Huguette Tiegna soutient le Projet de cité de la mode de Souillac

A maintes reprises, y compris devant le président de la République Emmanuel Macron, Jean-Michel Sanfourche, le maire de Souillac, s’est inquiété de l’appauvrissement de la population, particulièrement en zone rurale dévitalisée sur le plan économique, tel que cela peut être le cas à Souillac. Aussi, le Projet de cité de la mode et des arts créatifs, quoique décrié par certains, se présente comme une aubaine pour l’ensemble des acteurs de l’économie ; que ce soit dans le domaine du tourisme, du commerce, de l’agriculture et de l’industrie. Mme Tiegna explique les enjeux de ce projet pour lequel elle s’est impliquée et dont elle suit l’avancement de près, considérant qu’il s’agit d’une stratégie de territoire, qui dépasse la ville de Souillac et intéresse tout le nord du Lot, en donnant un nouvel atout à l’attractivité du département tout entier.

« Une vision de territoire unique dans le Lot »

Quel regard portez-vous, sur le Projet de cité de la mode et des arts créatifs de Souillac, suscitant enthousiasme pour certains et des réserves pour d’autres ?

Huguette Tiegna : Tout d’abord, je souhaite rappeler que toutes les communes françaises sont soumises à une compétitivité territoriale. Je ne côtoie pas un élu qui ne se demande pas comment garder ses habitant(e)s et comment attirer de nouvelles populations. En ce sens, l’attractivité du territoire est travaillée par l’ensemble des communautés de communes, métropoles et conseils départementaux. La communauté de communes de CAUVALDOR, son président Gilles Liébus, ses élus communautaires et les équipes de CAUVALDOR Expansion ont donc réfléchi à une possibilité, parmi d’autres, de dynamiser notre ruralité au travers d’un projet tenant compte de ses ressources et la différenciant suffisamment des pôles urbains alentours pour attirer ces populations. Il s’agit, certes, d’un projet qui s’ancre sur la commune de Souillac, mais qui tend à rayonner sur l’ensemble du Nord du Lot. En l’occurrence, cette portion de notre département voit le tourisme nourrir tout un pan de son économie, et fait vivre de nombreuses familles autour de sites remarquables tels que Rocamadour, Saint-Céré, Padirac et Autoire. C’est tout l’enjeu de cette cité de la mode qui, en apportant une offre supplémentaire pour le tourisme local, doit valoriser notre patrimoine, nos artisans, notre formation et donc nos savoir-faire, en proposant aux locaux de nouveaux débouchés et des retombées économiques intéressantes.

Créer une Zone Franche de Revitalisation Rurale

En tant que parlementaire, quel peut être votre rôle dans la conduite de ce type de projet ?

Au même titre que les élus locaux, je représente un département à la ruralité multiple, dynamique et innovante. Depuis mon élection, en juin 2017, ma tâche est de préserver et renforcer la qualité de vie de ces territoires éloignés des grands pôles urbains. C’est ainsi que j’ai accompagné la mise en place des projets organisé par le Président de la République et le gouvernement dont le projet cœur de ville, territoire d’industrie et la police de sécurité du quotidien dont le Lot a bénéficié. Ainsi, j’ai accompagné et défendu ce projet auprès du Ministère de la Cohésion des Territoires, afin que l’État puisse évaluer cette démarche inédite pour un département tel que le nôtre et qui correspond à la ruralité conquérante que défend le Président de la République. J’ai pu ensuite, lors de la venue à Souillac du Président de la République, dans le cadre du Grand Débat National, le 18 janvier dernier, défendre, aux côtés d’élus lotois et ce, auprès des ministres de la Cohésion des Territoires et de l’Agriculture, des dossiers importants dont celui de la Cité de la mode. Par ailleurs, j’ai élaboré un amendement, issu d’un travail commun avec les services de CAUVALDOR, visant à prendre en compte la différenciation des territoires dits « hyper-ruraux », en créant des Zones Franches de Revitalisation Rurales. Ce travail issu du département a servi de base au projet de différenciation territoriale du gouvernement, ce qui permettrait un nouvel approfondissement de la décentralisation dans notre pays, au cœur du dispositif de loi de révision constitutionnelle.

A Souillac, un taux de chômage de 22% et un taux de pauvreté de près de 20%

Est-ce que vous comprenez que l’ampleur de ce projet puisse inquiéter certain(e)s Lotoi(e)s ?

Comme je le disais, le projet est unique dans le Lot et le facteur humain ne doit pas être mis de côté, ne serait-ce que pour l’intelligibilité de la démarche. Tout projet de territoire doit être issu d’un besoin local et se bâtir dans la consultation et la construction commune. Les élus locaux, les acteurs économiques, associatifs et citoyen(ne)s doivent être impliqués dans la dynamique impulsée. Et les travaux de la communauté de communes vont dans ce sens en réponse à des problématiques sociales fortes sur le Souillaguais, avec un taux de chômage de 22%, un taux de pauvreté de près de 20% et le besoin de ne pas subir la croissance mais bien d’en être à l’origine. Il arrive un moment où les luttes sociales, économiques, médicales, éducatives et environnementales convergent et nous ne pouvons nous dérober, comme d’autres le font, face aux défis que sont les nôtres.

A ce propos, en quoi ce projet répond-t ‘il à un besoin du territoire ?

L’activité de la cité de la mode et des arts créatifs doit, à mon sens, renforcer trois pôles prépondérants : tout d’abord, le pôle économique du centre-ville de Souillac avec notamment la création d’un centre international des jeunes créateurs, et j’estime que nous ne pouvons nous résoudre à laisser les métropoles absorber tous les profils créatifs, et la requalification de l’Abbaye Sainte-Marie pour symboliser l’appui sur l’histoire de la ville.

Deuxièmement, le pôle touristique doit, par le développement de son centre d’affaires, ses animations, ses boutiques, sa gastronomie et son architecture, proposer un circuit complet aux visiteurs. Le capacité hôtelière du Nord-ouest du Lot est la plus importante du département, il faut conforter le nombre de nuitées, voire l’allonger durant la saison hivernale, ce qui ne saura être possible sans un maintien de l’offre de transport aérien et ferroviaire.

Trois pôles : économique, touristique et de formation

Enfin, le pôle de formation et l’excellence dont elle fait l’objet dans le Lot, doit permettre à la jeunesse de trouver les clés de son épanouissement en ruralité au sein de filières porteuses et adaptées comme l’a récemment rappelé Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation. Pour ce faire, la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » que nous avons adoptée le 5 septembre 2018, doit permettre de renforcer nos socles éducatifs tels que le lycée hôtelier de Souillac et le lycée Louis Vicat.

Entretien réalisé par Jean-Claude Bonnemère, pour Actulot et La Vie Quercynoise