Grippe aviaire: Notre mode d’élevage doit être revu.
Les mesures imposées aux élevages fermiers en plein air, en raison de la menace sanitaire que fait peser la grippe aviaire sur les exploitations agricoles et notamment les élevages de canards, sont considérées comme « absurdes » par la Confédération paysanne du Lot. Accompagnés par le Modef, des représentants et des militants de la « Conf » ont manifesté leur colère et leurs inquiétudes pour leur filière, mercredi 3 février devant la préfecture du Lot.
En martelant que « l’élevage en plein air ne se laissera pas abattre » et en déplorant le fait de « vivre la troisième grippe aviaire en cinq ans avec les mêmes causes produisant les mêmes effets » la Confédération paysanne et le Modef ne mâchent pas leurs mots.
Les pistes pour éviter l’épidémie et sauver les élevages
S’il doit y avoir une prise de bec et de conscience sur les élevages de canards, les manifestants ont bien choisi leur cible et leurs arguments : « Alors que tous les foyers ont démarré dans les filières industrielles, celles-ci refusent de se remettre en question et attaquent une fois de plus l’élevage en plein air. »
La Confédération paysanne ne se contente pas de hausser le ton. Elle propose des solutions en considérant que la réponse aux crises sanitaires ne doit pas consister à parquer les animaux dans des bâtiments et à abattre massivement les animaux sains. Ça, c’est justement l’absurdité dénoncée. « D’autres pistes existent pour éviter ce type d’épidémie: baisser la densité d’animaux élevés, réduire les transports d’animaux vivants, revoir la segmentation des filières, augmenter le revenu des exploitants et prévoir des prix rémunérateurs… ».
Soucieux de défendre leur territoire, leur mode d’élevage et leur savoir-faire ces exploitants déterminés se mobiliseront tant qu’il le faudra « pour que le plein air continue d’exister dans les fermes, sur les étals et dans les assiettes. »
Marie Piqué : « Notre mode d’élevage doit être revu »
Le soutien de certains politiques les conforte dans leurs convictions et leurs actions. Marie Piqué, vice-présidente de la Région en charge des solidarités était à leur côté mercredi : « Il est capital de mettre en œuvre rapidement une autre politique sanitaire pour ce type d’élevage, car ces exploitants vivent une crise importante. Notre mode d’élevage doit être revu. Il faut stopper les immenses élevages et surtout les transports qui les emmènent d’un côté à l’autre du pays. La question des revenus des paysans doit être aussi prise très au sérieux. Nous devons absolument privilégier une agriculture de proximité et de qualité. C’est important dans la crise que nous traversons. Manger correctement, cela agit sur la santé. Il faut donner aux paysans les moyens de vivre et de faire émerger de bons produits. Tout est lié dans cette problématique pour laquelle les paysans manifestent. Il faut que le gouvernement arrête d’asséner des coups de massue au monde rural » insiste l’élue régionale.
Une situation économique et sanitaire gavante et aggravante
Pierre Dufour (Confédération paysanne), reçu avec le Modef à la préfecture par la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) et les services sanitaires du Lot, enfonce le clou.
« Aujourd’hui on est en train de faire payer à l’élevage de plein air les conneries de l’élevage industriel qui n’a tiré aucune des leçons des crises précédentes. On nous fait abattre des animaux sains et on voudrait nous faire enfermer nos volailles alors que tous les foyers ont démarré dans des élevages en claustration. Nous ne serons pas les dindons de cette très mauvaise farce. » Mercredi soir, dans son exploitation lotoise à Saint-Cirq-Lapopie, il gavait ses canards tout en considérant que cette situation économique et sanitaire le « gavait grave » lui-même.
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La réduction effrénée des coûts conduit à l’industrialisation de la production et la spécialisation des activités.
Certains se concentrent sur la couvaison / éclosion, d’autres sur l’élevage et les derniers sur l’engraissement. Les distances parcourues sont énormes car la répartition des activités est faite au niveau européen voire mondial !
De grandes quantités à chaque étape et de nombreux transports. Durant ces transferts, les animaux sont entassés, stressés et souvent malmenés ! Tous les ingrédients sont réunis pour propager les maladies à l’échelle continentale.
Nous savons aujourd’hui que la grippe aviaire s’est propagée progressivement en suivant les voies ferrées reliant la Chine à l’Europe avant de nous envahir et de contaminer les oiseaux sauvages dont les migrateurs.
Pour donner une viande sans maladie notoire, les animaux ingurgiteront, à titre préventif, force médicaments voire antibiotiques …
Si le consommateur n’est pas en situation de discernement, la réglementation doit limiter fortement ces modes de production.
Notre santé comme celle des animaux d’élevage doit être portée au statut de commun inviolable. Du travail pour nos politiques !
Les éleveurs français vont devoir confiner leurs volailles, le risque relatif à la grippe aviaire passant à « élevé » en France métropolitaine en raison de la multiplication des cas dans les pays voisins, selon un arrêté publié vendredi au “Journal officiel”.
Ce relèvement du niveau de risque implique que tous les élevages de volailles enferment leurs animaux pour éviter les contacts avec les oiseaux migrateurs, potentiellement porteurs du virus d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), communément appelée grippe aviaire.