«Illectronisme» : près d’un Français sur 4 pas à l’aise avec le numérique

Alors que de plus en plus les démarches administratives s’effectuent sur internet, près de 11 millions de Français avouent ne pas ou plus savoir surfer sur internet.

Alors que plus de 90 % des Français sont équipés d’un accès à internet, 23 % d’entre eux (soit tout de même près de 11 millions de Français) souffriraient d’illectronisme : l’illettrisme du numérique.

Près d’un quart des Français serait donc fâché avec internet, rechignent à accomplir des tâches sur le net et notamment des démarches administratives. C’est ce que révèle une enquête CSA à l’initiative du syndicat de la presse sociale dont le président Philippe Marchal s’alarme d’une nouvelle fracture sociale, à l’heure où le gouvernement envisage des services publics totalement dématérialisés en 2022.

Alors qu’aujourd’hui il faut 2 minutes sur internet pour demander son permis de conduire, déclarer ses impôts ou même acheter un billet de train, un pan de la population se retrouve donc exclu de ces nouveaux usages, et selon l’enquête, le nombre des personnes fragiles numériquement augmente chaque année.

On imaginait le problème se cantonner aux personnes âgées, et même si elles sont plus nombreuses (58 %) mais il est plus vaste. Certains internautes ont les compétences nécessaires mais n’arrivent pas à engager une transaction numérique avec la CAF ou Pôle Emploi et avec de lourdes conséquences : certains renoncent à des aides ou n’arrivent pas à répondre à une offre d’emploi.

«Certains jeunes sans diplôme présents sur les réseaux sociaux n’arrivent pas à utiliser internet pour leurs démarches administratives», s’inquiète Jean Deydier, fondateur et dirigeant d’Emmanus Connect. Parmi eux, 42 % trouvent qu’utiliser internet est trop compliqué.

32 % «d’abandonnistes»

Alors il y a ceux qui ne vont jamais sur internet – ils ont les compétences mais se méfient du monde digital (perte de données personnelles…) et deviennent réfractaires – et puis ceux qui essayent mais n’y arrivent pas ou plus, dépassés par la technologie, l’architecture des sites.

Selon l’enquête, près d’un tiers des personnes interrogées (32 %) auraient ainsi été amenés à abandonner une recherche, une démarche sur internet, ce sont les «abandonnistes».

Si pour la majorité l’abandon concerne le plus souvent une démarche liée aux loisirs, ils sont 39 % à le faire lors de démarches administratives.

Et s’ils se sentent en situation «de décalage» avec leur entourage, familial surtout, si un sur deux veut «progresser», ils se retrouvent dans toutes les catégories de la population (aussi bien des hommes que des femmes, d’un milieu urbain autant que rural et surtout issu de toutes les tranches d’âge). Pour la moitié d’entre eux, ils ne veulent pas baisser les bras et trouvent un peu d’aide dans la famille mais elle n’est pas toujours suffisante.

Accompagner ces publics exclus ou fragilisés se révèlent donc urgent d’autant plus rappelle Philippe Marchal que demain même les scrutins électoraux seront dématérialisés et le fossé se creuse. «C’est un problème à la fois d’accompagnement, de sensibilisation et de prise de conscience.»


Les cyber-bases en Occitanie

Créé en 2002 par la Caisse des dépôts et consignations et l’ex conseil régional Midi-Pyrénées, le réseau régional des cyber-bases compte aujourd’hui 52 espaces cyber-bases portés par des collectivités ou des associations et répartis sur tout le territoire. Les usagers bénéficient des conseils et de l’assistance de 167 animateurs professionnels et de l’équipement de 760 postes informatiques dans la région. Ce réseau traduit la volonté de la Région d’offrir un lieu d’accès public à Internet de proximité à tous les Occitans mais aussi d’organiser un accompagnement aux nouveaux usages.


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Quercy-Bouriane

CC Cazals Salviac