Gourdon: Faut-il entretenir notre foret?
Intarissable dès qu’il parle de son exploitation agricole, Patrick Parant gère une ferme de 70 bovins au hameau de La Daulie à Gourdon. Exclusivement des Blondes d’Aquitaine et des Salers qu’il élève avec passion. Mais en 2015, sur proposition de la Safer, il saisit l’opportunité de devenir agro-forestier, en rachetant 10 hectares de forêts.
« J’y voyais surtout la possibilité de remembrer le foncier en apportant une continuité de surface qui me permettrait de conduire mes bêtes au pré sans emprunter la route », reconnaît l’éleveur bourian.
Accompagné par la Chambre d’agriculture du Lot et par son technicien forestier, Jocelyn Dibois, Patrick Parant a également la volonté de valoriser ce patrimoine naturel et économique car, précise-t-il, « cette forêt faisant face à Gourdon est un espace boisé classé, avec à proximité la chapelle Notre-Dame des neiges et son périmètre de protection ».
Patrick Parant s’attelle donc à la rédaction d’un document de gestion forestière agréé par le Centre régional de la propriété forestière, établi pour 20 ans. « C’est une programmation raisonnée de l’exploitation de la forêt, qui mentionne le calendrier et le programme de coupe. Un outil de gestion durable qui s’inscrit dans un cadre réglementaire national », intervient Jocelyn Dibois.
« … ça fait plus de 60 ans que ces bois n’intéressent plus personnes et n’ont plus été entretenus par l’homme ».
Patrick Parant prend alors conscience de l’abandon des forêts. « Avant, elles étaient entretenues. Les arbres étaient abattus. La forêt se renouvelait. Beaucoup de bois se ramassait pour le feu, le pain, etc. Cet entretien limitait les incendies aussi. Je me souviens encore du passage des écoliers à La Daulie qui venaient y faire des cabanes. Il y avait même une carrière de galets », se remémore l’enfant du pays.
Mais le temps a passé, seuls des vététistes, quelques fois des chasseurs, des cueilleurs de champignons ou des promeneurs empruntent ces sentiers… « Hormis cela, on peut considérer que ça fait plus de 60 ans que ces bois n’intéressent plus personnes et n’ont plus été entretenus par l’homme. Ils sont vieillissants », constatent les deux hommes en comptant les cernes des châtaigniers, jusqu’à 70 !
Une des essences d’arbres présente en taillis à La Daulie qui avec les chênes pédonculés et pubescents et les futaies de pin maritime constituent la richesse de cet espace forestier.
Des prélèvements mais pas de coupe à blanc
« L’idée est de pérenniser cette forêt et d’accompagner son renouvellement. L’exploitation se fait par des prélèvements, mais aucune coupe à blanc. La première intervention a eu lieu il y a un an. Cette coupe réalisée par les exploitants forestiers de l’entreprise Sisterne au Vigan a permis de valoriser le bois en charpente, menuiserie, traverses ferroviaires et paysagères, piquets, plaquettes bois énergie et même par de la pâte à papier. La plupart des arbres ont été travaillés par des scieries locales ou de départements limitrophes », insiste le technicien de la Chambre d’agriculture du Lot.
Patrick Parant va programmer la prochaine « éclaircie » en 2021, ouvrant ainsi des puits de lumière qui vont favoriser la croissance des plus jeunes arbres. « C’est un patrimoine à transmettre, dit-il, en pensant à l’héritage agricole reçu de son père en 1994, lorsqu’il quittait définitivement son poste de salarié pour s’investir totalement dans la ferme familiale.
La forêt lotoise en chiffres
Le Lot compte 263 000 hectares de forêt, soit un taux de boisement de 50 %. Elle est essentiellement composée de feuillus à 90 % (principalement des chênes) et 10 % de résineux (pin maritime et douglas).
97 % de la forêt lotoise est privée, elle appartient à 66 000 propriétaires, dont des agriculteurs.
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