble être entrain d’exécuter une action (inconnue) et son ange gardien semble par sa posture en déséquilibre (mouvement de recul) avoir été surpris par la rapidité d’action de son protégé. L’attitude de déséquilibre de l’ange gardien est inquétante, il n’est pas en position de pouvoir protéger le personnage au-dessous dont il a la garde.

Deux questions se posent :

Est-ce que l’ange gardien essaie de retenir la trop grande impulsivité de son protégé ? Est-ce que l’auteur a voulu montrer les limites des anges gardiens en relation avec la volonté de leur protégés ?

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L’œuvre est une réussite dans le sens où l’utilisation de la lumière, des formes, des gestes et des lignes fonctionnent en harmonie pour montrer l’atmosphère du sujet. Elle décrit parfaitement la situation de déséquilibre de l’ange gardien. Elle est originale parce-que l’on s’attend plutôt que l’ange maîtrise la situation, ce qui ne semble pas être le cas ici.

Salvatore Orlando

L’exposition d’ Anne-Marie Guerchet-Jeannin est visible jusqu’au samedi 2 juillet.